Je me rends compte que depuis le 13 au soir la France entière doit bruisser de ses ondes magnétiques tant chacun du million 300 milles manifestants se montre pressé de faire connaître à tout son carnet d’adresses à la fois les bons côtés comme les mauvais de l’aventure connue ce jour-là. Le premier de ces bons côtés est de s’être retrouvé noyé dans ces fleuves venus de trois sources… Le premier des mauvais est la polémique qu’il faut soutenir pour que l’on obtienne enfin la correction des faux comptes sur le nombre réel des manifestants…
Bien entendu j’ai reçu ma part d’échos et de détails venus de divers participants : j’en inscris ici quelques-uns qui ajoutent des informations complémentaires éclairantes venus de la « base »…
— – On lira, en fichier joint, le communiqué de la préfecture de police qui défend son comptage mais avec des arguments très généraux sur la manière de faire habituelle et l’ouverture fréquentes aux organisateurs et aux journalistes de tous les éléments, sauf qu’en l’espèce qui a eu accès à quoi que ce soit ? C’est sûr, on n’aimerait pas être à leur place…
Message reçu d’Yves Avril ! Cher Dominique, témoignage personnel : Je suis arrivé à la Gare d’Austerlitz à 13 h 22. En sortant de la gare j’ai vu un défilé de gens qui montaient par le boulevard de l’Hôpital jusqu’à la Place d’Italie. Moi, j’ai tourné sur le boulevard Saint-Marcel et à 13 h 35 j’ai voulu rejoindre Denfert-Rochereau. Au carrefour Gobelins-Port-Royal, j’ai trouvé la manifestation qui descendait de la Place d’Italie, tenait toute l’avenue des Gobelins et le boulevard de Port-Royal, je l’ai suivi et j’ai remonté le défilé jusqu’à être parmi les premiers à arriver au Champ de Mars : mais parmi les premiers, cela veut dire que la partie proche de l’École Militaire était pratiquement pleine et les services fermaient le côté Seine, pratiquement vide alors, pour permettre aux gens qui venaient de la Porte Maillot de s’y installer. Je suis reparti vers la gare d’Austerlitz en remontant la manifestation (j’ai remarqué que les cloches de Saint-François-Xavier sonnaient à toute volée). Je suis arrivé très précisément à 16 h 30 au carrefour des Gobelins où j’ai constaté exactement à ce point la fin de la manifestation. Conclusion : pour la Place d’Italie le départ a été donné certainement avant 13 h et cela a duré au moins jusqu’à 16 h. Ma femme, qui avait pris un des cars venus d’Orléans, n’a pu pénétrer avec son groupe sur le Champ de Mars complètement bouché. Ils se sont dispersés après avoir traversé le Pont de l’Alma à 18 h 30, temps passé sous une pluie glaciale. Elle est rentrée chez nous à 22 h 30. Amitiés, YvesUn peu plus tard nouveau message :
Cher Dominique, j’ajoute ceci : j’ai repris le train d’Orléans vers 17 h 30 ce qui m’a permis d’avoir très tôt des informations télévisées. Voici ce que j’en retiens : 1) Cette manifestation aurait déçu les organisateurs qui s’attendaient à mieux. 2) Interview de quelqu’un de Civitas (groupe dont on a parlé presque autant que des autres manifestants) qui dit qu’il est contre le mariage des homos parce que « dans l’Évangile » on raconte que Sodome et Gomorrhe ont été détruites (ça, c’est une information !). 3) Diffusion d’un participant qui compare Hollande à Hitler (ça, c’est une information !) 4) Interview de J.-F. Coppé comme s’il était représentatif de quoi que ce soit dans cette manifestation (ça, c’est une information !) 5) Débat avec Sapin, bien assis et bien carré dans ses certitudes. 6) Informations sur la manifestation anti-Poutine à Moscou qui tient presque autant de place que celles sur notre manifestation de Paris ! 7) À la décharge des informateurs lacunaires, la présence d’une cruelle actualité au Mali et en Somalie. Amitiés, YvesDe Jean-Paul Barth, qui habite en Provence :
« Votons tous pour exiger un référendum ».Une dizaine d’autres messages vont dans ce sens. Venu du Nord, message de J.F. Delaunay :
« Merci pour les informations que vous nous faites parvenir. Avec ma fidèle amitié. »Nouvelle intervention de J. B., après ma longue réponse d’il y a quelques jours :
« Effectivement l’article de Frédéric Aimard est convaincant car argumenté et non pas fondé sur des impressions éminemment subjective du genre « il y avait un monde fou ». Reste que les « deux camps » n’ont pas – à propos du « mariage gay » – fait donner leurs réserves dans la rue (l’épiscopat en corps constitué, les mosquées, les instances de la communauté juive pour le camp anti) à supposer que l’addition puisse se faire ; le camp pour, de son côté, n’a pas non plus mobilisé ses réserves (les organisations enseignantes, certaines obédiences maçonniques, certains syndicats). On sera d’ailleurs fixé dans 12 jours avec la manif prévue. En cas de mobilisation générale des deux camps (2 millions ?… de chaque côté pour prendre une hypothèse quantitative) on ne serait plus très loin de la guerre civile … »Christine Cattoir, du Rhône :
