L’évidente mobilisation des catholiques (et des chrétiens en général) contre le soi-disant « mariage pour tous » n’est pas bien reçu de ceux qui adhèrent au projet Taubira et voudraient qu’on entende leur voix dans l’Église. Ils ne sont d’ailleurs nullement silencieux, et un journal comme Le Monde accueille leurs protestations avec empressement, lorsqu’il ne les sollicite pas. On s’étonne d’ailleurs que le quotidien qui soutient avec tant d’ardeur la cause du mariage gay n’ait pas encore mobilisé Hans Küng, qu’il invite de saison en saison à vitupérer une Église réactionnaire et son ancien collègue de Tübingen, qui a poussé l’intolérance à son égard jusqu’à le recevoir cordialement à Castel Gandolfo. Mais c’est la règle du jeu que de faire participer au débat tous les partenaires possibles. Et l’on ne voit pas pourquoi on exclurait ceux qui n’acceptent pas la position de l’Église sur la question du mariage et de la filiation.
Il y a pourtant une réelle difficulté à échanger avec ces opposants. Elle réside dans leur humeur plus que maussade qui va jusqu’à la vindicte, avec des philippiques assassines contre une Église « hors du temps », qui de toute façon a déjà perdu ce combat-là, comme elle a perdu tous les précédents, notamment ceux qui concernaient les mœurs. Madame Danielle Hervieu-Léger 1 est là-dessus péremptoire, et sa dialectique se veut d’une rationalité inoxydable : « Le problème n’est pas de savoir si l’Église perdra : Elle a – beaucoup en son sein et jusque dans sa hiérarchie le savent déjà – perdu. »
Le mieux, c’est de discuter sereinement, même si c’est difficile avec des interlocuteurs qui sont assurés de la légitimité de la science, de la modernité et de l’avant-garde. Les centaines de milliers de personnes qui se sont dressées contre le mariage pour tous sont sans doute, à leur avis, aliénées mentalement pour n’avoir pas compris que « l’adoption (…) pourrait bien devenir le paradigme de toute parentalité » (ibid.). L’amour fécond de l’homme et de la femme serait donc une anomalie dangereuse, tout autant sans doute que la parole de la Genèse : « Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, homme et femme il les créa. » Des millénaires de culture judéo-chrétienne seraient donc à effacer devant l’évidence imparable du Meilleur des mondes ? On nous accordera le droit de penser que cette bataille en faveur du patrimoine de la culture judéo-chrétienne n’est nullement perdue d’avance.
- « Mariage pour tous : Le combat perdu de l’Église », par Danielle Hervieu-Léger, Le Monde, 12/01/2013.
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