Difficile pour moi de quitter ce sujet : plusieurs fois cette nuit réveillé par la marée montante des questions et des réponses : je me formulais des réponses admirables, totalement oubliées en me levant pour aller mettre le café en route. Et tout au long du jour une colère sourde et virulente a bouillonné en moi. Aussi vibrante que lorsqu’à mes vingt ans je manifestais pour des causes qui me tenaient à cœur, manquant parfois de peu de recevoir un coup de matraque sur les Champs Élysées (mais je courrais vite à l’époque, à 4’’ du record de France du 400 mètres, ce qui me valu, en 1961, un triomphe absurde à Saumur lors d’un « championnat » entre pelotons…)
Oui, dérive de la pensée, un peu folle tant les dangers perçus semblent à la fois inévitables en même temps qu’irréels : et j’ai fini par perdre de vue ce que je voulais dire dès avant-hier, au début de cette réflexion sur la moralisation du politique… Je me sers de l’article d’Yvan Rioufol pour me remettre en route, sachant que je n’en ai pas fini avec nos seigneurs Hollande, Ayrault et Peillon.
Il note que l’affolement actuel est dû à « une pratique politique hautaine, une indifférence portée à la vie des gens, un sentiment général d’impunité des élites qui sont sanctionnés par les Français excédés. Le gouvernement, proche du KO, brasse de l’air pour dire vouloir imposer la morale en politique. » Et ajoute en conclusion : « Le problème à résoudre n’est pas seulement celui du rapport des élus avec le monde de l’argent, les paradis fiscaux ou les ports francs prisés par les collectionneurs d’œuvres d’art. La morale politique consiste aussi, plus simplement, à ne pas mentir, ne pas désinformer, ne pas volontairement tromper le peuple en permanence. »
En fait, nous les avons trop vus. Ils nous sortent littéralement des yeux, nous n’en pouvons plus de les rencontrer à tous les détours de nos télécrans, d’entendre leur voix répétant mille fois les mêmes promesses jamais tenues, ou susurrant des projets aux connotations absurdes et inutiles, parfois délirants, parfois obscènes, alors que le bateau est en train de couler.
Cela fait longtemps que je crois indispensable de briser le carriérisme tel qu’il est pratiqué depuis des lustres : vingt ans, parfois vingt-cinq, à la tête d’une mairie, petit royaume qui finit quelquefois par être héréditaire… Députation renouvelée trois, quatre, même cinq fois, autre royaume devenu propriété exclusive… Et l’étonnant c’est que tout est resté en l’état, rien n’a bougé, n’a été rendu supportable, comme si les postes à pourvoir ne devait revenir qu’à la caste des énarques ou des Grandes Écoles…
Il faut que les candidats aux fonctions d’état prennent conscience qu’il n’y a pas en ce domaine de « droit divin » qui leur soit réservé de toute éternité, en laquelle d’ailleurs ne croient pas la plupart d’entre eux.
Occuper un siège à l’Assemblée nationale ou au Palais du Luxembourg, ça se mérite. Pas plus le Château n’est destiné à tel qui en aura rêvé lors de son passage à l’ENA… Cette dévolution ne peut être automatique : elle ne devrait en tout cas pas l’être. Toute attribution par le vote d’une fonction locale ou régionale ou nationale ne devrait que tenir compte du seul intérêt des citoyens. Mais la plupart des citoyens sont ignorants de la politique et ne réagissent qu’en fonction des moyens dont disposent les candidats pour se faire connaître.
La durée des mandats joue un rôle dans l’apparition de l’immoralisme politique. Elle ne devrait n’être que de sept ans et sans réélection : qui serait peut-être acceptable seulement après deux mandatures assumées par d’autres… Le temps d’oublier que l’on avait été tout-puissant et de remettre les neurones à zéro. De retrouver l’inspiration…
Faut-il inventer un diplôme de député ? L’énarque n’est diplômé qu’en matière d’administration, du moins le nom de l’école le laisse-t-il penser. L’on a assez constaté le résultat avec cette École, véritable pouponnière de cumulards en herbe, de despotes de salon, pour soutenir l’idée même d’une nouvelle institution de formation d’élites dont les actuelles ne brillent pas par leur performance en matière de gouvernement, même s’il convient de préciser que dans leur majorité nos politiques ne peuvent être taxés d’immoralité !
