Attentat de Boston : la question du mal. - France Catholique
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La justice de Dieu
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Attentat de Boston : la question du mal.

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Les déistes soutiennent souvent l’idée que Dieu permet les malheurs qui frappent le monde en vue d’un plus grand bien. Mais quand on leur demande d’expliquer quel bien on peut tirer de la peine et des souffrances dues à un horrible tremblement de terre ou — comme on vient de vivre à Boston — un attentat terroriste, ils sont souvent à court.

C’est, semble-t-il, une objection majeure à l’encontre de Dieu, amenant bien des gens à douter de l’amour de Dieu pour nous, sinon de Son existence. Les objections essentielles s’appuient sur la soudaineté et l’ampleur du malheur manifeste.

Et pourtant, à bien réfléchir, les grandes ou soudaines catastrophes ne sont pas vaines, comme on pourrait le croire, et ne sont nullement des preuves de non-existence d’un Dieu qui nous aime et permet que survienne un malheur en vue d’un bien à venir.

On ne peut mesurer l’amour que dans la souffrance et le sacrifice. Ceux qui refusent la souffrance ou le sacrifice pour leur bien-aimé n’ont pas un amour profond — à dire vrai, ce n’est pas de l’amour. La force de l’amour se mesure à l’aune du sacrifice et de la souffrance.

La Passion et la crucifixion de Jésus montrent Son immense amour pour nous. Il n’est donc pas étonnant que Dieu attende de nous des signes d’amour, comme le premier grand commandement nous invite à aimer Dieu de tout notre cœur et de toutes nos forces. Voici de quoi nous faire accepter l’idée que souffrance et/ou sacrifice puissent s’inscrire dans notre avenir.
L’idée d’un Dieu plaçant des croix ou des chemins de souffrance pour notre bien est tout-à-fait répandue dans l’Église. Les gens vivant dans un confort luxueux ont un caractère faible, car n’ayant jamais été soumis à des défis ou des épreuves. Un peu comme des athlètes n’ayant jamais participé à de vraies compétitions. Ils ne cultivent pas leurs talents. La force de caractère, comme on le constate au fil du temps, s’acquiert et se développe face aux difficultés.

Quelques effets de la souffrance:

1. La souffrance nous isole du monde; elle améliore le « rapport signal/bruit » du message de Dieu. Dieu nous parle d’une voix douce que le vacarme du monde peut étouffer. La souffrance met notre attention en éveil.

2. La souffrance peut induire des difficultés économiques, physiques, mentales ou spirituelles, ou une combinaison de ces facteurs. Et ces difficultés peuvent nous faire changer d’attitude sur nos véritables besoins.

3. La souffrance peut changer radicalement la nature de nos relations avec autrui, et notre propre vision de nous-mêmes, nous réévaluant à la hausse ou à la baisse.

Les effets de la souffrance nous seront bénéfiques ou nuisibles à terme, selon notre comportement, notre force de caractère, notre sens des valeurs. L’idée que Dieu confectionne ou permette une « croix personnelle » pour chacun d’entre nous semble raisonnable, ou même peut-être inévitable. Imaginons un entraineur s’efforçant de développer les talents d’un athlète.
Pour certains, les croix individuelles ont besoin de temps pour produire leurs effets. Que penser alors du séisme ou de l’attentat à la bombe, où la mort peut être soudaine? En fait, soudaine et inattendue, la mort n’est guère différente d’une autre forme de mort, de maladie, de vieillesse ou des suites d’un accident de la route.

Pour un chrétien la mort est une porte vers l’autre vie. Même les païens de l’Antiquité le comprenaient, la porte est toujours ouverte, et il est bon de se rappeler cette vérité. Le tragique se trouve dans la peine des survivants qui n’ont pas eu le temps de se préparer. Pourtant, la souffrance soudaine ne saurait contredire l’idée d’un « Dieu de bonté ».

Quand survient une grande calamité le nombre des survivants semble être une objection essentielle opposée à Dieu. Cependant, le nombre de victimes de simples accidents en une semaine dépasse parfois largement le nombre de victimes d’un séisme ou d’un attentat terroriste.

Suite à un tremblement de terre ou un attentat à la bombe les survivants éprouveront des dégâts soudains, matériels, personnels, physiques ou mentaux. Ce qui fait brutalement porter des croix. Mais même si la peine s’abat instantanément sur nous, l’idée qu’elle était prévue, au moins permise, par Dieu n’est pas déraisonnable, et ceci pour de multiples raisons.
Il faut aussi retenir qu’un attentat terroriste est un acte accompli volontairement. Le terroriste peut bien adhérer à un système qui approuve de tels actes, c’est pourtant un acte délibéré. Cette idée de liberté est caractéristique de l’homme, c’est un don fondamental de Dieu.

Le sacrifice est un acte volontaire, il peut être associé à la souffrance. Ce peut être l’effort malgré de grandes difficultés pour accomplir de bonnes œuvres. Ce peut être l’acceptation de petits énervements ou la soumission à des maux inévitables pour montrer son amour pour Dieu. Ce n’est certes pas facile, mais une saine attitude peut atténuer la peine — parfois à un degré considérable.

En définitive, nous pouvons être confrontés à ce que Saint Paul et Saint Augustin ont appelé « mysterium iniquitatis », le mystère du mal. Tout comme le mystère du bien, nous sommes incapables d’expliquer des réalités aussi insondables. Mais nous pouvons vaguement distinguer comment ils pourraient s’insérer dans le bon « plan de Dieu ».

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Curt Lampkin vient de rejoindre l’équipe de Catholic Thing. C’est un physicien à la retraite habitant au Texas.


Source : http://www.thecatholicthing.org/columns/2013/the-boston-bombings-and-the-problem-of-evil.html