Revivifier la démocratie ? - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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Revivifier la démocratie ?

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Il y a pas mal d’amertume dans l’air aujourd’hui, et la plupart des commentateurs pourraient se référer à l’exemple de l’historien François Furet, dont le biographe récent1, Christophe Prochasson, nous dépeint le caractère et le destin à l’aune de la mélancolie. Il est vrai que Furet fut le critique le plus mordant de l’illusion communiste, après qu’il l’ait partagée dans ses jeunes années. Il avait aussi mis à mal l’idée que la Révolution française correspondait à une sorte de projet inabouti que l’on pourrait reprendre un jour, lorsque tous les obstacles auraient été enfin levés. Car l’utopie avait un prix, c’était l’emballement de la Terreur.

Jean-Luc Mélenchon, avec la verve littéraire et populaire qu’il a encore déployée dimanche après-midi, serait-il un des seuls à contredire l’universelle mélancolie ? Mais beaucoup doutent qu’il soit capable d’assumer le pouvoir, autrement qu’en honnête gestionnaire du système. Et de rappeler qu’il fut un commis très régulier du gouvernement Jospin, avant de rompre les amarres avec le Parti socialiste. Il est assez intéressant de constater que Le Figaro, journal de droite, accorde beaucoup plus d’importance à son rassemblement de la Bastille, que Le Monde, journal de gauche. Manque de foi, défaut de crédibilité ? En revanche le même Monde donne la parole à deux intellectuels notables, le philosophe Jacques Rancière et l’historien Pierre Rosanvallon, invités à donner leurs suggestions sur le thème « Comment revivifier la démocratie ? »

Deux pages de journal ne peuvent, d’évidence, venir à bout d’une si sérieuse affaire. D’ailleurs les deux interlocuteurs ne se facilitent pas la tâche en portant toute leur force critique et polémique sur la classe politique actuelle, qu’ils trouvent trop professionnalisée. Très bien, mais il me paraît problématique de trouver si aisément une alternative à cette classe politique, qui a au moins le mérite de se passionner pour ce qu’elle fait, en y vouant toutes ses énergies. Le problème serait de découvrir de nouveaux gisements de dévouement à la chose publique. J’en vois au moins un qui s’est révélé ces derniers mois. Mais il est sans doute encore hors-champ pour nos intellectuels, qui seraient peut-être surpris ou horrifiés de ce surgissement inattendu, étranger à leurs catégories.

Chronique lue sur radio Notre-Dame le 7 mai 2013.

  1. Christophe Prochasson, François Furet,les chemins de la mélancolie, Stock.