« … sans compter (c’est le cas de le dire !) tous ceux qui n’ont pas pu être comptés parce qu’ils ont dû quitter la manif plus tôt pour prendre un train (et il y en a un certain nombre : il y avait du monde qui venait de la manif, dans le train que j’ai pris à 18 h !!!!) Ça me rassure quant à ma vision des choses : quand j’ai vu le nombre que nous étions (dans un seul cortège !!!). Je suis tombée des nues, le soir, quand j’ai entendu les chiffres officiels. Mais ça me fait même de la peine pour le Président : comment peut-on en venir à mentir à ce point ? Faut-il qu’il se sente désemparé ! Mais est-ce qu’il se rend compte que mentir à ce point n’est pas une solution, et finira par se retourner contre lui ? »D’Albert Salon, docteur d’État ès lettres, ancien Ambassadeur de France, commandeur dans l’Ordre national du Mérite :
« Très bien, ami ! Entièrement d’accord. J’ai fait, avec ma famille, les mêmes constats que vous, alors que j’ai pris en marche, à Gaieté, le cortège-marée humaine (l’un de ceux de Frigide Barjot) parti de Denfert-Rochereau. Et lorsque que je suis rentré chez moi, j’ai vu vers 18 h, boulevard Pasteur, un long cortège – avec à nouveau la navette du camion-sono – qui allait, joyeux, apparemment composé de nouveaux arrivants chantant et agitant leurs drapeaux, rejoindre le Champ de Mars. Le comptage des ex-RG est inadmissible et, comme vous l’écrivez, insultant. Il ne saurait « passer ». Bien plus d’un million de Français mobilisés de partout entre 11 h et 20 h : telle est la vérité, de toute évidence ! Il faut continuer à diffuser ces informations. Il faudra sans doute manifester à nouveau… »J’ajoute la partie du message concernant la langue française, car Albert Salon est l’un de ceux qui œuvrent le plus pour « sa défense et son illustration », sans oublier sa nécessaire quoiqu’oubliée promotion à travers le monde :
« Cette affaire me rappelle, dans un autre domaine, mais non moins important, celui de la langue française à laquelle le peuple est profondément attaché. Elle me rappelle la difficulté à en donner une traduction politique forte. Le référendum paraît exclu tant avec le PS qu’avec l’UMP, et nous sommes obligés de faire remonter la vox populi par une autres voie politique, très près du peuple : les votes d’un maximum de conseils municipaux sur le manifeste franco-québécois que nous avons élaboré, dans le cadre de la campagne que nous venons de lancer : « Communes de France pour la langue française », contre le passage à l’anglais que trop de nos « élites » veulent nous imposer. C’est nous qui devons « die Zukunft gestalten » comme les Allemands disent, c’est-à-dire déterminer notre avenir français et notre avenir de civilisation ! »Mon lecteur habituel sait à quel point je partage cet avis d’Albert Salon et non seulement cet avis mais encore la même détermination nous pousse et nous fait agir, chacun selon ses moyens, notamment carnet d’adresses, relations, expériences, publications, rendez-vous de presse etc. – les miens sont presque misérables par rapport aux siens ! Ainsi, a-t-il fondée l’association Avenir de la langue française, dont il est le président et qui fait un travail remarquable. J’ai cité, je ne sais plus quel jour, son dernier livre sur ce que devrait être la politique de notre République au sujet de ce bien infiniment précieux qu’est notre langue et qu’elle n’a même pas commencé à théoriser : je fais de même en annonçant le livre que je sors à la fin de ce mois : Langue française la mal aimée. J’espère ne copier aucun titre déjà existant. Je lui ai répondu en ce qui concerne son appel :
« Cher ami, dès que ce moment dédié à l’action contre cette loi aussi absurde que malsaine sera passé, je me consacrerai à aller voir quelques maires de mon nouvel environnement encore mal connu de moi. »
— – On lira, en fichier joint, le communiqué de la préfecture de police qui défend son comptage mais avec des arguments très généraux sur la manière de faire habituelle et l’ouverture fréquentes aux organisateurs et aux journalistes de tous les éléments, sauf qu’en l’espèce qui a eu accès à quoi que ce soit ? C’est sûr, on n’aimerait pas être à leur place…