La vie éternelle commence maintenant ici-bas. - France Catholique
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La justice de Dieu
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La vie éternelle commence maintenant ici-bas.

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La première leçon du Catéchisme de Baltimore débute par un bref dialogue de deux enfants avec le Christ.

« Qui nous a créés?

— Dieu vous a créés

— Pour quoi faire?

— Pour Le connaître, L’aimer, Le servir sur terre et être heureux avec Lui pour toujours au paradis.»

Cette magnifique affirmation saisit succinctement l’essence de la vie chrétienne. On y trouve quatre objectifs, avec une petite distinction entre les trois premiers et le quatrième: si nous aimons Dieu en ce bas monde, nous aurons la récompense éternelle dans le monde à venir. St. Alphonse Liguori est un de ces nombreux écrivains spirituels qui ont fait écho à cette perspective:

« Chacun ira, dans une autre vie, dans la maison qu’il aura choisie. La foi nous enseigne que dans l’au-delà il y a deux habitations . . . . Choisis, ô mon âme, celle où tu veux aller. Si tu souhaites le paradis il te faudra suivre le chemin qui mène au Ciel; si cependant tu suis le chemin inverse qui mène en enfer, hélas, tu y aboutiras.»

Selon une vérité de la foi, nos actes sur terre auront des conséquences éternelles, comme le rappelle solennellement St. Paul, « travaillez avec crainte et tremblement à accomplir votre salut.» (Phil 2:12). Mais on peut perdre de vue le lien intrinsèque entre la vie présente et la vie à venir si nous déclarons que le paradis est bien trop lointain et hors de notre portée. Une telle idée néglige le fait que notre vie éternelle a débuté lors de notre baptême et se renouvelle chaque fois que nous recevons la Sainte Communion. Non seulement ces sacrements nous introduisent dans la vie de l’Église, mais ils nous ouvrent à la vie intérieure de la Sainte Trinité, une réalité amorcée dans la vie sur terre et qui se prolonge au-delà.

Dans le tome 2 de « Jésus de Nazareth » le Pape Benoît XVI insiste: la vie éternelle n’est pas un évènement qui nous attend après notre mort, mais est une réalité débutant sur terre. « La « vie éternelle » est la vie proprement dite, pouvant être vécue à présent, et n’étant plus défiée par la mort. Voici le point à retenir, la « vie » ici-bas et actuellement, cette vie véritable ne peut être détruite par quoi que ce soit ni par quiconque.»

Dans sa prière sacerdotale Jésus déclare: « la vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, toi, le seul véritable Dieu; et ton envoyé Jésus Christ.» (Jean 17:3). Pour Benoït XVI, la vie éternelle est la communion avec Dieu qui « nous devient accessible par Celui qu’Il nous a envoyé, Jésus Christ. . . . . La « vie éternelle » est ainsi un évènement de relation. L’homme ne l’a pas trouvée tout seul ni pour lui tout seul. Par son rapport à Celui qui est la Vie, l’homme acquiert la vie.

Si la vie éternelle est la communion avec Dieu par le Christ, elle n’est pas simplement la destination à atteindre après la mort. Elle est le point d’ancrage de notre existence même, et donc transcende la mort.

« L’homme découvre la vie lorsqu’il s’attache à Celui qui est la Vie. Alors beaucoup de ses biens peuvent disparaître. La mort peut l’enlever de la biosphère, mais la vie qui s’offre au-delà — la véritable vie — demeure. Cette vie, . . . est un but pour l’homme. La relation à Dieu par Jésus-Christ est la source de la vie que nulle mort ne peut enlever.»

La vue pénétrante de Benoît XVI ranime notre compréhension de notre vocation de chrétiens en situant la vie éternelle au cœur de notre vie quotidienne. Ainsi soulignée, la vie éternelle n’est pas simplement un but lointain qu’on atteindra en accumulant les bonnes actions et en portant nos croix, quelle qu’en soit la nécessité. Elle est plutôt la source de joie du moment présent car nous savons de la promesse du Christ que si nous Le voyons, cette joie, « nul ne pourra nous la ravir.» (Jean 16:22).

Benoît XVI ajoute que « les premiers chrétiens se disaient simplement « les vivants ». Ils avaient trouvé ce que tous cherchent — la vie même, totale, et donc, indestructible.» Et bien des siècles plus tard le succès de la nouvelle évangélisation repose sur les chrétiens qui vivent authentiquement dans la joie du Christ. Des arguments rationnels et des conseils ont leur rôle dans ce grand mouvement, mais une vie chrétienne bien vécue est l’arme imparable. Et comment ne pas être joyeux en constatant que la vraie vie, la vie éternelle, est déjà en nous grâce à nos liens avec le Christ ?

Cette perspective ne signifie nullement que le salut est automatique, ou que nos rapports avec Dieu seront les mêmes après notre mort: « Aujourd’hui, certes, nous voyons dans un miroir, d’une manière confuse, mais alors ce sera face à face.» (1 Cor 13:12). Nous ne sommes guère que des pélerins en ce monde, appelés à accumuler des trésors au Ciel avec nos bonnes actions, et nous pouvons toujours gaspiller ce don de vie par le péché. Mais la conscience que notre vie éternelle a déjà débuté est le pain quotidien qui nourrit nos âmes, nous rend forts dans les épreuves, et nous apporte la joie que même la mort ne saura nous enlever.

Le Bon Pasteur « est venu pour que les brebis aient la vie, et l’aient en abondance.» (Jean 10:10). La vie en abondance, comme l’explique Benoît XVI dans Spe Salvi, « est une union avec Lui, la source de vie. Si nous sommes en union avec Celui qui ne meurt pas, qui est la Vie même, et l’Amour même, alors, nous sommes en vie. Et donc nous sommes vivants. » La vie éternelle est là, maintenant. À nous de découvrir la joie infinie qui en est l’essence.


Source : http://www.thecatholicthing.org/columns/2012/eternal-life-here-and-now.html

Tableau : Le bon pasteur – Philippe de Champaigne, vers 1650.