Papisme et Populisme - France Catholique
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Pâques. La foi des convertis
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Papisme et Populisme

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Dernièrement, je travaillais dans la salle des périodiques au Séminaire St-Joseph de Yonkers, quand je suis tombé sur un article intitulé : « Plaidoyer pour la liberté de conscience », dans l’édition de juillet 1868 du Monde catholique — en son temps l’un des plus importants périodiques de New York. Comme on peut le supposer, l’article parle du préjugé anti-catholique sous la Guerre de Sécession, bien que l’auteur anonyme se concentre particulièrement sur les entraves et difficultés rencontrées par les convertis ou les futurs convertis.

Il écrit qu’  « il y a probablement cinquante mille convertis au sein de l’Eglise catholique… et bien d’autre seraient heureux de le devenir si cela n’exigeait pas de sacrifices ». Mais une personne qui rejoignait l’Eglise :


se trouvait traitée comme un individu qui aurait abjuré le christianisme, et se serait engagé dans une conspiration contre son pays et la race humaine, ou comme s’il avait été repéré comme parjure, ou faussaire. (Fausse monnaie)

A l’époque, d’ailleurs, la situation n’était guère meilleure pour les catholiques d’origine :

Leur religion est attaquée et ridiculisée, sans aucun souci de bienséance ou de politesse, comme si un catholique était exclu de la catégorie de personnes dont les convictions et les sentiments méritaient le respect.

Sautons un siècle : Je me demande combien de lecteurs se souviennent de La première famille, un album enregistré par un comédien nommé Vaughn Meader, dans lequel il faisait une plutôt bonne imitation de la voix du Président John F. Kennedy (à propos de ce disque, JFK a déclaré : « on croirait entendre Bobby » (Kennedy)).

A un moment on demande au « président » si lui, un catholique, pense qu’un juif pourrait être élu à la fonction suprême du pays. Meader prenant ses intonations répond :


« Je, ah, ne vois pas de raison, à un certain moment dans l’avenir, pour qu’un membre de, ah, la foi juive ne puisse pas devenir Président des Etats-Unis. (Pause) Bien sûr, en tant que catholique, je ne pourrais jamais voter pour lui… »

Je mentionne ceci car l’auteur du Monde Catholique de 1868, après avoir présenté un compte rendu varié et parfois sidérant des préjugés anticatholiques en Amérique, après une évocation émouvante du patriotisme des catholiques, et après un plaidoyer éloquent pour la liberté religieuse et l’ouverture d’esprit, dit que, bien sûr, il y a des limites à la tolérance.

Ce qui porte atteinte à l’ordre et à la paix des relations naturelles qui nous lient les uns aux autres dans la société ne peut pas être toléré sous prétexte de liberté de conscience ou d’opinion. Ainsi, le mormonisme n’a aucun droit sous notre loi (Américaine), et ne devrait pas être toléré, et le « mahométanisme » non plus.

Liberté pour moi, pas pour toi.

Il est intéressant de voir que son argumentation repose sur l’idée (certainement bien fondée) que les anticatholiques n’ont pas compris le catholicisme ; l’ont vu, en fait, comme un culte étranger et séditieux. Au contraire, il insiste sur le fait qu’un « vrai catholique sera un bon citoyen et respectera les lois », alors que les mormons et les musulmans ne le pourront pas. C’est une ironie, cette année où beaucoup de catholiques vont voter pour élire un mormon à la présidence !

Ceci me rappelle une autre blague des années 60. Quand j’étais petit et protestant dans l’Ohio, et que JFK venait d’être élu, certains de mes camarades de classe (et moi avec eux), prenaient un demi dollar — de ceux qui ont le portrait de Ben Franklin au verso, et avec le vernis à ongles rouge de nos mamans, peignaient sur le crâne de Ben une calotte. Nous l’appelions « le quart de dollar Kennedy » (considérant que l’inflation nous guettait au tournant).

Et puis, il y a eu celle-ci :


Savez-vous qu’Ike s’est cassé la jambe ?

Non, comment ?

Il s’est pris les pieds dans les valises du Pape en quittant la Maison Blanche !

Ha ha très drôle !

J’ai peut-être l’air de sortir d’un nid de nativistes, mais les choses ont énormément changé au pays des marronniers, pendant le dernier demi siècle. On le voit très clairement cette année en constatant que les attaques politiques contre les catholiques sont des attaques contre tous les chrétiens.

Ce qui est réellement intéressant à propos de notre éditorialiste du 19° siècle, c’est sa conviction (encore une fois, bien fondées) qu’un nouvel esprit d’unité chez les catholiques en Amérique était en partie ce qui agitait la majorité protestante (la Race Anglaise, comme il les appelle) : que les catholiques n’étaient pas seulement perçus comme une foule malodorante et dépenaillée, avec de drôles d’accents et des visages sales, mais comme une force croissante, socialement et politiquement. Et qu’un chef – un John Cardinal Mac Closkey ou, plus récemment un Archevêque John Hughes – pourrait manipuler cette horde papiste à des fins inamicales envers les intérêts de « l’Establishment ».

Mais, comme on dit, c’était dans le temps.

George Marlin a écrit pour nous un feuilleton, Les Catholiques et l’élection 2012 : Un guide Etat par Etat, dans lequel il considère l’impact du vote des catholiques dans l’histoire, et dans l’élection présidentielle qui approche. Personne n’en sait plus à ce sujet que l’auteur de L’électeur catholique américain : deux cents ans d’influence politique, cependant, pas même Monsieur Marlin ne peut dire jusqu’à quel point les votes catholiques effectués en novembre, refléteront vraiment l’enseignement de l’Eglise .
Ce que je crains : La nouvelle force anticatholique en Amérique est… Les Catholiques. Comme le dit un autre humoriste des années soixante :

Nous avons rencontré notre ennemi : c’est nous !

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Brad Miner, diplômé de l’Université de l’Ohio, est éditeur senior de The Catholic thing, membre senior de l’institut Foi et Raison, et membre du bureau de l’aide à l’Eglise en détresse aux USA.

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Source : http://www.thecatholicthing.org/columns/2012/popery-and-populism.html