Choix privé et responsabilité universelle - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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Choix privé et responsabilité universelle

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Pourquoi le Pape, et les catholiques, insistent-ils autant sur la structure du mariage, la valeur de l’engagement, la responsabilité à l’égard des enfants ?

Serait-ce une façon, comme le prétendent quelques commentateurs plutôt péremptoires, de reprendre moralement une autorité que l’Église aurait perdue dans le cours du processus de laïcisation de la société ? Mieux encore : il est reproché à cette même Église de vouloir intervenir dans la vie privée des individus, que la modernité aurait « émancipés ». Ce type d’arguments fait mouche jusque chez des chrétiens peu rétifs aux slogans du jour. Tel grand dirigeant d’entreprise qui ne se cache pas pourtant d’être catholique, expliquait récemment que l’on devrait laisser les gens à leurs choix personnels, même si l’Église pouvait affirmer ses propres convictions. Ce n’était qu’une affaire de conscience, où la personne accepte ou non les normes qu’on lui propose.

Mais ce type de rhétorique est tout à fait spécieux, car il ignore scandaleusement la dimension sociale, voire universelle, des choix moraux des individus, dès lors qu’ils engagent d’autres qu’eux-mêmes, et singulièrement les enfants qu’ils mettent au monde. Cela est si vrai que lorsqu’une société se trouve aux prises avec la désinstitutionnalisation conjugale, elle est contrainte de compenser le manque de normativité individuelle par un surcroît de dispositions législatives et administratives. Ainsi la défaillance des pères (surtout) ou des couples est-elle relayée par des organismes de secours et de suppléance. Moins la structure familiale se trouve en mesure d’assumer ses responsabilités, plus l’État providence et les collectivités sont appelés à prendre en charge enfants et adolescents. La polémique actuelle sur la répression des mineurs délinquants nous éclaire sur les conséquences de la fragilisation des familles.

En d’autres termes, les choix les plus personnels, les plus intimes, ont une portée qui dépasse infiniment les individus. C’est le paradoxe de l’amour humain qui relève, notamment grâce à l’influence humanisante du christianisme, de la liberté irréductible d’un chacun, mais en même temps concerne l’équilibre et l’avenir du corps social. Il n’y a pas de civilisation, sans que la vie et l’amour ne soient « institués ». C’est pourquoi le Pape et les catholiques interviennent face à l’opinion publique pour défendre les valeurs les plus précieuses du mariage.