La bataille d'Hénin-Beaumont - France Catholique
Edit Template
Le martyre des carmélites
Edit Template

La bataille d’Hénin-Beaumont

Copier le lien

Les élections législatives concentrent en priorité l’attention sur le principal rapport de forces, celui qui met aux prises le Parti socialiste et l’UMP. Mais elle pique aussi l’intérêt sur quelques figures du jeu politique, qui sans être à proprement parler marginales, constituent des figures symboliques de la scène nationale. Il en va ainsi de Marine Le Pen et de Jean-Luc Mélenchon dont les médias ont retransmis sans défaillance le face-à-face haut en couleur d’Hénin-Beaumont. L’affaire s’est mal terminée pour le leader flamboyant du Front de gauche, qui s’y est peut-être mal pris. Pourtant un premier sondage avait annoncé sa probable victoire. Il avait déjà connu pareille déconvenue pendant la présidentielle, au moment où les instituts faisaient part d’un frémissement de l’opinion, et même plus encore, qui semblait correspondre aux rassemblements spectaculaires organisés à Paris, Toulouse ou Marseille.

Jean-Luc Mélenchon a cru qu’en tapant comme un sourd contre Marine Le Pen, il la déstabiliserait tout en créant un élan d’adhésion à gauche. Mais il a réussi à provoquer le contraire. Il n’a pas fait attention que la population de cette circonscription du Pas-de-Calais n’était nullement disposée à participer au processus de diabolisation de la jeune femme, parce que celle-ci avait su s’imposer dans le paysage local comme quelqu’un de proche et d’attentif au sort des gens. Cela est sans doute une indication précieuse pour la suite des événements. La rhétorique habituelle contre le FN a sans doute vécu. Il est patent que l’opinion ne perçoit plus ses leaders comme autrefois.

C’est la première leçon. La seconde concerne l’avenir de la gauche de la gauche. Jean-Luc Mélenchon ne manquait pas d’arguments à l’encontre du Parti socialiste et de la social-démocratie européenne dont il dénonçait l’enlisement. Mais il n’a pas réussi à créer à gauche un rapport de forces qui aurait obligé les socialistes à des compromis d’ailleurs périlleux pour eux-mêmes. Peut-être qu’en prenant Marine Le Pen pour cible, il a occulté ses intentions initiales qui consistaient à récuser radicalement l’ordre ou le désordre libéral ? Ainsi le rapport de forces PS-UMP continuera-t-il à dominer la vie politique sans être trop gêné. À moins que la situation ne vienne envenimer les choses et déstabiliser le socle central de l’État et de ses représentants.

Chronique lue sur Radio Notre-Dame le 12 juin 2012.