Le défi Dawkins. - France Catholique
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« Ô Marie conçue sans péché »
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Le défi Dawkins.

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Le célèbre athée Richard Dawkins s’est montré très actif dernièrement dans sa campagne pour discréditer les croyances religieuses, tout particulièrement le christianisme, le catholicisme romain étant sa cible préférée.

Il a eu ce genre de débat avec Rowan Williams, l’archevêque anglican de Canterbury et est apparu dans un programme de télévision australien, « Q and A », avec le cardinal George Pell, l’archevêque de Sydney. Son animosité envers le catholicisme était également perceptible dans une apparition conjointe avec Lawrence Krauss, un physicien théoricien et membre de la non-croyance (comme il aime à être appelé) à l’Université Nationale Australienne.

Krauss est l’auteur du très annoncé A Universe From Nothing : Why There is Something Rather Than Nothing (Un univers issu de rien : pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien), dans lequel il soutient qu’il est hautement probable que nous soyons prochainement capables de comprendre comment l’univers entier, lois fondamentales de la physique incluses, a pu débuter « d’absolument rien », et ce sans faire appel à un quelconque créateur ou puissance surnaturelle.

Lorsqu’il parle de l’irrationalité de la croyance religieuse, Dawkins évoque souvent la foi catholique en la présence réelle du Christ dans l’Eucharistie.

L’Eglise enseigne que lorsque le prêtre prononce la formule de la consécration, le pain et le vin deviennent réellement le Corps et le Sang, l’âme et la divinité du Christ.

Le raisonnement soutenant cette doctrine connue sous le nom de transsubstantiation, emploie les catégories de matière et de coïncidence, des termes qui ont leur origine dans la philosophie d’Aristote. Selon l’Eglise, le Corps et le Sang du Christ remplacent les substances sous-jacentes du pain et du vin tout en conservant les apparences de ceux-ci. Une analyse scientifique de l’hostie et du vin consacrés ne détecteraient que les apparences extérieures.

Dawkins était d’avis, en Austalie comme à Reason Rally à Washington, que les gens devraient être encouragés à affronter les catholiques à propos de la transsubstantiation. Conservent-ils cette « croyance complètement dingue qu’une gaufrette devient le corps d’un juif du premier siècle juste parce qu’un prêtre l’a bénie ? » Une telle opinion est « de la folie furieuse ».

Il a dit au Cardinal Pell qu’il voulait bien être généreux et accepter que le cardinal puisse croire que l’hostie devient un symbole du Corps du Christ, mais que croire qu’elle devient réellement le Corps du Christ est absurde. L’hostie ne devient jamais le corps d’une personne, a-t-il dit, selon le « sens anglais usuel » qu’on attribue au mot « corps ».

Dawkins a également déclaré au cardinal que toute idée de résurrection d’un corps est absurde puisque nous savons de source sûre qu’après la mort le corps se décompose. De nouveau, il faisait appel à la signification du mot corps dans le langage commun. Comment, demandait Dawkins, quelqu’un peut-il réellement défendre des opinions aussi manifestement indéfendables ? Cela ne mérite que la raillerie publique.

La foi en la présence réelle du Christ dans l’Eucharistie découle de l’acceptation, dans la Foi, de la Révélation Divine. Faire appel à l’autorité divine comme source de la vérité n’est pas du domaine de l’acceptable pour Dawkins. Toute défense de la Foi en la présence réelle et en la doctrine de la transsubstantiation — l’Eglise en a à foison — implique des arguments métaphysiques et théologiques, disciplines que des gens comme Dawkins et Krauss rejettent comme ne collant pas à la réalité.

Il faudrait d’abord que Dawkins et Krauss reconnaissent qu’il y a dans le monde bien plus que ce que nous enseignent les sciences naturelles. Mais Krauss lui-même déclare, à propos de certains effets de la physique que « rien est tout aussi une part de la réalité physique que quelque chose » et que par conséquent, nous avons besoin « de comprendre précisément la nature physique de ces deux notions, toute définition sans la science n’étant que des mots ».

Ce à quoi un catholique peut répondre : Amen. La Raison peut réfuter des objections aux croyances. Si Dawkins et Krauss veulent comprendre ce que croient les catholiques, ils devront préalablement débattre d’un sens plus riche de la rationalité, qui ne soit pas limité aux sciences naturelles. Déclarer que seules les sciences naturelles atteignent la vérité, c’est revendiquer une hypothèse philosophique selon laquelle la vérité ne viendrait qu’après les sciences.

En Australie, Dawkins a observé que pour admettre les théories de la science contemporaine, et tout particulièrement celles de la cosmologie qui soutient qu’il peut sortir quelque chose de « absolument rien », nous devons accepter bien plus que ce que le sens commun nous permet de comprendre du monde. Sinon, dans ce cas particulier, nous comprendrions de travers ce que les physiciens comme Krauss entendent par « rien ». Selon Dawkins, la particularité de la physique moderne est qu’on ne peut y atteindre par le sens commun.

Une telle déclaration vient d’un homme qui tourne en ridicule l’usage du mot « corps » dans l’enseignement catholique sur l’Eucharistie parce qu’elle va contre le sens commun. Le vocabulaire de la Foi, tout comme celui de la physique, doit être compris en termes techniques. Mais Dawkins ne veut pas accorder un vocabulaire spécialisé à la théologie et à la philosophie, alors qu’il est si désireux d’en offrir un à la physique.

Le Corps du Christ, présent dans le sacrement de l’Eucharistie, bien que réel (ni symbolique ni métaphorique) est énormément différent des corps ordinaires sujets à une analyse empirique. C’est une présence sacramentelle et seule la théologie soutenue par la philosophie peut en rendre intelligible le contenu.

Même les catholiques échouent souvent à comprendre — et à défendre — cette vérité fondamentale. Quand une jeune femme de l’auditoire à l’Université Nationale Australienne, se présentant comme catholique, a défié Dawkins et Krauss de distinguer leur prise de position de celle d’une religion, Dawkins lui a répliqué : croyez-vous réellement à la doctrine de la présence réelle. Elle a eu vite fait de répondre que non, bien évidemment.

Les catholiques doivent se tenir prêts à relever ce défi. Les arguments théologiques et philosophiques ne paraîtront sans doute pas irrésistibles — ni même dignes d’une attention rationnelle — aux yeux de Dawkins et de ses disciples. Mais les catholiques avertis devraient être bien mieux préparés à utiliser leur raison pour défendre leur foi.

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illustration : Deux athées intronisés : Richard Dawkins (à gauche) et Lawrence Krauss.

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Source : http://www.thecatholicthing.org/columns/2012/the-dawkins-challenge.html