OGM : expertise et fantasmes - France Catholique
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Un autre regard sur le poverello
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OGM : expertise et fantasmes

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C’est une véritable volée de bois vert. Exploitation médiatique outrancière, manquements à la déontologie, méthodes critiquables, les attaques se sont succédées contre les conclusions de l’étude du biologiste Gilles-Eric Séralini sur la toxicité des organismes génétiquement modifiés.

Toutes ces critiques ne sont pas infondées, loin de là, à commencer par celles concernant le véritable tapage qui a entouré la publication. Le téléspectateur a été abreuvé jusqu’à la nausée par les images de rats affligés de tumeurs monstrueuses. Une telle recherche du sensationnel est rarement un gage de rigueur scientifique.

Reste que les travaux du professeur Séralini et de son équipe présentent un atout difficilement contestable : ils sont pour l’instant les seuls à concerner le long terme, ici deux ans, soit les deux tiers de l’espérance de vie moyenne d’un rat. Jusqu’à présent, la plupart des études concernant les dangers éventuels des OGM sur les organismes vivants se limitent à une durée de 3 mois.

Ce seul point mérite réflexion. Ceux qui produisent et commercialisent les semences transgéniques n’ont donc pas mené une recherche complète sur les conséquences éventuelles de ce qu’ils proposent à nos agriculteurs. On nous dit que les OGM ne font pas de victimes, mais on se garde bien de chercher sérieusement à le prouver, ou à prouver le contraire.
Mais au-delà de la querelle d’experts, il y a le psychodrame.

Indépendamment de leur nocivité réelle ou supposée, les OGM sont devenus une véritable boîte à fantasmes. Nous avons d’un côté les grandes multinationales, omniprésentes et toutes puissantes, soumises à la seule loi du profit maximum, et de l’autre les défenseurs de la nature et de notre santé. En somme, l’éternel combat de la lumière contre les ténèbres, des vertueux démocrates contre l’infernale conspiration du grand capital. En somme, la théorie du complot avec tout son arsenal séduisant et même télégénique, et toute sa dangereuse démagogie. Il faut dire qu’ici, l’adversaire désigné (les grands semenciers internationaux) se défend peu, et fort mal.

On est en droit de regarder les OGM avec suspicion et d’attendre d’autres études sérieuses. Mais ce n’est rendre service ni à l’agriculture ni à l’environnement que de céder au complotisme ou d’enfermer un débat légitime dans des postures qui tiennent plus de l’agitation politicienne que de la recherche scientifique. Le monde n’est ni tout noir, ni tout blanc.