De l'utilité de la philosophie - France Catholique
Edit Template
Le martyre des carmélites
Edit Template

De l’utilité de la philosophie

Copier le lien

Ma petite réflexion d’hier à propos d’un sujet du bac en philo m’a valu une intervention intéressante d’une personne dont je peux présumer qu’elle enseigne cette discipline. En tout cas, elle s’y intéresse de très près ! Elle écrit : « On ne demande pas à un élève “ce qu’il pense”, ce qu’il croit, on lui demande de montrer qu’il est capable de réfléchir, d’utiliser intelligemment son cours, de construire une réflexion rationnelle, cohérente, pertinente. » Est-il besoin d’ajouter que je souscris pleinement à de telles propositions ? Ce qui me fournit l’occasion de rappeler le bien fondé de la classe de philosophie, qui est une originalité de l’enseignement français et qu’il convient de défendre avec la dernière énergie. Faut-il parler de son utilité, alors qu’il s’agit du savoir le plus désintéressé ? Oui, son utilité c’est justement sa non-utilité, cela dit sans volonté d’être paradoxal. Dans une civilisation qui privilégie la performance, l’efficacité, en l’assortissant éventuellement de la perspective d’un gain financier, il est vrai que l’apprentissage de la philosophie créé un écart, oblige à une sorte de retraite dans un climat particulier.

Être capable de réfléchir, c’est aussi se donner la possibilité de rompre avec la mode, les slogans et les stéréotypes d’une époque. Et cela est particulièrement difficile à un moment où la règle c’est de suivre, comme on dit, les évolutions de la société. Le principal péché aujourd’hui ne consiste-t-il pas dans la ringardise ? Est ringard celui qui se distingue du courant dominant et n’accepte pas les diktats et les représentations des médias. Oh, je ne reprendrai pas ici la thématique du « politiquement correct », car si elle est parfois nécessaire pour briser les idées toutes faites, elle pèche par ailleurs par son côté slogan. La question n’est pas de s’opposer par principe. Cela pourrait relever d’un esthétisme où d’un dandysme parfois douteux. Elle est de s’interroger à la lumière de la culture profonde et de la réflexion vraiment personnelle. En quoi telle position est vraie, telle assertion est fausse, en quoi une certaine façon de considérer la vie peut-être gravement attentatoire à ce qu’il y a de plus précieux en l’homme.

Au moins, la culture philosophique, telle qu’elle a été transmise dans notre classe de terminale, a pu aider des générations à s’orienter dans l’existence, de façon libre et réfléchie. Puisse cette tradition se perpétuer, s’approfondir et s’enrichir pour le plus grand bien des plus jeunes.

Chronique lue sur Radio Notre-Dame le 20 juin 2012.