Aujourd’hui, conférence de presse de François Hollande dans la salle des fêtes de l’Élysée. On s’interroge sur le style du président dans ce genre d’exercice, et on rappelle les différentes manières de ses prédécesseurs. Il y a d’abord eu de Gaulle, le fondateur, l’initiateur. Avec lui, l’exercice tenait du rite, avec une manière qui n’était qu’à lui. L’auditoire l’écoutait, amical ou hostile, avec la même admiration. Car cette conférence, préparée au mot près, était à la fois une leçon d’histoire et un spectacle digne de la Comédie française. D’ailleurs le général, dit-on, se faisait assister d’un sociétaire de cette compagnie, ce qui est tout dire. A posteriori, évidemment on critique ce qu’il y avait d’impératif dans le style du général : tout était codifié, les questions préparées à l’avance avaient été réparties entre des journalistes qui étaient en mission officielle. Rien en tout cela de la spontanéité anglo-saxonne, où il est de règle que le politique soit mis à la question, malmené, poussé dans ses retranchements.
Oui, de ce point de vue là, tout a changé et notamment avec Nicolas Sarkozy qui avait renversé toutes les convenances. Imagine-t-on de Gaulle, Pompidou ou Mitterrand s’exprimer sur leur vie privée et parlant ouvertement de leur idylle amoureuse pour peu qu’ils en aient vécu une ? On se souvient aussi du même Sarkozy s’en prenant directement à Laurent Joffrin, alors à Libération, sans aucun ménagement. Les temps changent, les styles, les manières. Mais on aurait envie d’ajouter quand même : l’État demeure ! La véritable question est là. Comment le président sert-il les intérêts fondamentaux du pays ? Son langage est-il digne de sa fonction ? Et puis, cette conférence de presse, en retiendra-t-on quelque chose ? Écoutera-t-on une leçon, peut-être pas à la de Gaulle, mais au sens d’un discours structuré qui fait réfléchir et qui donne plus matière à penser qu’à polémique ? Il est vrai que François Hollande joue gros dans cette affaire : sa crédibilité. Le malmené des sondages doit s’expliquer clairement sur le sens global de ses décisions. Ses spécialistes en com’ lui ont sans doute prodigué les meilleurs conseils. Mais la conduite de l’État dépasse infiniment les impératifs de la communication. Monsieur le Président, nous vous écouterons tous avec la plus grande attention.