Après le drame Clément Méric sur le parvis de Saint-Louis-d'Antin - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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Après le drame Clément Méric sur le parvis de Saint-Louis-d’Antin

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Quelques jours après le drame qui s’est produit à Paris, il est permis de réfléchir encore sur le sens de cet événement douloureux. Je relève que le jeune Clément Méric est mort sur le parvis de l’église Saint-Louis-d’Antin. Curieusement, personne, à ma connaissance, ne l’a noté alors que les images de la scène du drame ne cessaient de revenir sur les écrans de télévision. Je me permets d’y insister un instant, car la symbolique est significative. Saint-Louis-d’Antin est un lieu de paix, de réconciliation, d’accueil des détresses qui se confient à « la douce pitié de Dieu ». Pardon de revenir encore à cette formule bernanosienne, mais Georges Bernanos est né à cent mètres de là ! Donc un jeune homme est mort, suite à un affrontement entre deux groupes de jeunes gens. Bien sûr, il y a tout un contexte politique dont il faut tenir compte et qui donne lieu à une puissante orchestration. Mais le fait élémentaire, c’est d’abord une bagarre qui relève d’un phénomène de bandes qui s’affrontent, comme cela se passe trop souvent dans certains quartiers.

Je n’oublie pas l’engagement politique de Clément Méric, étudiant à Sciences Po, qui avait des convictions et pensait les défendre et les illustrer par l’affrontement direct avec ceux qu’il considérait comme des adversaires irréductibles, tenants d’une idéologie redoutable. Cela n’empêche pas que ce qui s’est passé sur le parvis de Saint-Louis-d’Antin relève d’une enquête de police et de justice, qui doit prendre ses distances avec la couleur idéologique des uns et des autres. Que s’est-il passé exactement ? Comment Clément a-t-il été mortellement frappé ? Y a-t-il eu intention homicide et préméditation ? Si l’on se concentre sur la seule orchestration idéologique, l’enquête se brouille, la scène précise du drame s’estompe.

C’est bien là le danger de ce qu’on appelle justement amalgame ou récupération. Je ne suis pas sûr que le ministre de l’Intérieur échappe à la tentation lorsqu’il désigne unilatéralement un discours de haine alors qu’il sait très bien que ce n’est pas exact et que l’appel à la violence est venu aussi du côté qui se définit volontiers comme progressiste. C’est pourquoi devant la mort de ce jeune homme, il y a d’abord lieu de faire silence, de s’incliner devant la douleur des siens, de faire en sorte qu’un climat de paix s’instaure dans notre pays, qu’une justice sereine soit rendue et qu’un véritable dialogue civique permette de distinguer les exigences du bien commun et du respect de la dignité des personnes.

Chronique lue sur radio Notre-Dame le 10 juin 2013.