Nouveaux textes, vieilles menteries - France Catholique
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La justice de Dieu
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Nouveaux textes, vieilles menteries

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Retour en fin de semaine dernière après une réunion avec un groupe « pro-vie » de Saint Paul [Minnesota], une série de conférences marquant le quarantième anniversaire de la sentence « Roe / Wade » [NDT: sentence de la Cour Suprême légalisant de fait l’avortement aux USA.] . Mais, comme chaque fois, il me tombe dessus une mauvaise nouvelle.

À mon arrivée à Milwaukee vendredi j’apprends qu’un juge fédéral de New York ordonne au Service « FDA »1 d’autoriser la vente de certaines pilules sans ordonnance à des jeunes filles de moins de 17 ans. Le « Wall Street Journal », après d’autres journaux, signale que ce sont des pilules contraceptives. Mais la Cour précise que ces pilules sont des « contraceptifs d’urgence », euphémisme révélateur d’une belle tromperie.

La pilule en question est le « levonorgestrel », hormone de synthèse destinée à « assurer un contrôle pré-fertilisation . . . empêchant l’ovulation ». Ce médicament « ne permettrait pas la post-fertilisation ». Traduction: il interdit à un ovule fertilisé (zygote) de s’implanter. En d’autres termes, c’est un abortif, et non un simple contraceptif.

Feu Bernard Nathanson soutenait que le zygote n’avait aucune raison d’être protégé avant de s’implanter dans la paroi utérine et de « signaler alors sa présence ». Mais pour nous autres le zygote pourrait dire: « il vient de m’arriver un drole de truc sur mon chemin vers la paroi utérine!» Le zygote est bien là, avec son programme génétique identifiant un être humain particulier. Le lieu où il peut s’épanouir est une autre affaire.

Le juge fédéral Edward Korman était candide, reconnaissant qu’une éventuelle action abortive de cette pilule « n’était pas à exclure ». Mais, abortif ou contraceptif, ce que le juge considérait comme non seulement sensé mais constitutionnellement irréfutable, n’était-ce pas la possibilité de se procurer cette pilule pour des gamines de 11 ou 12 ans sans l’avis des parents ou le contrôle d’un adulte ?

L’information parue vendredi peut être choquante, mais le Juge Korman s’acharne sur le sujet depuis 2009. Alors que la sentence est toute récente, l’hypocrisie qui anime la passion du juge ne l’est pas.

En 2009 il s’était heurté au Service « FDA » que l’administration Bush avait contraint à interdire la vente sans ordonnance de médicaments contraceptifs et abortifs à des adolescents. Dans l’esprit du Juge Korman il était apparemment inconcevable que des considérations morales influent autant adultes qu’adolescents quant à l’usage de produits tels qu’autos, appareils divers, ou contraceptifs, ou produits abortifs.

Que des considérations morales sur la suppression de la vie, ou sur les actes de jeunes susceptibles d’engendrer la vie puissent être envisagées ne semble pas avoir effleuré l’esprit du Juge Korman. Ces considérations morales n’étaient citées que comme de vulgaires objections politiciennes, comme si des considérations politiques n’avaient rien à voir avec la distinction entre bien et mal.

Pour le Juge Korman les limites imposées par l’Administration (Bush et Obama) n’étaient que le résultat de pressions politiques interférant avec l’action d’une Agence qui s’appuyait sur des « bases scientifiques ». On a déjà vu çà : la « science » n’aurait pas à connaître de limites d’ordre moral.
De ce point de vue, l’adolescent est considéré comme un simple système guidé par des hormones, et non comme un jeune individu sensible aux règles de la morale et aux codes du comportement. Le problème est donc de retenir les jeunes de faire des enfants — que cette intention dépende de la « science » n’a certes pas besoin d’explication.

Le jeu du Juge Korman donnait l’illusion théâtrale de l’Administration Obama jouant à une politique pour grandes personnes. Apportant son soutien à sa Secrétaire d’État aux affaires de santé, M. Obama pensait qu’on ne pouvait raisonnablement imaginer qu’une gamine de 10-11 ans allant acheter des bonbons ou des piles aurait aussi le droit d’acheter un « médicament » aux effets « à risque ».

Mais à quels effets pensait-il? Pas à un avortement commis par un enfant, car il était décidé à défendre une telle éventualité pour un adolescent sans le consentement de ses parents. Mme Kathleen Sebelius, ministre de la santé, propose son interprétation:

« il y a des différences de compréhension et de comportement entre les grandes adolescentes et les fillettes déjà formées, ce qui, à mon avis, explique ce choix de disponibilité sans ordonnance pour tous les âges.»

« Compréhension » ? Une fille de moins de 17 ans incapable de faire le choix, y en a-t-il? Des études ont bien montré qu’avant l’âge de 17 ans les filles étaient capables de lire les étiquettes de ces médicaments et d’en suivre le mode d’emploi. Le mot « compréhension » inclut-il les tenants et aboutissants moraux? Concerne-t-il le genre de chose que la loi vise, étrangement, quand elle fixe l’âge minimal pour se marier ou établir un contrat ?

Mais l’Administration Obama n’accorde pas plus de place que le Juge Korman à ces considérations morales. Ainsi donc, les écartant comme un bruit de fond politique, le juge pouvait conclure en toute indépendance que l’administration était « arbitraire, capricieuse et déraisonnable » en interdisant la vente sans ordonnance de ces médicaments « à toute personne de sexe féminin en âge de procréer » — quel qu’en soit l’âge.

Le Juge Korman, qui avait été nommé sous Reagan, fait preuve d’une profondeur philosophique qui, de nos jours, et même chez des juges anciens, passe pour une grande sagesse.


http://www.thecatholicthing.org/columns/2013/new-orders-old-fallacies.html

  1. NDT: Food and Drug Administration, organisme fédéral contrôlant produits alimentaires et médicamenteux