Aide aux handicapés : faits et fiction - France Catholique
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Aide aux handicapés : faits et fiction

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Rappelez-vous le paralytique de l’Écriture ayant passé trente-huit ans au bord de la piscine de Bethesda (Jn, 5 ; 2-5), et personne, pas une seule personne, pour l’aider à plonger dans la piscine au moment où le passage de l’ange en agite l’eau. C’est ce qui arrive à la plupart des handicapés de par le monde, particulièrement dans les pays pauvres. Personne pour les aider.
Des douzaines de pays ont ratifié un traité des Nations Unies pour l’assistance aux handicapés. La ratification de ce traité a été présentée la semaine dernière au Sénat Américain, et rejetée. Il manquait cinq voix pour la majorité qualifiée des deux tiers.

John Kerry, qui présentait le projet au Sénat, a déclaré que c’était le jour le plus triste des vingt-huit années de sa carrière de sénateur. Il ne pouvait croire que trente-huit Républicains aient voté contre, alors même qu’un sénateur affaibli, Bob Dole, invalide de la Seconde Guerre mondiale, était amené en fauteuil roulant lors du vote.

Le scrutin fut négatif malgré ce qui avait semblé être unanimement soutenu, avec enthousiasme, par toutes les associations de blessés de guerre et autres anciens combattants, ceux qui ont « payé » à la guerre. Tout autour du Capitole, les jours précédant le vote, il n’y avait que béquilles et fauteuils roulants.

Les défenseurs du texte soutenaient que les victimes des combats et autres Américains handicapés y gagneraient de l’aide lors de voyages à l’étranger. Selon eux, la ratification par les USA inciterait le reste du monde non seulement à suivre les directives des Nations Unies, mais à viser un niveau bien plus élevé tel que celui déjà établi pour les Américains par les règlements relatifs aux handicaps.

Alors, comment une telle perspective merveilleuse et incontournable a-t-elle pu échouer?

D’abord, le droit de vivre. C’était la première fois qu’un texte législatif contraignant comportait l’expression « reproductive health.” (santé de la reproduction). Elle figure innocemment parmi les critères non-discriminants, ce qui sous-entend que si un pays applique un système d’assurance-santé incluant la contraception, il doit étendre ses effets aux handicapés. Ce qui signifie crûment, pas de nouveaux droits, ni de nouveau droit à l’avortement.

Mais un langage innocent à l’ONU, çà n’existe pas, car les documents onusiens sont soumis à des comités qui ont la détestable habitude de les réinterpréter. Par exemple, la convention relative à la suppression de toute discrimination envers les femmes ne cite nullement l’avortement ni ne fait mention de la « santé de reproduction ». Et cependant, le comité de supervision a inclus le droit à l’avortement comme obligatoire dans la convention. Et ainsi, même le langage anodin du traité sur les handicaps peut devenir une menace pour les enfants à naître.

D’autre part, l’enseignement à domicile tel que vu par le traité avait été menacé car en Nouvelle-Zélande ce traité avait été appliqué au détriment d’enfants handicapés.

Ensuite, les conservateurs sont en général hostiles aux traités ONU de toutes sortes car ils sont persuadés que c’est une mauvaise idée de s’embringuer sur la toile d’araignée des documents onusiens qui ne servent qu’à se mêler des affaires internes américaines. Les comités de l’ONU et les rapporteurs spéciaux de l’ONU sont des spécialistes du « farfouillage ». Et même si le traité n’est pas « directement applicable », dans l’attente d’une législation de mise en œuvre, les conservateurs sont méfiants à l’égard de juges et autres juristes activistes.

Quand la Cour Suprême a retoqué la loi sur la peine de mort pour les jeunes, parmi les motivations figurait la mention de la Convention des Droits de l’Enfant, traité que les États-Unis n’ont jamais ratifié. Les juges seraient-ils moins soumis à des passages sujets à controverse d’un traité que nous aurions ratifié ? Douteux… On peut imaginer que ce traité serait cité dans une future affaire reprenant « Roe contre Wde » [NDT: affaire emblématique de la lutte contre la légalisation de l’avortement].

Enfin, Kerry et les partisans de la ratification n’ont certes pas bien préparé leur affaire. Selon eux, la ratification par les USA était nécessaire pour que les pays signataires se mettent en conformité avec le traité. Par exemple, sur Alexanderplatz à Berlin il y a un « Burger King » dont les toilettes sont au sous-sol, accessibles par un escalier bien raide. Kerry voudrait nous faire croire que l’Allemagne, signataire du traité, attend que nous le ratifions pour y installer un ascenseur. Ou que les rampes d’accès pour fauteuils roulants n’apparaîtront à Rome qu’après la ratification par l’Amérique. En fait notre ratification n’aurait aucun effet sur aucun pays.

L’Allemagne et l’Italie comptent parmi les pays développés, et les personnes handicapées s’y débattent. Quel effet en faveur des handicapés notre ratification aurait-elle sur le Kazakhstan, l’Équateur, la Tunisie ou autres pays en voie de développement ?

Les tenants des traités de l’ONU tiennent des propos exagérés, extravagants, sur l’effet qu’aurait une ratification par les USA. Il y a quelques années, une femme a déclaré devant le Sénat que la ratification par l’Amérique du traité sur les Droits de la Femme mettrait fin à l’horrible pratique Afghane du jet d’acide au visage des femmes. Argument ridicule.
De fait, les États-Unis n’ont aucun intérêt à ratifier le traité; il n’apporterait pas le moindre avantage aux handicapés Américains voyageant ou travaillant à l’étranger.

Et pour conclure, si le langage de « santé de la reproduction » était employé pour traiter de l’avortement, on pourrait s’en servir au détriment de personnes handicapées. Après tout, 80 % des handicapés ne voient pas le jour à cause de l’avortement. Avortement sur commande, John Kerry — candidat au poste de Secrétaire d’État [Ministre des Affaires Étrangères], ou peut-être à la Défense Nationale, n’a jamais fait allusion à cette question. Et, avec ses complices, il a l’intention de soumettre bientôt à nouveau la ratification du traité au vote du Sénat.

Très peu de pays ont l’audace de tenir tête à l’ONU et à son usine à fabriquer des traités. L’Amérique fait partie du lot. Le Saint-Siège aussi. Le Saint-Siège était contre ce traité dès le début, et y est toujours opposé. L’Église est vraisemblablement l’organisme prenant le plus soin des handicapés dans le monde. Deux-mille ans plus tard, nous continuons à porter le paralytique dans la piscine.

Pour cela, pas besoin de traité.

Source : http://www.thecatholicthing.org/columns/2012/helping-the-disabled-fact-and-fiction.html