La logique des résultats du premier tour des élections législatives conduit à la perspective d’une majorité acquise au président de la République. On voit mal par ailleurs s’instaurer une nouvelle cohabitation en début de mandat présidentiel. Ce serait une première dans l’histoire de la Ve République, qui créerait un sérieux dysfonctionnement dans les institutions, à l’heure où la gravité de la situation économique commande l’unité d’inspiration et de décision. Il faut dire aussi que la ligne de conduite de François Hollande et de son gouvernement demeure largement énigmatique, les premières décisions prises à ce jour en matière économique et sociale ne pouvant en aucun cas préjuger d’une stratégie clairement dessinée. En raison de la gravité des remous de la zone euro, de la situation de la Grèce et de l’Espagne, on peut prévoir que le pouvoir socialiste devra se montrer pragmatique, et il n’est pas sûr que les principes idéologiques, quels qu’ils soient, libéraux ou anti-libéraux, résisteront longtemps à l’ampleur d’une tourmente que rien n’a pu encore apaiser.
En même temps, les chrétiens que nous sommes, en lien avec nombre d’hommes et de femmes de bonne volonté, demeurent anxieux des projets gouvernementaux qui perturberaient gravement les assises de la vie sociale et l’existence même de la cellule familiale. Certains pourraient se décourager en alléguant des sondages qui montrent à quel point l’opinion publique a été désorientée par des campagnes sans cesse traduites en langage télévisuel et publicitaire. Mais il faut savoir que dans un tel domaine, rien n’est jamais perdu d’avance, ni même perdu définitivement. On s’en aperçoit aux États-Unis où les défenseurs de la vie qui paraissaient minoritaires ne cessent de marquer des points. Ce qui s’est passé outre-Atlantique pourrait se produire également en France. Rien n’est jamais perdu, dès lors qu’il s’agit de s’accorder ou non au sens profond de la vie humaine. Et c’est le christianisme qui projette une lumière d’espérance sur les plus difficiles combats ici-bas. Ce terme de combat n’est pas usurpé dès lors qu’il s’inspire de l’enseignement de l’apôtre: « J’ai combattu le bon combat, j’ai achevé ma course, j’ai gardé la foi. Et maintenant, voici qu’est préparée pour moi la couronne de justice, qu’en retour le Seigneur me donnera… » (2 Tm 4,7-8).