L’Église copte-orthodoxe a un nouveau pape - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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L’Église copte-orthodoxe a un nouveau pape

L’Église copte-orthodoxe d’Égypte vient, dimanche 4 novembre, de choisir son nouveau pape : Théodore (Tawadros) II.
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Depuis 41 ans, durée du pontificat de Chenouda III –un des plus longs de l’Histoire de l’Église copte-orthodoxe-, on n’avait pas élu un pape au Caire. C’est dire l’enthousiasme de la communauté copte, très soudée autour de son chef qui est considéré comme le père et le porte-parole des chrétiens d’Égypte. C’est une grandiose cérémonie qui, en la cathédrale Saint-Marc, siège du patriarcat, a mis fin dimanche 4 novembre à un suspense de sept mois, depuis la mort de Chenouda le 17 mars. A la fin de la messe solennelle, en présence de centaines de prêtres et de moines et de plusieurs dizaines de milliers de chrétiens, Bichoï, un petit garçon de sept ans aux yeux bandés, revêtu de l’aube des sous-diacres, a tiré sur l’autel, dans un calice de cristal, un des noms des trois candidats qui restaient en lice : deux évêques et un moine. C’est le nom de Mgr Tawadros (Théodore), évêque dans le delta du Nil, qui est sorti. Le mode d’élection du pape copte-orthodoxe, très différent des conclaves romains, est le suivant : pendant plusieurs mois, de nombreuses candidatures d’évêques et de moines sont sollicitées et examinées (les prêtres de paroisse mariés ne peuvent se présenter). Les laïcs engagés peuvent donner leur avis. Une première liste de 17 est établie, réduite à 5, puis la liste finale comporte trois noms, élus par 2250 électeurs (clergé et délégués laïcs des paroisses, y compris dans la diaspora et y compris des femmes). Chaque scrutin est précédé par trois jours de jeûne de toute la communauté. Le tirage par un enfant signifie que l’Église s’en remet au Saint Esprit, en référence explicite à l’élection de Matthias dans les Actes des apôtres. Des Coptes progressistes avaient demandé l’an dernier que le pape soit élu normalement, Chenouda III avait refusé, disant qu’il avait été choisi comme Matthias et que son successeur le serait aussi. A ce moment, une colombe blanche avait surgi dans la cathédrale et s’était posée devant lui, ce qui avait frappé les esprits…

Le nouveau pape prend le nom de Tawadros ou Théodore II, il a été choisi le jour même de ses 60 ans. Le titre de pape n’a rien à voir avec la séparation des Églises copte, syriaque, arménienne et éthiopienne des autres Églises au concile de Chalcédoine en 451. Il a été porté conjointement par le pape de Rome depuis 325, et le pape d’Alexandrie depuis 306. Tawadros II est le 118e successeur de saint Marc, fondateur de l’Église d’Alexandrie.
La communauté copte se réjouit unanimement du résultat. Mgr Tawadros est connu pour avoir fondé de nombreux groupes de prière, et un centre de retraites près d’Alexandrie. Avant d’entrer moine au monastère de Saint-Bichoï au désert de Ouadi Natroun, en 1988, il était pharmacien.

Il aura à faire face à une situation de tous les dangers pour les Coptes (13 millions en Égypte soit 16% des 83 millions d’Égyptiens, et 5 millions en diaspora.). Même si certains, terrorisés depuis l’élection de Mohammed Morsi, envisagent l’émigration pour leurs enfants, la majorité de ceux qui restent est indéfectiblement attachée à son pays, sa communauté, son Église. Jusqu’au martyre s’il le faut. Le pape Chenouda disait que «L’Égypte n’est pas une nation dans laquelle nous vivons, mais qui vit en nous». Sa hantise était qu’un jour son successeur ait à gouverner une Église copte en exil. Les Coptes redoutent par-dessus tout de quitter leur patrie pour des pays déchristianisés, sécularisés. L’exil à cause de la persécution leur est une blessure inguérissable. Profondément spirituels et même mystiques, ils aiment passionnément leur liturgie. Si leur situation était peu enviable sous Moubarak, avec des pogroms dont les médias occidentaux ont longtemps peu rendu compte, et une sous-représentation politique, elle a encore empiré depuis. Les enlèvements de fillettes coptes, pour les marier de force à des islamistes, se sont multipliés, ainsi que l’obligation du voile intégral pour les écolières de six ans. Les islamistes attendaient, vendredi 9 novembre, un million de manifestants place Tahrir pour exiger que la charia remplace la constitution, et que le mariage des filles soit autorisé dès neuf ans.

Certains Coptes souhaitent que leur Église soit plus centrée sur la spiritualité et ne s’occupe plus de politique, comme le faisait Chenouda III qui a défendu les chrétiens pendant quatre décennies face au pouvoir. Les jeunes Coptes lui ont reproché quelques compromissions. Mais il a aussi beaucoup dialogué avec les instances islamiques. Quelle sera la marge de manœuvre de son successeur ?