Ce qui est exigé c’est la compétence, oui ! Et le dévouement, et la clairvoyance : donc posséder des connaissances politiques dégagées des poncifs marxistes ou états-uniens… L’inventivité aussi est nécessaire en même temps que la logique économique, l’esprit non branché sur les modes stérilisantes et conformistes… Exigé encore le respect envers les êtres humains en tant que personnes uniques, et même l’amour, puisque sans amour toutes les autres qualités deviennent vaines… Seule une riche expérience humaine, une pratique diversifiée des responsabilités en entreprise, au sein d’associations vraiment impliquées dans la vie sociétale telles celles qui regroupent des parents d’enfants scolarisés, qui viennent au secours des invalides et des malades, qui cherchent et découvrent les solutions aux problèmes économiques, culturels (mais en dehors de toute idéologie partisane), également au sein de sa propre famille, seule cette expérience omnidirectionnelle peut permettre de justifier une candidature à des sièges de représentation locale ou nationale, à des postes de responsabilité directe de niveau gouvernementale. Chez nos élus, cette compétence est rare, même si je dois reconnaître parmi eux des intelligences doublées d’un haut charisme susceptibles de s’adapter rapidement à des situations complexes.
Finies alors les magouilles pour être réélus : l’esprit de l’élu serait naturellement occupé entièrement par le travail à faire, qui serait validé par, outre un salaire convenable mais non excessif, une prime de reconnaissance à la fin du mandat unique pour l’excellence de la besogne accomplie, si toutefois il y a bien eu excellence… Avec une précaution : l’assurance que donne la loi de retrouver son emploi après avoir servi son pays, celui-ci ayant été mis entre parenthèses pendant la durée de ce service, que l’on provienne du public ou du privé.
Sur ces sujets les objections peuvent être nombreuses : y aurait-il un quelconque intérêt à se séparer si rapidement d’une personnalité politique extraordinairement compétente, par exemple an matière de politique étrangère ? Mais l’Europe accapare peu à peu tout ce qui constitue l’indépendance de notre pays : qu’est-ce que nous pouvons croire être de notre compétence ? Ce qui concerne l’avortement est dicté par la CEDH… sans qu’il soit possible de s’opposer à elle. Elle peut obliger un pays à changer tel ou tel point de sa constitution ! Elle forme un état dans chaque état ! Sa toute puissance n’a été contestée par personne, alors qu’elle n’a aucune légitimité ! C’est une fourmilière dans laquelle il convient de donner un coup de pied. Mais qui osera avoir l’audace de commencer le détricotage de tout ce qui est autoritaire, totalitaire et despotique au sein du monstre Europe parmi ces familles politiques qui toutes, sauf trois, ont accepté le dépècement de la France ? Ici, nous touchons à ce que l’immoralité actuelle du pouvoir politique en France atteint d’extrême. Le citoyen français ignore tout ou presque de cette monstruosité, de l’ordre de l’impensable et de l’intolérable : et pourtant nos vertueux immoralistes sont à genoux devant cette suprême idole !
Quand irons-nous, à deux trois millions de manifestants, dire son fait à cette Europe dont on sait que notre peuple ne veut pas et de déclencher ainsi le réflexe salvateur d’une véritable libération : car l’Europe d’aujourd’hui est à détruire en vue d’élever la nouvelle, celle véritablement de peuples libres mais capables de travailler ensemble. Un ami avait lancé, mais sans en avoir hélas les moyens financier, le concept d’Europe de l’Esprit. Existe également celui d’Europe des coopérations…
Post-scriptum 1 :
J’avais noté sur un bout de papier quelques idées un peu courtes mais peut-être sensées, même si j’en doute, sur le mariage : tout ce qu’on a cherché à faciliter dans le domaine des mœurs, il faudrait tendre au contraire à en faire une sorte de parcours du combattant : par exemple, en ne mariant que les couples qui auraient suivi une formation spécifique et accepté l’obligation de rester ensemble au moins cinq ans pour bénéficier des avantages liés à ce type d’union… Autre exemple : divorce plus compliqué à obtenir, en lui associant une durée probatoire d’une durée suffisante pour permettre aux mariés de se rendre compte si les difficultés rencontrées sont ou non surmontables.
Utopie bien entendu, l’époque tend au moindre effort jusqu’à fabriquer à la chaîne des invertébrés.
Post-scriptum 2 :
Je me redis souvent, car je me parle à moi-même quand je suis seul, disant les questions et les réponses, que « rien n’est irréversible ». Je l’ai déjà écrit dans une note d’il ya peut-être un mois ou davantage… Ce que l’un détruit, un autre le reconstruira. Le principe essentiel du mariage de toujours, qui sera aboli par une clique d’illuminés qui se croient toujours en 1793 en train de forniquer avec la mort, seront demain ou après-demain renvoyés à leur loufoqueries malsaines.
C’est ici pour moi l’occasion de noter ce que j’aimerais dire aux candidats des partis de droite et du centre : si vous ne jurez pas que vous détricoterez sans faiblesse la loi Hollande sur le mariage pour tous, et l’autre loi Hollande sur la recherche à partir des cellules embryonnaires, vous perdrez illico ma voix ! Elle seule ? Je ne le crois pas.