Melinda Gates : une occasion ratée - France Catholique
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Marie dans le plan de Dieu
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Melinda Gates : une occasion ratée

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Melinda Gates est à Londres cette semaine, à la tête d’un ”Sommet à tout casser” au cours duquel la Fondation Bill et Melinda Gates, avec le soutien du gouvernement britannique veut lancer une campagne pour récolter 4 milliards de dollars afin de procurer d’ici à 2020 des ”fournitures Planning Familial” à 120 millions de femmes.

Le Planning Familial International est devenu pour elle, avec des justifications mineures mais prévisibles — la surprise est qu’elles aient survécu à son ”examen de conscience” — la priorité N°1. Pas pour ”le contrôle de la population mondiale”, soyez rassurés, ni aucune autre expression ayant des relents de coercition, impérialisme ou autres.

Elle montre les 100 000 femmes mourant en couches chaque année de par le monde — explication intéressante — en raison de ”grossesses non souhaitées” et les 600.000 bébés nés de telles grossesses mourant au cours de leur première année. Voilà pourquoi la ”grossesse non souhaitée” devient une cause de décès — tout comme les complications et infections qu’on peut traiter chez nous mais tuent là-bas, que la grossesse ait été souhaitée ou non.

Voilà qui ouvre la voie à la fuite en avant devant la mortalité maternelle et infantile, où l’amélioration de la qualité des soins — par l’accent sur les stratégies de survie mises en pratique — est subordonnée à l’objectif de réduire le nombre de grossesses. Pour une fondation privée se flattant d’innovation, adopter un tel concept frelaté chargé d’idéologie révèle un manque total d’imagination.

Son énergie créative est calée sur le développement des techniques de contraception : mise au point de contraceptifs auto-injectables, ou encore d’une nouvelle catégorie de produits non hormonaux sans effets secondaires. Les membres de la fondation cultivent même la ”folle idée” (l’expression est de leur cru) de fabriquer un implant qu’une femme pourrait activer ou neutraliser à volonté et capable de durer tout le temps de sa fécondité.

Une telle intoxication par des promesses de ce genre de technique, méprisante pour le genre humain, enracinée dans le matérialisme, ressemble à une sorte d’imaginaire résistant d’évidence à la raison. Elle néglige notre faculté de déterminer tout l’éventail des inclinations naturelles que la technique ne saurait maîtriser, ou même de constater le désastre que la contraception a apporté au cours des dernières décennies, sans compter les avancées réelles de l’hygiène et de la médecine pour faire reculer la mortalité.

Désormais, tout va changer : la technique apportera tout. Les pays s’extirperont de la pauvreté. C’est ce que prétendent ces gens : peu importe que la contraception, destructrice du mariage, ait eu chez nous un effet appauvrissant — même si pour eux ce n’est qu’un effet mineur. Cette initiative ne sera qu’appauvrissante et déstabilisante, privant les pauvres comme toute la société de leur plus grande ressource : la solidité des liens familiaux.

Les découvertes de la démographie ne peuvent non plus entretenir une telle croyance aveugle : le nombre d’enfants que désirent avoir les gens — leur taux de fertilité souhaité — se trouve être le meilleur indicateur de leur niveau réel de fertilité, et ne dépend pas de la disponibilité de contraceptifs.

En d’autres termes, comme l’indique l’incontesté démographe Nicolas Eberstadt, les programmes de planning familial ”n’apportent pas de contribution notable à la diminution des taux de fertilité dans les pays en voie de développement.”

Pour Melinda Gates, et contre toute évidence, aucune contradiction ne devrait être soulevée. Mais elle est assez lucide pour prendre ses distances avec des tentatives analogues, passées ou présentes, teintées de coercition, de racisme, nationalisme, eugénisme — tout ce qui pourrait être assimilé à des questions culturelles et non strictement à la science bienfaisante.

Elle nierait sans doute être une exportatrice de la menace du ”véritable et gravissime danger” à l’affût dans notre culture occidentale, que Benoît XVI a identifié comme ”le déséquilibre entre les possibilités de la technique et la force morale.”

Force morale ? Qu’est-ce que çà signifie ? Melinda Gates pense agir selon la morale — exemple typique de ce que Benoît XVI désigne comme ”le rejet de la morale vers le domaine de la subjectivité par la mentalité issue de la technique.” Elle considère simplement que traiter les questions de la sexualité ou de la loi naturelle ”dessert l’autre aspect de la mission de l’Église catholique, la justice sociale.”

Elle a récolté ces idées dans une école catholique dirigée par des Ursulines, qui viennent maintenant à son secours en offrant leur bénédiction à son initiative de promotion de la contraception.

Et voilà, c’est le résultat tout emblématique d’une époque : une catholique laïque disposant d’un large auditoire, influencée par la déliquescence de l’identité Catholique, c’est-à-dire par un Magistère séculier auto-proclamé, fait semblant d’avancer dans le monde moderne avec un lourd projet étiqueté ”humanitaire” mais condamné dès son lancement. Il ne peut en être autrement puisque il est fondé sur l’idée que ce qui repose au cœur de tout développement authentiquement humain — le tissu moral entretenant et protégeant ce que Benoît XVI appelle écologie humaine — est un obstacle à son développement.

Les défauts de son projet sont révélateurs, bien qu’elle semble persuadée du contraire. Ce que Benoît XVI appelle un manque de ”raisonnement serein” place les projets utopiques au-dessus de la dignité des individus. C’est un exemple-type de ce que le moralisme subjectif s’est montré ”capable de mépriser l’homme au nom des grandes idées.”

Bien qu’elle ait adouci ses propos avec la ”hiérarchie” — facile à dire — on n’a pas besoin de lunettes spéciales adaptées à la théologie pour tout comprendre. Mahatma Gandhi, par exemple, considérait la contraception artificielle comme un ”abîme effrayant” et, vers les années 1920, tentait de persuader les partisans de la contraception d’en envisager les répercussions, qui maintenant forment une immense forêt dont on ne voit même pas les arbres.

Melinda Gates a bien plus d’influence qu’elle croit. Non par son compte en banque, mais par sa conviction profonde, avec sa confiance en la raison et les possibilités de l’homme, dont elle a imprudemment ouvert les vannes. Les maîtriser avec sagesse et compétence mériterait un grand ”Bravo”. Mais les gens trouveraient une alternative innovante — et voudraient en profiter. On pourrait bien quand-même apercevoir des lueurs de renouveau et une renaissance humaine là où on ne l’attendrait pas.

Photo : Melinda et Bill Gates.

Source : http://www.thecatholicthing.org/columns/2012/melinda-gates-missed-opportunity.html