Fin du village, explosion de l'urbain - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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Fin du village, explosion de l’urbain

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Le facteur, hier, m’apportait le dernier livre de Jean-Pierre Le Goff, intitulé La fin du village (publié chez Gallimard), et je prenais connaissance le jour même, par Le Monde, d’une étude indiquant qu’entre 2000 et 2030 l’espace urbain mondial aura triplé. J’ai été frappé par ce rapprochement, qui montre comment une étude ciblée faite par un sociologue, une étude de terrain sur un petit village du Lubéron, prend valeur universelle puisqu’elle concerne une tendance généralisée de la géographie humaine. Le monde rural est en train de disparaître et nous assistons à une inflation de la ville qui est de plus en plus dévoreuse d’espace, d’énergie et évidemment de population. Ce qui d’ailleurs va à l’encontre de l’impératif écologique sans cesse réaffirmé aujourd’hui. Alors qu’il faudrait sauver la planète, en protégeant son espace naturel, donc rural, la civilisation des campagnes est en train de mourir et la ville impose partout son empire.

Oui, je l’avoue, j’aime la campagne, j’aime nos villages. Cela ne fait pas de moi pour autant un ennemi de la ville. Bien au contraire ! Tout le temps disponible de l’été je le passe à la campagne, mais je rentre à la ville sans problème dès la rentrée de septembre, et j’en savoure tous les agréments. Paris quand même, c’est toujours une ville formidable, non ? Mais je m’inquiète en même temps d’une rupture d’équilibre. Depuis si longtemps que je parcours la France, j’ai assisté à la croissance — que dis-je ! — à l’explosion de la ville et de l’espace urbain. Partout, que ce soit à Rouen, à Avignon ou à Toulouse. Parallèlement, je m’apercevais du déclin continu et inéluctable de nos campagnes, avec la disparition des petites exploitations agricoles et le départ des jeunes vers les bassins d’emploi. Bien sûr, c’est la rançon du progrès, la conséquence d’évolutions technologiques qui ont allégé en partie la peine des hommes.

C’est le constat de Jean-Pierre Le Goff, dont j’ai commencé la lecture. Sans cultiver je ne sais quelle nostalgie passéiste, il faut bien prendre acte de cette disparition d’une culture. En étudiant son village provençal, notre sociologue déclare avoir observé « le microcosme du mal-être français », c’est à dire le sentiment de quitter une époque pour une autre, sans trop savoir ce que celle-ci sera vraiment et quel type d’humanité elle façonnera. Un beau sujet qu’avec Le Goff il faudra approfondir.

Chronique lue sur Radio Notre-Dame le 25 septembre 2012.