Du 9 au 15 février 2013 l’Ordre Souverain Militaire de Saint Jean de Jérusalem, Rhodes et Malte célèbre son neuf-centième anniversaire.
Généralement connu sous le nom d’Ordre de Malte, c’est le plus ancien Ordre de Chevalerie du monde, et le quatrième en ancienneté des ordres religieux de l’Église.
Cette célébration rappelle la publication par le Pape Pascal II de la bulle papale « Pie postulatio voluntatis » approuvant la fondation de l’hôpital Saint Jean à Jérusalem. La bulle fit que les dirigeants de l’hôpital devinrent membres laïcs d’un ordre religieux.
De nos jours, l’Ordre de Malte fonctionne en tant qu’ordre religieux, ordre de chevalerie, et organisme souverain soumis aux règles internationales. Il exerce deux missions: l’assistance aux malades et aux pauvres, et la défense de la foi.
Au cours de l’Histoire, la foi fut défendue les armes à la main. En 1565 les Chevaliers de l’Ordre défirent une armée d’invasion de Sarrasins bénéficiant de la supériorité numérique lors du grand siège de Malte. Leur victoire écarta la menace imminente d’une invasion de la Sicile et, peut-être pire, de la Ville Éternelle elle-même.
Six ans plus tard, à la bataille de Lépante, les membres de L’Ordre contribuèrent avec trois galères à la flotte des forces coalisées sous le nom de « Sainte Ligue ». Malgré la domination numérique des forces Turques naviguant en formation menaçante de croissant, une saute de vent changea les conditions et facilita grandement la manœuvre aboutissant à la victoire des forces Chrétiennes.
Le pape Pie V attribua la victoire à l’intercession de Notre-Dame à qui des royaumes chrétiens offraient des rosaires, implorant sa protection maternelle. C’est en souvenir de cet évènement que fut instituée la fête de Notre-Dame du Rosaire et lui fut donné le titre de « Notre-Dame des Victoires ».
L’Ordre entretient des relations diplomatiques avec 104 pays, et a une représentation aux Nations-Unies et auprès de l’Union Européenne. Il compte 13.500 membres et 80.000 bénévoles permanents. Il est particulièrement actif en aide médicale auprès des victimes des conflits armés et des catastrophes naturelles.
Il gère des hôpitaux en Allemagne, en France, en Angleterre et en Italie, et une maternité à Bethléem. Il finance des dispensaires au Bénin, au Burkina-Fasso, au Cameroun, à Madagascar, au Togo, et au Liban. L’Ordre a créé des léproseries au Sénégal et au Cambodge, et des programmes de lutte contre le SIDA sont en cours en Afrique et en Amérique Centrale, ainsi que des établissements spécialisés pour les mères séro-positives et leurs bébés en Afrique du Sud et aux Philippines.
Dans les pays évolués les soins palliatifs sont devenus pour l’Ordre un sujet de préoccupation. Les Catholiques en fin de vie ne veulent pas, on le comprend, mourir dans un hopital exclusivement matériel. Ils souhaitent disposer de chapelles et non de chambres affectées à la prière, de crucifix et non de bougies parfumées, d’aumôniers pouvant leur administrer les Sacrements et non de travailleurs sociaux diplômés en soutien moral.
Les juristes et professionnels de la santé membres de l’Ordre sont montés au front pour défendre l’éthique Chrétienne dans les établissements de soins contre l’idéologie de la culture de mort.
L’Ordre a également financé un Fond Global pour les « laissés pour compte ». Malades privés de soins, enfants dont les parents sont en prison, enfants handicapés de naissance, mères et enfants abandonnés sans soins.
L’Ordre gère des soupes populaires à Madrid et à Saint Petersbourg et a amarré sur la Seine à Paris deux péniches-dortoirs pour hommes sans abri — et leurs chiens. Pour beaucoup de sans-abri le chien est le meilleur ami dont il ne faut pas les séparer pour la nuit. Les membres français de l’Ordre sont assez fiers d’avoir complété l’accueil par celui des chiens.
Et donc, alors que les membres de l’Ordre de Malte célèbrent cette semaine les 900 ans au service du monde, on peut réfléchir à cet immense besoin de chevalerie.
En langage commun, le mot de chevalerie est fréquemment associé au comportement d’un homme cédant sa place à une femme dans un train bondé, ou aidant une personne agée et fragile à traverser la rue en plein trafic. Mais, à la base, la chevalerie concerne des gens assez robustes mettant au services des autres les dons qu’ils ont reçus de la nature ou de leur éducation. C’est tout l’opposé du principe de survie des individus les plus aptes qui domine le comportement des primates inférieurs.
Les féministes sont hostiles à l’idée de chevalerie car ils n’aiment pas qu’on traite les femmes de « sexe faible », même si la faiblesse signifie « moins apte à dégager un arbre tombé sur la route ou à remplacer une roue à plat » — rien à voir avec le niveau intellectuel. De même, les idéologues de gauche n’aiment pas la chevalerie, qui sous-entend qu’il y a dans la société des individus plus forts et plus doués que d’autres. La simple idée qu’ils puissent exister signifierait l’échec de l’utopie d’un siècle de lutte pour abolir les classes.
À l’inverse, la notion chrétienne de chevalerie soutient en même temps talents et capacités quand ils sont mis d’abord au service de ceux qui, en ayant moins, en ont le plus besoin.
Il se pourrait qu’insister sur l’esprit chevaleresque pendant le parcours scolaire fasse disparaître un certain nombre de maux sociaux tels que le féminisme, le chauvinisme, le stupide égalitarisme et l’idée que le service des malades et des pauvres et la défense de la foi seraient mieux assurés par une bureaucratie que par des humains.
Serait-ce un paradoxe? La défense de la foi au vingt-et-unième siècle impliquera aussi la défense de cette fort ancienne valeur qu’est la chevalerie.
Source : http://www.thecatholicthing.org/columns/2013/nine-centuries-of-chivalry.html
Tracey Rowland, nouvelle collaboratrice de The Catholic Thing est membre dirigeant permanent de l’Institut Jean-Paul II pour le Mariage et la Famille à Melbourne (Australie).
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Lire aussi :
http://www.zenit.org/fr/articles/la-contribution-de-l-ordre-de-malte-a-la-paix-du-monde
http://www.zenit.org/fr/articles/le-card-bertone-preside-les-900-ans-de-l-ordre-de-malte
http://www.zenit.org/fr/articles/900-ans-de-l-ordre-de-malte-allocution-de-benoit-xvi
