Les Catholiques, Les Protestants et Marie Immaculée - France Catholique
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La justice de Dieu
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Les Catholiques, Les Protestants et Marie Immaculée

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Est-ce que les catholiques rendent un culte à Marie ? C’est une question aussi vieille que la Réforme protestante, et elle repose, comme d’autres points doctrinaux contestés, sur une fausse prémisse, la vénération rendue à Marie porte atteinte au culte rendu au Christ.

Cette prétendue opposition entre Marie et le Christ est symptomatique de la tendance Protestante, qui a débuté avec Luther, de considérer l’ensemble de la vie chrétienne à travers la loupe dialectique – loupe de discorde et de division. Avec la Réforme, toute la Chrétienté est écartelée et ses composants précédemment cohérents sont désormais opposés les uns aux autres.

L’Évangile contre la Loi. La Foi contre les œuvres. L’Écriture contre la Tradition. L’Autorité contre l’Individualisme. La Foi contre la Raison. Le Christ contre Marie.

La tradition catholique voit à juste titre la complémentarité mutuelle de ces éléments de foi, puisqu’ils contribuent tous à notre fin ultime, la vie avec Dieu maintenant et dans l’éternité. Choisir l’un ou l’autre de ces éléments, c’est les choisir tous.

Au contraire, affirmer que les catholiques rendent un culte à Marie parallèlement à ou se substituant au culte rendu au Christ, que prier Marie entrave quelque peu le rôle du Christ comme « médiateur entre Dieu et les hommes » (1 Tim 2,5), c’est créer une fausse dichotomie entre la Parole faite chair et la femme qui a donné à la Parole sa chair. Une telle opposition n’existe pas. L’unique Médiateur a confié sa médiation à la volonté et au sein de Marie. Elle n’entrave pas la médiation du Christ – elle aide à la rendre possible.

Dans ce contexte, nous voyons le rôle ancillaire que la servante du Seigneur (ancilla Domini) joue dans la mission de son divin Fils. Marie n’est pas une mère porteuse louée et ensuite oubliée dans le plan de Dieu. Elle est physiquement liée au Christ et à sa vie et à cause de ceci, elle est encore plus profondément liée à lui dans l’ordre de la grâce. Elle est, en effet, « pleine de grâce, » comme seul peut l’être quelqu’un qui est racheté par le Christ.

La fête de l’Immaculée Conception de Marie célèbre le tout premier acte de salut opéré par le Christ dans le monde. La Rédemption est rendue possible pour tous par son précieux sang versé sur la croix. Pourtant le rôle de Marie dans la vie et la mission du sauveur est si crucial et si unique que Dieu a considéré qu’il était nécessaire de la laver par avance dans le sang de l’Agneau, au moment même de sa conception.

Cette réalité ne pouvait être plus biblique : l’ange salue Marie « pleine de grâce » (Luc 1,28), le texte dit littéralement « déjà (remplie de) grâce » ” (kecharitōmenē). A la suite de Marie, l’Église se demande depuis des siècles « quel genre de salutation ce pourrait être ». Le dogme de l’Immaculée Conception, finalement défini en 1954, n’est rien d’autre qu’une expression rationnelle de la salutation de l’ange contenue dans l’Écriture : Marie est « déjà (remplie de) grâce » par la rédemption du Christ au moment même ou elle est créée.

Parce que Dieu a appelé Marie à l’unique vocation de servir en tant que Mère de Dieu, ce n’est pas seulement son âme qui reçoit la grâce, comme c’est le cas pour nous quand nous recevons les sacrements. L’être tout entier de Marie, corps et âme, est plein de grâce pour qu’elle puisse être arche digne pour la Nouvelle Alliance. Et tout comme l’arche de l’ancienne alliance était ornée d’or pour être demeure digne de la parole de Dieu, Marie est conçue sans péché originel pour être la demeure vivante et sainte de la Parole de Dieu.

Ainsi Marie n’est pas seulement conçue immaculée, c’est-à-dire sans tache et sans péché. Elle est assurément aussi l’Immaculée Conception. Tout son être a été spécifiquement créé par Dieu avec un privilège unique pour qu’elle puisse tenir son rôle dans le plan de salut de Dieu. [Elle est] « libre de tout péché, » tant originel que personnel, et ceci découle nécessairement du fait qu’elle soit « pleine de grâce ».

Les protestants prétendent que la vénération pour Marie, telle qu’elle est pratiquée par les catholiques n’est pas biblique. Saint Paul encourageait les Corinthiens ainsi : « Soyez mes imitateurs, comme je le suis du Christ » * (1 Cor 11,1). Paul ne se considérait pas comme la fin, mais comme un moyen pour parvenir au Christ, la fin véritable. Et si on imite une personne, on la vénère simultanément.

S’il nous faut imiter Paul, combien plus nous faut-il imiter Marie, qui a accompli la volonté de Dieu au plus haut degré possible pour un être humain. Tout au long de sa vie, elle s’est abaissée pour que Dieu puisse être exalté, et à cause de cela, le Christ a accompli sa promesse en exaltant son humble mère et en l’asseyant au plus près de lui dans le royaume de Dieu.

Marie est le modèle de l’humilité, de la charité, de la soumission à la volonté de Dieu. Elle permet qu’un glaive lui transperce le cœur pour le salut du monde. Elle nous montre la grandeur à laquelle nous sommes appelés : une vie libre du péché et remplie de la grâce de Dieu qui conduit à l’union avec Dieu dans le ciel. Elle est le disciple modèle, et donc digne d’être imitée et vénérée, non comme fin en soi, mais comme moyen d’atteindre le véritable but de son – de notre – existence : le Christ lui-même.

L’humble servante de Dieu ne voudrait pas qu’il en soit autrement.
 

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David G. Bonagura, Jr est professeur adjoint de théologie au Séminaire de l’Immaculée Conception, Huntington, New York.

* Traduction TOB

Tableau : Appelé (de la série Femme) ©2006 Bruce Herman
[huile sur bois, 65 x 48 pouces ; collection de Bjorn et Barbara Iwarsson] Renseignements complémentaires : http://bruceherman.com

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Source : http://www.thecatholicthing.org/columns/2012/catholics-protestants-and-immaculate-mary.html