Les catholiques dans la communauté politique - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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Les catholiques dans la communauté politique

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Tout un chapitre de l’enseignement de Vatican II dans la Constitution sur l’Église dans le Monde Moderne est consacré à la question du rôle des catholiques dans la communauté politique.

Ceci ne devrait pas vraiment surprendre. La vie politique des citoyens est intimement mêlée à la vie économique, sociale et culturelle, et ce précisément à cause de la nature même de ce que signifie être homme. Par conséquent, la participation à la vie politique n’est pas optionnelle.
Le Concile l’explique ainsi :


 » Parmi les liens sociaux nécessaires à l’épanouissement de l’homme, certains, comme la famille et la communauté politique, correspondent plus immédiatement à sa nature intime ; d’autres relèvent plutôt de sa libre volonté. » 1

Le principe sous-jacent, c’est que la nature relationnelle de l’être humain conduit les individus à s’engager dans plusieurs groupes, qui tous contribuent à le faire grandir en humanité.

Qu’est donc exactement la politique ? Selon les termes du concile (enseignement faisant autorité) la politique concerne

« les droits et les devoirs de chacun dans l’exercice de la liberté civique et dans la poursuite du bien commun, comme pour ce qui regarde l’organisation des relations des citoyens entre eux et avec les pouvoirs publics. » 1

En particulier, l’individu se doit de travailler à l’accomplissement du « bien commun » dans la mesure où celui-ci peut être mis en œuvre dans la sphère politique. Le Concile n’a pas cependant laissé sans explication un terme si lourd de sens.

Une fois encore, nous avons là un repère, si je puis dire, un point d’ancrage pour notre compréhension des droits et devoirs politiques de l’individu. Le Concile dit que le bien commun, c’est :

cet ensemble de conditions sociales qui permettent, tant aux groupes qu’à chacun de leurs membres, d’atteindre leur perfection d’une façon plus totale et plus aisée, (qui) prend aujourd’hui une extension de plus en plus universelle, et par suite recouvre des droits et des devoirs qui concernent tout le genre humain. Tout groupe doit tenir compte des besoins et des légitimes aspirations des autres groupes, et plus encore du bien commun de l’ensemble de la famille humaine. 1

D’une manière un peu longue, le Concile soulignait que nous sommes liés les uns aux autres non seulement pare ce que nous sommes de la même nature que les autres, mais, bien que cela ne soit pas dit explicitement dans ce document, parce que le Christ est mort pour tous.

Par conséquent, au delà de notre nature semblable, il existe une communauté surnaturelle qui a sa propre téléologie, et nous pouvons soit apporter notre contribution à cette finalité, soit nous y opposer. Ainsi, lorsque nous agissons sur le plan politique, nous avons le devoir de prendre en considération le pauvre, l’infirme, le faible, l’enfant à naître, le vieillard, et la personne marginalisée parce que nous sommes liés à eux.

Et donc, lorsque nous agissons, nous le faisons pour ou contre tous ces groupes. Ceci entre en contradiction avec l’éthique de la « génération du « moi d’abord » », mais c’est ainsi que Dieu a voulu les choses.

Analysant ce qui nous est commun, le Concile pointe, en premier lieu « une conscience croissante de l’éminente dignité de la personne humaine, supérieure à toutes choses et dont les droits et les devoirs sont universels et inviolables. » 1 Il indiquait également qu’il existe une conscience politique croissante de cette dignité.

L’Église en était déjà consciente pour des raisons théologiques, comme elle l’avait toujours été. La déclaration du Concile parle de « croissance » grosso modo parce que, malheureusement, un grand nombre de Catholiques n’a pas connaissance de la dignité de l’homme, ou même agit comme si elle n’existait pas. Ceci vaut pour un grand nombre de propriétaires terriens, de mères qui interrompent leur grossesse, et bien d’autres encore.

Une fois ce fondement établi, le Concile poursuivait : « Il faut donc rendre accessible à l’homme tout ce dont il a besoin pour mener une vie vraiment humaine, par exemple : nourriture, vêtement, habitat, droit de choisir librement son état de vie et de fonder une famille, droit à l’éducation, au travail, à la réputation, au respect, à une information convenable, droit d’agir selon la droite règle de sa conscience, droit à la sauvegarde de la vie privée et à une juste liberté, y compris en matière religieuse » 1

Ainsi, des conséquences directes découlent de la dignité de chaque personne humaine, que nous connaissions ces gens ou pas, qu’il soient ou non de notre classe sociale. Ce principe encadre complètement notre activité politique parce que nos décisions politiques ont des conséquences sur tant de gens.

Point supplémentaire : on ne peut suivre une conscience faussée. S’appuyer sur la « conscience » ne peut servir d’échappatoire pour contourner ou s’opposer à l’enseignement de l’Église.

L’enseignement du Concile souligne l’importance morale d’actes qui pourraient apparaître anodins, comme le fait de voter. Sous cet éclairage, on ne peut tout simplement pas se comporter à l’égard de l’activité politique comme on le ferait quand on est supporter d’une équipe de football. Ce n’est pas « l’intuition » qui opère ici.

Au lieu de cela, il s’agit de faire de gros efforts pour connaître la vérité que l’Église expose pour nous. Nos propres préférences n’entrent pas en ligne de compte parce qu’aucun d’entre nous n’est Seigneur de l’univers. Il y a déjà quelqu’un qui occupe ce poste !

Pour terminer, on peut dire que l’activité politique est quasi-religieuse, parce que, à travers elle, nous construisons ou détruisons notre relation à Dieu et à son peuple : « Je vous le déclare, chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits, c’est à moi que vous l’avez fait. » (Matthieu 25, 40) 2

Notre manière de voter a des conséquences sur la vie et la mort des gens.


 Bevil Bramwell, prêtre Oblat de Marie Immaculée, enseigne la théologie à la Catholic Distance University. Il est titulaire d’un doctorat de l’Université de Boston et travaille dans le domaine de l’ecclésiologie.


Source : http://www.thecatholicthing.org/columns/2012/catholics-in-the-political-community.html

  1. Gaudium et Spes; traduction :
    http://www.vatican.va/archive/hist_councils/ii_vatican_council/documents/vat-ii_const_19651207_gaudium-et-spes_fr.html
  2. traduction TOB