La nouvelle évangélisation ou l’inattendu de Dieu : un chemin de sainteté - France Catholique
Edit Template
Marie dans le plan de Dieu
Edit Template

La nouvelle évangélisation ou l’inattendu de Dieu : un chemin de sainteté

Copier le lien

La nouvelle évangélisation n’est pas une invention des papes pour « recruter », c’est un don de Dieu qui suscite ce mouvement dans l’Eglise, pour le monde d’aujourd’hui, un mouvement à accueillir et qui passe pour cette raison, a insisté le synode (7-28 octobre) par l’appel à la sainteté de tous les baptisés. Et les surprises ne sont pas finies : il faut s’attendre à l’inattendu de Dieu.

La Toussaint au quotidien

La sainteté, la sainteté des fidèles laïcs, grand thème s’il en est du Concile Vatican II a été au rendez-vous du synode sur la nouvelle évangélisation qui s’est achevé à Rome après trois semaines de débats en assemblée générale et en carrefours linguistiques, dimanche 28 octobre, à la veille de la Toussaint.

Lors du Grand jubilé de l’An 2000 le pape Jean-Paul II avait voulu que l’Eglise fasse la vérité sur son histoire et un certain cardinal Joseph Ratzinger a participé à la grande célébration de demande de pardon, en la basilique Saint-Pierre, le 12 mars 2000. Une demande de pardon pour les péchés des membres de l’Eglise au cours des siècles.

Le préfet pour la Doctrine de la foi avait lu la demande de pardon pour les moments où des membres de l’Eglise ont défendu la vérité avec des armes contraires à l’Evangile.

Mais en même temps, le pape polonais, ordonné prêtre le 1er novembre 1946, en la fête de la Toussaint, n’a cessé de rappeler la sainteté de l’Eglise et la sainteté dans l’Eglise. Et la première sainte de l’An 2000 a été sainte Faustine Kowalska. Jean-Paul II plaçait ainsi symboliquement le nouveau millénaire de l’Eglise sous le signe de la sainteté et de la miséricorde.

Le travail de la Congrégation pour les causes des saints ne s’est pas ralenti sous le nouveau pontificat.

Et voilà que l’une des 58 « Propositions » finales remises par le synode à Benoît XVI est consacrée à cette exigence qui découle du baptême et elle est donc adressée à tous les baptisés.

L’intensité du choc entre la foi et la peur

La « proposition 23 » affirme en effet que les saints sont des « modèles efficaces » pour la Nouvelle évangélisation : « La sainteté est une part importante de tout engagement évangélisateur pour celui qui évangélise et pour le bien de ceux qui sont évangélisés ».

« L’appel universel à la sainteté est constitutif de la nouvelle évangélisation, qui voit dans les saints des modèles efficaces de la variété des formes dans lesquelles cette vocation peut être réalisée », disent les pères synodaux.

La clef, c’est la rencontre de Jésus-Christ : « Ce qui est commun dans les histoires variées de la sainteté est la suite du Christ ; cela s’exprime dans une vie de foi active dans la charité qui est une proclamation privilégiée de l’Evangile ».

C’est ce qui donne tout leur sens aux canonisations – pas moins de sept ! – au cœur du synode, et précisément le dimanche des missions : la sainteté, c’est possible, regardez comme ils ont fait !

La Vierge Marie montre le chemin: « Nous reconnaissons en Marie un modèle de sainteté qui se manifeste dans des actes d’amour allant jusqu’au don suprême de soi ».

Mais la proposition précédente (22) a aplani la route en indiquant la nécessité d’une « conversion » et d’un « renouveau dans la sainteté », en affirmant la réalité du combat spirituel, quelle que soit la situation du chrétien: « Le drame de toujours et l’intensité du choc entre le bien et le mal, entre la foi et la peur, devraient être présentés comme le fondement essentiel, un élément constitutif de l’appel à la conversion au Christ. Cette lutte se poursuit à un niveau naturel et surnaturel ». Plus encore, les évêques ont affirmé qu’ils étaient concernés au premier chef par cette exigence de conversion à la fois « personnelle »,
« communautaire », « pastorale ».

Commencer par soi-même

Le cardinal Schönborn, archevêque de Vienne, a bien résumé l’esprit de ces propositions en disant : « J’ai été très touché par le fait que de nombreux évêques ont déclaré que nous pouvons évangéliser seulement si nous nous laissons évangéliser nous-mêmes. (…) Nous ne pouvons pas nous évangéliser nous-mêmes, nous devons nous laisser évangéliser, comme le rappelle le Catéchisme : personne ne peut s’annoncer à soi-même l’Evangile. Nous devons le recevoir. Cela implique le thème de la conversion, un thème très fréquent dans les interventions des évêques. Nous ne sommes pas en train de parler de ce que devraient faire les autres mais plutôt – comme l’a dit Paul VI dans Evangelii nuntiandi – de ce que nous devons commencer avec nous-mêmes. »

« Comme Marie au Cénacle, dit-il, nous ne pouvons qu’attendre Dieu. Nous devons beaucoup prier et avoir beaucoup confiance ».

