L’éditorialiste doit-il être toujours en réaction, c’est à dire dans le refus et la dénonciation ? C’est, hélas, un peu la règle. Pour peu qu’il ait des convictions, il ne peut se dérober à ses devoirs. J’ajoute que ce n’est pas par plaisir que j’exerce mes facultés critiques. J’aimerais plus souvent pouvoir signifier mon accord et ma satisfaction de me retrouver en harmonie avec les interlocuteurs du jour. Je n’ai pas été tendre, même si je suis resté aimable à l’égard de mesdames Vallaud-Belkacem et Duflot. Mais n’étaient-elles pas elles-mêmes dans la provocation avec l’idée d’en découdre quelque peu ? Eh bien, j’ai choisi pour aujourd’hui au moins de m’accorder un petit répit, pour dire du bien de mon prochain et me féliciter de deux initiatives qui ne peuvent qu’entraîner mon approbation.
Il y a eu hier, tout d’abord, l’inauguration par le président de la République du musée du Louvre-Lens, construit sur un carreau de mine, ce qui est tout un symbole. Pour avoir des origines familiales qui me lient profondément à cette région du nord de la France, je me sens comblé par cette superbe initiative. Le Louvre en plein milieu du pays des mines, qui aurait pu y penser lorsque tout fonctionnait encore de cette activité motrice de tout un âge de l’économie ? C’est vrai que c’est un univers entier qui a disparu. D’ailleurs, la présence d’anciens mineurs auprès de François Hollande, avec leurs casques et leurs bleus de travail, marquait le décalage entre hier et aujourd’hui. Certes, ce magnifique musée, dont toute la population se réjouit, n’apportera pas le dynamisme économique qui rendrait espoir à la jeune générations. Mais c’est un signe ! La vie peut renaître là où on l’attendait le moins. Et la culture est sans doute l’activité la plus désintéressée qui soit, mais c’est aussi la chance d’un renouveau de l’esprit et de la création.
Et puisque je viens d’évoquer les jeunes, comment ne pas acquiescer aussi à l’initiative de Vincent Peillon qui veut lutter contre le décrochage scolaire, ce fléau qui touche chaque année cent quarante mille jeunes, en leur offrant la possibilité (au moins à vingt mille d’entre eux dans une première étape) d’accéder à une formation dans des filières professionnelles ? Voilà un objectif qui devrait susciter une sorte de consensus national. Nous avons assez de sujets de querelles pour pouvoir nous rassembler sur des objectifs aussi pertinents. Dommage que nous ne puissions pas célébrer tous les jours pareille entente.