Il fallait s’attendre à quelques douches froides de la part du nouveau gouvernement socialiste, telle la hausse modérée du salaire minimum. C’est bien sûr la gauche de la gauche qui emploie cette expression de douche froide, en rappelant qu’elle attendait beaucoup mieux en faveur du pouvoir d’achat des plus modestes. On sait, par ailleurs, que la droite craint qu’une telle augmentation si minime soit-elle, n’aille à l’encontre de l’emploi, les petites entreprises ne pouvant plus faire face à un coût du travail qui les met en péril. Nous sommes donc revenus aux réalités, et ces réalités font souvent mal. Autre exemple : le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, dans un entretien au Monde, explique qu’il pense ne pas pouvoir dépasser les 30 000 régularisations de clandestins qui étaient opérées chaque année, du temps de son prédécesseur Claude Guéant : « Aujourd’hui la situation économique et sociale ne permet pas d’accueillir et de régulariser autant que certains le voudraient. C’est ma responsabilité de ministre de l’Intérieur de le dire. Je l’assume. »
On s’interroge alors. Si les politiques concernant l’immigration sont identiques d’un gouvernement de droite à un gouvernement de gauche, y avait-il besoin de ce débat incessant et empoisonné, qui, depuis si longtemps, oppose les uns aux autres ? Les réparties les plus dures, les mots les plus cinglants ont été échangés à propos de cette question de l’immigration, à laquelle on savait l’électorat extrêmement sensible. Je conçois que la politique a ses règles, qui sont souvent celles du théâtre. Elles se traduisent par ses mises en scène, ses indignations publiques, ses incriminations… On l’a vu durant toute la campagne électorale de ces derniers mois.
Alors au terme de tout ce déballage, je n’oserai pas dire de toute cette comédie, Sarkozy égale-t-il Hollande, Guéant et Valls, est-ce kif-kif ? Les uns et les autres protesteront de la façon la plus véhémente. Mais on est tout de même en droit de leur demander quelques comptes. Ne serait-il pas temps de changer de ton et de s’expliquer franchement sans traiter son vis-à-vis de noms d’oiseaux ? Les flux de l’immigration à travers le monde posent d’énormes problèmes. C’est vrai qu’ils peuvent donner lieu à des réactions xénophobes dangereuses. Raison de plus pour apporter le plus grand soin à des négociations internationales afin d’encadrer le phénomène, lui donner des solutions, le plus humainement et le plus équitablement possible. Est-ce trop attendre de nos politiques que de souhaiter qu’ils établissent sur un tel sujet un accord au terme d’une conférence nationale ? C’est mon souhait, en tout cas, depuis longtemps.