Le colloque international AED-EEChO : Quand l’Asie découvre la Lumière - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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Le colloque international AED-EEChO : Quand l’Asie découvre la Lumière

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Tenu en deux lieux, le 30 novembre à l’Institut Catholique et 1er décembre dernier à l’ASIEM, ce colloque sur les pas de saint Thomas en Irak, Iran, Inde et Chine a témoigné d’un formidable espoir pour l’Asie, notamment à travers le témoignage de Mgr Hon Tai-Fai, Archevêque chinois chargé du secrétariat de L’évangélisation des peuples à Rome, et celui de Mgr George Pallipparambil, Evêque de Miao au nord-est de l’Inde ; celui-ci était ravi de voir son travail d’Evêque replacé dans le sillage du premier à avoir apporté l’Evangile en Inde – et en Chine –: l’Apôtre Thomas. La tenue d’un tel colloque, nous dit-il, serait impossible en Inde en ce moment. Le témoignage évangélique suscite souvent des remous, ce qui, a rappelé le P. Georges Collomb , supérieur général des Missions Etrangères de Paris, ne peut jamais être un prétexte à y renoncer : tout homme a droit à l’Evangile, il est indigne d’en exclure certains.

Tout le monde attendait de découvrir les faisceaux d’indications qui conduisent l’historien à fonder ses certitudes relativement aux missions de saint Thomas ; on n’a été déçu ni au plan des documents écrits, ni au plan de l’archéologie ! L’abondance est telle que, par manque de temps, tous les documents n’ont pas pu être présentés, tandis que le champ des recherches ne cesse de s’accroître. Le colloque s’est ouvert par le compte-rendu par un doctorant chinois, David¬Xin-Lin He, de ce que l’on sait sur un miroir provenant d’une tombe du Ier siècle et décoré sur son revers par des dessins et par une inscription en chinois archaïque (caractéristique de l’époque) ; cette inscription circulaire glorifie la « Mère du Fils de l’Homme » – on peut en voir ci-dessus la traduction la plus minutieuse. Après une présentation des Actes de Thomas par le P. Mekkattukulam, syro-malabare du Kérala – un écrit mal connu mais pas facile à comprendre –, Pierre Perrier a fait découvrir au public le contexte géo-politique de la mission de l’Apôtre Thomas, puis quelques-unes des 300 photos qui émaillent le livre sorti pour le colloque, , fruit du long travail d’une équipe s’étendant bien au delà de la France. Il porte essentiellement sur la sculpture de plus d’une centaine de personnages réalisée en l’an 70 de notre ère, selon une datation précise fondée sur des documents de l’Empire – la page de couverture reproduit les deux personnages-clefs du récit en image que constitue cette frise à lire de droite à gauche). Située sur le Kong Wang Shan, littéralement le « Mont du Prince Duc », dans l’ancienne ville de Lianyungang, port chinois du Ier siècle, elle surplombe la route qui conduisait aux capitales de l’Empire des Han : Xi’an et Luoyang. En Chine, cela fait dix ans que le sens mystérieux de cette falaise unique pose question – on en a même parlé sur la chaîne télévisée chinoise en français –, la clef interprétative échappant aux chercheurs chinois : elle est en effet hébréo-araméenne.

