Si l’on en croit le calendrier maya, ou du moins l’interprétation qui en est faite par certains, la fin de cette semaine pourrait aussi être la fin du monde. Depuis plusieurs mois maintenant, les commentaires vont bon train sur un sujet qui, de fait, nous concerne tous. Qu’ils soient crédules ou incrédules, les lecteurs se jettent sur les ouvrages qui fleurissent généreusement pour se rassurer ou se donner le grand frisson. La plupart se contentent de rappeler les prophéties et autres visions catastrophistes alors que d’autres se rangent aux seules analyses scientifiques dépassionnées, sans qu’il soit possible d’établir un lien entre les deux approches.
C’est donc tout le mérite du livre que vient de faire paraître Patrick Simon Autopsie de l’Apocalypse aux Éditions Bréal qui tente de poser, de façon rationnelle et en toute lucidité, la question de la fin du monde.
De même que notre Terre a eu un commencement avec le « big bang », on sait qu’elle aura une fin à l’achèvement du système solaire prévu dans cinq milliards d’années environ. La première interrogation est donc celle de savoir ce qui pourrait précipiter cette fin inéluctable. L’auteur examine, tout d’abord, toutes les menaces naturelles, celles toujours envisageables comme l’éruption d’un super volcan ou la chute d’une météorite aux plus improbables comme le basculement des pôles ou le bombardement des ondes galactiques. Il énumère également les menaces naturelles amplifiées par l’homme telles qu’elles pourraient résulter d’une permanence du réchauffement climatique avec des conséquences inattendues comme une nouvelle période glaciaire. Et l’homme lui-même est aujourd’hui capable de procéder à sa propre destruction, par le feu nucléaire comme par la propagation des virus.
C’est avec cette perspective de ce qui pourrait ainsi advenir que l’auteur étudie ensuite les grandes prophéties chrétiennes: l’Apocalypse de Saint-Jean, dont le nom à lui seul symbolise la fin des temps et qui a donné son titre à l’ouvrage, mais aussi le message de Fatima, la prophétie de Saint-Malachie et les écrits de Nostradamus. Tous ont, en commun, le fait de prédire des temps difficiles aux environs de 2020, ce que l’on retrouve aussi dans les textes d’autres religions, comme effectivement les écrits mayas. Et l’auteur d’imaginer un récit du futur ou, entre crise écologique et crise économique, notre monde pourrait effectivement se perdre dans un embrasement généralisé.
Pour autant, les malheurs annoncés par les grandes prophéties ne signifient pas obligatoirement la fin du monde, mais davantage un changement de monde. En outre, comme l’indique l’auteur, « un prophète n’est pas destiné à annoncer « ce qui arrivera » mais ce qui « pourrait arriver » au cas où les hommes ne se conformeraient pas aux volontés divines ». Dans ces conditions, un autre avenir est possible et il ne dépend que de l’homme de le vouloir. Mais, de fait, face notamment aux grands bouleversements environnementaux qui menacent la planète sous l’effet d’un système de développement économique arrivé au bout de ses possibilités, le temps nous est compté : cette analyse ne diverge pas de celles de plusieurs observateurs de l’évolution du monde qui appellent, dans la décennie qui vient, à « un changement de paradigme ». Tout est donc encore possible, le pire comme le meilleur.
Faut-il alors jeter les prophéties aux orties ? Pas si sûr car, comme le rappelle Patrick Simon à la fin de son livre, Apocalypse signifie Révélation, c’est-à-dire le jour où Dieu, Maître de Tout, rétablira une paix véritable et un règne de bonheur: « Je vis un ciel nouveau et une nouvelle terre » (Apocalypse 21.1-8),