La communication au Vatican - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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La communication au Vatican

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Un journaliste américain, excellent connaisseur du Vatican, membre par ailleurs de l’Opus Dei, vient d’être nommé conseiller à la communication à la Secrétairerie d’État du Vatican. C’est une fonction qui n’existait pas jusqu’alors et qui semble avoir été créée à partir de l’exemple de la Maison Blanche, où le président américain est ainsi assisté d’un directeur de la stratégie de communication. La dépêche de l’agence i.media, qui opère ce rapprochement, en déduit qu’il n’est donc pas surprenant que cette fonction ait échue à Greg Burke, journaliste à la chaîne Fox News.

Ainsi le Vatican se mettrait-il aux normes modernes, ce que certains ne manqueront pas d’interpréter comme une avancée de la modernité dans une des plus anciennes administrations du monde. Sans doute, mais il ne suffit pas de crier à la modernité pour qu’une innovation soit de bon augure. Cela fait très longtemps qu’en tant que journaliste je réfléchis à cette question, avec l’aide de quelques bons spécialistes en la matière. Car il y a bien des défauts dans notre système de communication, dont certains avaient été mis en lumière par Régis Debray dans un essai acéré sur l’État séducteur. L’État séducteur, c’est en effet celui qui se met en situation, partout et toujours, de capter la bienveillance du public, en employant tous les artifices de la séduction. Cela va jusqu’à opérer un renversement de perspective. Séduire à tout prix, même au prix de la vérité, en substituant l’accidentel et le clinquant à l’essentiel, c’est le propre d’un système qui convertit tout à ses propres critères. La forme a pris le dessus sur le contenu.

C’est pourquoi il m’est arrivé de résister de toutes mes forces à ceux qui voulaient que l’Église se soumette enfin à une « vraie politique de la communication ». Mon ami Régis Debray m’approuvait : « Une Église séductrice serait aussi déviante qu’un État séducteur. » Cependant, j’aurais moi-même une piètre idée de ma profession si je ne plaidais en même temps pour une bonne communication, qui, même dans l’Église, ne saurait se passer d’hommes de métier, sérieux, connaissant la nature de l’institution, et donc capables de la faire comprendre, éventuellement aimer, mais sans jamais trahir son message. C’est donc dans cette perspective et dans cette attente que je salue l’arrivée de mon collègue Greg Burke à la Secrétairerie d’État.

Chronique lue sur Radio Notre-Dame le 26 juin 2012.