Dans son Histoire des religions, Joseph Ratzinger déclare: « La chrétienté, depuis le discours de Paul à l’aréopage, et sans discontinuer, se dit « religio vera ».» La véritable religion est le culte du Créateur de tout ce qui existe, le « vrai Dieu ». » Au cours de l’Histoire du christianisme, de nombreux groupes ont prétendu être la vraie religion, et pourtant il leur manque quelque chose, ils sont trop simplistes, ou même dans l’erreur. Et ne peuvent donc se comparer à l’Église catholique. Parmi eux, l’Arianisme, la Gnose, et des centaines d’autres, ainsi que les petits arrangements personnels bâtis par certains pour se faciliter leur « catholicisme ».
Passant un cran, Ratzinger déclare que: « selon St. Augustin et la tradition biblique qui est pour lui le guide fondamental, la chrétienté n’est pas fondée sur des images mythiques et de vagues notions justifiées par leur utilité politique.» Les mythes et la politiques ont de tout temps été à la base de nombreuses religions, y-compris des « chrétientés » citées ci-dessus.
Un exemple: Adolf Hitler parlait souvent de chrétienté. Le titre de cet article est tiré d’une déclaration écrasante de sa part: « Le nazisme repose sur une authentique chrétienté.» Michael Lackey conteste dans « The Modernist God-State » (L’État-Dieu moderniste) que le nazisme se soit développé à partir du sécularisme (paix à l’analyse de Charles Taylor) mais d’une « variante spéciale du christianisme permettant l’émergence de Hitler et du nazisme ».L’analyse des discours de Hitler sur cette thèse ne pourra entrer dans notre propos.
Mais au cours des années 1930, pour des motifs politiques et afin de mieux asseoir certains mythes préfabriqués, la clique au service de Hitler mit au point une chrétienté selon laquelle Jésus était aryen; il s’est révélé dans l’État nazi, et l’Ancien Testament est donc nécessairement rejeté, etc … Cette « Chrétienté positive », comme on l’appela alors, était le fourre-tout de notions utilisables.
On peut voir jaillir les éléments mythiques — l’aryanisme, l’application aux juifs du « matérialisme » par Kant, etc … De plus, Hitler considérait le christianisme comme la base fondamentale de la morale et du code moral de la nation. Il y avait donc ainsi un nouvel appât avec une église nationale chrétienne où s’installerait aisément la masse populaire allemande et d’où les dissidents seraient simplement exclus.
L’histoire de la chrétienté n’est souvent que l’histoire des différentes manipulations du christianisme au cours des âges, selon les mythes à la mode ou les nécessités politiques, plus ou moins éloignés de la chrétienté selon la tradition de l’Église.
L’Église du Christ, malgré les divisions entre chrétiens, ne continue à exister pleinement que par l’Église catholique. Le problème de la chrétienté est qu’elle est issue d’un Homme qui est également Dieu, Jésus-Christ. Elle est donc incontestablement un ensemble vivant. Tout est dans tout ..
Cessez de voir dans le Christ la lumière du monde, et vous n’aurez plus de Christ du tout, mais quelqu’un — une invention de l’homme. Il ne sera plus alors la pleine signification du monde. Ou bien, changez l’anthropologie — à l’exemple de Locke ou de Kant — et vous n’aurez plus de chrétienté. Niez le péché, vous aurez le même problème. Pire encore, traitez la chrétienté par l’éclectisme, elle pourra alors devenir religion d’état du Troisième Reich. Le catholicisme de gauche brandit ses propres menaces sans même disposer d’une armée.
La tradition vivante de l’Église comporte tout ce qui porte à la sainteté de la vie et fait grandir la foi du peuple de Dieu; ainsi donc, l’Église — par son enseignement, sa vie, son culte — perpétue et transmet à toutes les générations tout ce qu’elle est et tout ce qu’elle croit. (Vatican II). C’est la tradition vivante car elle porte son enseignement, sa vie et son culte, expression de la vie du seul Jesus-Christ présent et agissant.
Mais ce que sont les « chrétiens » éclectistes, nul ne l’exprime mieux que St. Irénée:
« Leur façon de faire est comme celle de quelqu’un qui, une magnifique statue d’un roi ayant été faite de pierres précieuses par un artiste talentueux, la démonterait pour faire avec les gemmes une statuette de chien ou de renard, avec un talent médiocre; il pourrait prétendre et soutenir que c’était la magnifique représentation du roi exécutée par l’habile artiste, montrant les pierres précieuses précédemment assemblées par le premier artiste pour représenter le roi mais rabaissées par ce dernier à la forme d’un chien. En exposant ce tas de joyaux il tromperait ceux qui ignoraient comment était le roi et les persuaderait que cette lamentable représentation de renard était en fait la merveilleuse représentation du roi. De la même manière ces gens assemblent les contes des vieilles personnes et tentent, en les privant de leur contexte, de leurs expressions et de leurs paraboles, d’adapter les oracles divins à leurs élucubrations infondées.»
Ces mots d’Irénée datent du deuxième siècle. L’éclectisme était alors déjà bien vivant. Il y a des choses qui ne changeront jamais.
Icône : St. Irénée
Source : http://www.thecatholicthing.org/columns/2013/the-ground-of-a-real-christianity.html
NDT: i ou y ? Risque de confusion: arianisme, théorie d’Arius relative à la Sainte Trinité – aryanisme, théorie de la race aryenne « pure » selon les nazis.