Mon éditorial d’hier a fait des vagues. Faut-il rappeler que je parlais de la violence, notamment celle qui s’exerce en ce moment à l’encontre des organisateurs de la manifestation du 17 novembre contre le mariage gay. Les réactions ont été immédiates, de la part de ceux qui se considèrent comme des victimes de la société et qui s’accrochent au mariage homosexuel comme à un moyen de défense et surtout de légitimation de leur état et de leur situation. Je dois dire que je ne suis pas du tout insensible à l’expression de leur souffrance. Dès que l’on touche à ce sujet auprès d’interlocuteurs qu’il concerne directement, on se trouve face à un abîme. De ce point de vue, la confrontation actuelle est sans aucun doute l’occasion de comprendre à quel point la question homosexuelle ne peut être traitée avec dédain, encore moins avec mépris. Elle concerne des gens à la sensibilité à vif, qui se sentent agressés, dès qu’on semble porter atteinte à leur dignité.
Je m’en suis encore rendu compte lundi soir à la mairie du IVe arrondissement de Paris où j’avais répondu à l’invitation du maire, Christophe Girard, pour débattre avec des partisans du projet. Je me suis retrouvé à côté d’une représentante d’une association qui défend les transsexuels. Une fois de plus, je me suis rendu compte de la spécificité de cette cause qui est, à mon sens, tout à fait distincte de la cause homosexuelle. Pour m’en être entretenu avec un ami psychiatre, expert devant les tribunaux, qui connaît les enjeux de la transsexualité, je suis dans une attitude de retrait et de respect face à ce conflit intérieur d’identité personnelle, qui n’est pas directement de nature sexuelle. Je crains qu’il y ait instrumentalisation dans le cadre d’un combat qui n’est pas vraiment celui des personnes concernées.
Je ne suis pas non plus indifférent à la plainte qui s’exprimait à la suite de mon éditorial, de la part de gens qui s’estiment insultés, moqués, dévalués. Nous devrions tous prendre conscience des véritables données de l’homosexualité, même et surtout lorsque nous nous opposons à des modifications législatives attentatoires à la symbolique du mariage. Il nous faut en premier lieu refuser tout ce qui peut blesser, tout ce qui peut disqualifier, tout ce qui ressemble à une exclusion sociale. C’est pourquoi j’ai apprécié la manifestation du 17, où toute expression hostile était bannie et où à l’accusation d’homophobie on répondait : nous vous aimons.
Chronique lue sur Radio Notre-Dame le 28 novembre 2012.
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