Cette lecture hébréo-araméenne est confirmée par l’archéologie récente, qui a mis en lumière les fondations d’un vaste ensemble cultuel situé en face de la frise et en contrebas : orienté ouest-est vers le lever du soleil à l’équinoxe, il s’agit d’un complexe nécessairement chrétien, où l’on retrouve un plan rappelant celui du Temple de Jérusalem, axé sur un Saint des Saints carré ; des comparaisons peuvent d’ailleurs être faites avec des restes en Inde et en Mésopotamie – mais évidemment pas à Rome, où le christianisme a été déclaré très tôt superstitio illicita par le Sénat * et où il ne pouvait donc pas se manifester ouvertement dans des édifices. Mme Ilaria Ramelli (Milan – Durham), spécialiste mondialement connue du christianisme du Ier siècle gréco-latin, fit le tableau des auteurs de l’Antiquité évoquant la venue de St Thomas en Inde ou les Communautés qu’il y a fondées. Ces témoignages furent complétés par ceux des Arméniens que Maxime Yévadian, chercheur et enseignant, a présentés : ils concernent surtout la Chine ; l’Eglise du Royaume d’Arménie devenu chrétien se réfère à saint Thomas à propos de ses liens avec la Chine – des liens (commerciaux et autres) qui ne furent pas étrangers à sa prospérité. Et il faut mentionner encore, à l’époque moderne, les témoignages de missionnaires portugais et d’autres occidentaux qui, en divers lieux d’Inde et de Chine, recueillirent des traditions locales faisant mémoire de la venue de saint Thomas en leur pays – Don Régis Moreau n’eut le temps que d’en donner les principaux connus à ce jour. Quant aux écrits impériaux chinois dont l’analyse pointe vers la venue de l’Apôtre Thomas et de disciples, il ne fut possible que d’en donner quelques bribes en dehors de ceux qui sont directement liés à des représentations de la falaise, car ils devraient faire l’objet d’un colloque en soi – qui serait pour le moins très spécialisé, et dont le P. Charbonnier, sinologue mondialement connu, a esquissé des pistes.

Pour sa part, le P. Frédéric Guigain a montré comment se constitue une tradition orale qui défie les siècles, ce qui est le cas de « l’Evangile » (au singulier – swarta en araméen), cet ensemble de transmissions qui continuèrent oralement en Orient, même si elles se cristallisèrent très tôt dans des mises par écrit liturgiques – des lectionnaires –; en Occident, ces écrits constituèrent bientôt tout ce qui subsistait de l’héritage évangélique : ce sont nos « évangiles » (mot qui a donné l’araméen ewangelion pour désigner ces textes).– © Photo J. Alichoran

Le P. Humblot a rappelé la situation actuelle des Iraniens, un peuple ouvert mais opprimé par un système théocratique qui pourchasse les néo-chrétiens (la vidéo de son intervention est en ligne), tandis que le P. Anis Hanna a décrit ce qui se passe en Irak-Mésopotamie, où le christianisme a été régulièrement persécuté, depuis l’époque des Perses jusqu’à l’Islam d’aujourd’hui, avec les problèmes externes et internes qui se posent, en même temps que se passent de nombreuses conversions de musulmans au christianisme évangélique.

Pour l’assemblée présente les deux jours (à ceci près que, vendredi, l’exiguïté relative du lieu avait obligé à refuser des inscriptions), ce colloque passionnant a été le lieu de découvertes inattendues, et pour les contributeurs, celui de nombreux échanges, qui vont se poursuivre.


* D’après les études du Professeur Marta Sordi, complétées par celles de Mme Ilaria Ramelli, un « senatus consulte », faisant donc office de loi imprescriptible pour Rome, a été émis probablement dès l’an 35 : le site d’EEChO en a parlé et fournira bientôt une étude complémentaire sur le sujet, traduite de l’italien.


Deux témoignages parmi les nombreux qui ont été reçus :

“Le Colloque a été de très grand intérêt. J’ai été très impressionnée par les intervenants, aussi bien par la splendide qualité d’apôtre de plusieurs des hommes qui ont parlé, que par la très grande solidité des jeunes chercheurs, hommes ou femme, religieux ou laïcs, qui semblent engager tout leur être dans leurs recherches. Colloque prometteur, qui ouvre l’avenir de plusieurs thèmes de grande importance.” (J. O.)

“Nous avons beaucoup apprécié le thème de ce colloque qui a permis, d’une part, de mieux connaître la mission d’évangélisation de St Thomas au Moyen-Orient, en Inde et jusqu’en Chine et, d’autre part, .de présenter la situation de l’Eglise dans plusieurs grands pays d’Asie. C’était une très bonne idée de consacrer une journée de très haute tenue intellectuelle à l’aspect historique de la mission de l’apôtre, et la seconde à la situation actuelle du Christianisme tant en terre d’Islam qu’en terres bouddhistes ou hindoues, voire animistes. […] Nous avons été très heureux de prier avec l’assistance sous la conduite de deux évêques, Chinois et Indien, signe visible de l’universalité de l’Eglise. Nous avons également apprécié l’excellent modérateur qu’est le Directeur de l’AED et remercions son organisation ainsi que EECHO pour l’excellence de ce colloque.” (C. et J. C.)