Qu’on ne s’y méprenne donc pas. Il ne s’agit pas d’efforts ni de record. On n’entre pas dans la sainteté par volontarisme, on n’entre pas dans la nouvelle évangélisation, on la reçoit comme un don: « La nouvelle évangélisation n’est pas notre invention, a rappelé le pape, mais un dynamisme qui s’est développé dans l’Eglise de façon particulière à partir des années cinquante du siècle dernier, lorsqu’il est apparu évident que même les pays d’ancienne tradition chrétienne étaient devenus, comme on dit, une « terre de mission ». »

La confiance dans le Christ

Pour le Pape, deux certitudes: « D’une part, c’est Lui seul, le Christ, la vraie nouveauté qui répond aux attentes de l’homme de chaque époque, et d’autre part, son message requiert d’être transmis de façon adéquate pour des contextes sociaux et culturels qui ont changé ».

« La parole du Christ nous invite à la confiance et à l’acte de foi en Lui », insiste le pape.

Il invoque l’Esprit Saint: « Puisse l’Esprit Saint rendre votre témoignage lumineux afin que beaucoup découvrent et suivent le Christ, Rédempteur de l’homme ».

Mais comment se manifeste cette oeuvre de l’Esprit-Saint ? Les nouveaux évangélisateurs, a expliqué Benoît XVI dans sa dernière homélie du synode, sont « des personnes qui ont fait l’expérience d’être guéries par Dieu, par l’intermédiaire de Jésus Christ. Et leur caractéristique est la joie du cœur ». Une rencontre avec le Christ qui transforme.

Du Cambodge à la Norvège, l’inattendu de Dieu

Commentant l’Evangile de la guérison de l’aveugle Bartimée, le pape fait observer qu’il est « essentiel » de se « reconnaître aveugles, de reconnaître qu’on a besoin de cette lumière, sans quoi on reste aveugle pour toujours ».

Il indique trois directions pour ce chemin de sainteté et d’évangélisation tout ensemble: l’attention aux sacrements de l’initiation chrétienne, l’annonce de l’Evangile « ad gentes » et l’annonce au baptisés qui ne vivent pas en accord avec leur baptême, se sont «éloignés ».

Le synode a aussi proposé des témoignages de vie chrétienne éloquents. Le pape en a retenu deux : la renaissance de l’Eglise catholique au Cambodge, décapitée naguère par le génocide perpétré par les Khmers rouges, et la vitalité de l’Eglise en Norvège, en dépit de la sécularisation. Un témoignage qui avait échappé aux meilleures agences qui l’ont parfois publié juste après que le Pape a attiré l’attention sur lui.

Le cardinal Schönborn, qui a évoqué ces deux exemples cités par le pape, a proposé la clef de cette « pentecôte » vécue par les pères du synode, en invitant les fidèles et les pasteurs à s’attendre à « l’inattendu » de Dieu. Il faut se garder, recommande-t-il, de ne voir que « le vent qui souffle contre nous », alors que « le souffle de l’Esprit-Saint est également perceptible ».

Le paradigme de Massabielle

Il relève les paroles du Pape : « A la fin il nous a assuré que nous pouvions avoir confiance dans l’inattendu. Ceci est important aussi pour moi en Autriche, pour toutes les difficultés que nous avons. Trop souvent on ne partage pas les belles choses. Nous devons être toujours ouverts à l’inattendu ».

Cet inattendu, c’est l’initiative de Dieu. Qui libère les énergies de son Peuple, qui cesse de jouer en défense – même si la « défense » est indispensable comme le montrent les enjeux de société actuels. Mais la nouvelle évangélisation apparaît ainsi comme le mouvement de l’Eglise qui propose, qui devance, qui anticipe, qui prend elle aussi, à son tour, l’initiative. Qui n’a pas peur car le Christ est Maître de l’histoire, quoi qu’il arrive.

L’archevêque de Vienne conclut par cette image d’actualité : « Qui aurait pensé en 1850 qu’à Lourdes jaillirait une source, qui deviendrait une source d’espérance et de force pour des millions de personnes? »

C’est peut-être l’image à retenir pour la nouvelle évangélisation comme chemin de sainteté – au moment où la grotte de Massabielle a fait la une des journaux télévisés en raison de l’impétuosité du Gave – : l’image de la docilité spirituelle de Bernadette Soubirous qui obéit à l’invitation de la Vierge Marie, creuse dans la boue et persévère jusqu’à ce qu’une eau limpide jaillisse pour purifier et guérir.