Instituer l'amour - France Catholique
Edit Template
Le martyre des carmélites
Edit Template

Instituer l’amour

Copier le lien

Vendredi soir à Milan, face au Dôme, la superbe cathédrale de la grande ville, Benoît XVI proclamait : « La famille doit être redécouverte en tant que patrimoine principal de l’humanité, signe d’une culture vraie et stable au profit de l’homme. » Ce message a été réaffirmé durant les journées pleines où des délégations du monde entier étaient venues dans un but essentiel. Car la famille est d’évidence la cellule fondamentale de la société, mais elle doit être honorée aujourd’hui, alors que des forces de destruction s’acharnent à son encontre. Ne sommes-nous pas dans une logique de « désinstitutionnalisation », sensible dans la baisse vertigineuse du nombre des mariages célébrés ? Certains sociologues parlent même de changement de système, caractérisé par le refus de l’engagement. Ce refus était déjà sensible dans les années soixante, mais il n’a fait que s’amplifier. On sait, par exemple, que plus de la moitié des naissances en France sont issues de couples hors mariage.

Après tout, entend-on ici ou là, c’est l’évolution des mœurs qui veut cela. On n’y peut pas grand chose et l’État est condamné à avaliser le phénomène. Il l’a déjà fait en instaurant le PACS il y a une dizaine d’années, il s’apprête à aller plus loin encore en permettant le mariage homosexuel. Certes, on peut être en désaccord avec ces bouleversements, mais après tout on est libre de choisir le style de vie qui convient à chacun et à ses préférences. Les chrétiens auront toujours la possibilité de s’unir devant Dieu dans le sacrement de mariage. Encore heureux, pourrait-on dire ! Mais cette façon de considérer ce qui constitue le dispositif central de l’organisation de la société pose de très graves et sérieuses questions. Et les chrétiens ne sont pas les seuls à devoir et à pouvoir y réfléchir.

Il n’est aucune société qui puisse vivre et s’épanouir dans l’anomie, c’est à dire l’effacement du droit. On peut certes choisir de ne pas instituer une union à deux, mais dès lors que l’enfant apparaît, il est indispensable d’inscrire sa venue dans un cadre juridique minimum pour garantir sa protection et son éducation. Un penseur contemporain de première importance, Pierre Legendre, qui n’est pas chrétien, nous en avertit : si l’amour n’est pas institué, c’est la société entière qui est déstabilisée, et l’angoisse et la violence résultent de cette anarchie. Oui, Benoît XVI dit vrai en réclamant la stabilité de l’union de l’homme et de la femme au profit de l’humanité.

Chronique lue sur Radio Notre-Dame le 4 juin 2012.