Benoît XVI sera demain à Beyrouth. Défiant tous les conseils de prudence, il a lui-même souhaité maintenir ce voyage que beaucoup considèrent à risque, à cause de la guerre civile qui sévit dans la Syrie toute proche. Cela me rappelle des précédents. Jean-Paul II avait dû attendre longtemps pour se rendre au Liban, en proie lui aussi à un conflit intérieur, qui avait failli le détruire. Le cardinal Albert Decourtray, alors archevêque de Lyon, président de la Conférence des évêques de France avait été obligé lui aussi d’ajourner une visite au pays du cèdre, la secrétairerie d’État du Vatican lui ayant formellement déconseillé d’affronter un risque trop important. Cela ne l’avait pas empêché de se rendre sur place en 1985, nouant de précieux contacts et organisant un système d’échange pour venir au secours de la population. La situation est à nouveau critique, mais Benoît XVI a estimé que son devoir lui commandait d’aller porter un message de paix et d’espérance, non seulement à destination du Liban, mais à celle d’un Moyen-Orient en grand péril d’embrasement.
À la veille de son départ, hier salle Paul VI, le Pape a indiqué les deux axes de sa mission. Le premier consiste dans un appel à toute l’Église pour une plus grande solidarité avec les chrétiens de la région afin que ces derniers puissent « continuer à témoigner du Christ sur ces terres bénies en recherchant la communion dans l’unité ». En une formule s’affirme ainsi le souci lancinant pour l’avenir des chrétiens du Proche-Orient, de moins en moins nombreux du fait des menaces dont ils sont l’objet et de la vie impossible qui est la leur en beaucoup d’endroits. Le second axe concerne la mission spécifique de ces chrétiens en faveur de la coexistence des religions et du dialogue des cultures. C’est d’ailleurs l’objet de l’exhortation apostolique dont il transmettra le texte aux évêques et qui est le fruit d’un synode pour le Proche-Orient, qui s’était tenu à Rome en octobre 2010.
On cite souvent la célèbre phrase du général de Gaulle dans ses Mémoires de guerre : « Vers l’Orient compliqué, je volais avec des idées simples. » Je ne sais pas si tel est le sentiment de Benoît XVI, mais ce qui est sûr c’est que face à la complexité souvent dramatique de la région, il assènera ses certitudes simples mais salvatrices : confiance et réconciliation !
Chronique lue sur Radio Notre-Dame le 13 septembre 2012.