Le printemps d'érable - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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Le printemps d’érable

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Je propose aujourd’hui de traverser l’océan, pour nous intéresser à nos cousins du Québec. Ces cousins que nous avons trop tendance à oublier, sauf à de rares exceptions, la plus notable ayant été celle du voyage du général de Gaulle dans la belle Province en 1967. Voyage qui s’était terminé par un tonitruant « Vive le Québec libre ! ». Depuis, la cause de l’indépendance n’a guère progressé, avec des référendums qui ont débouché sur des refus. Mais le Québec se rappelle à notre bon souvenir, à cause de manifestations étudiantes d’une ampleur telle qu’on a pu parler « de printemps d’érable », en consonance avec l’interminable printemps arabe. La cause de cette fronde, c’est l’augmentation de 75% des frais de scolarité à l’initiative du gouvernement libéral de la Province. Cette augmentation est justifiée d’après les canons d’une orthodoxie économique rigoureuse, mais elle n’agrée pas à une population estudiantine qui se trouve ainsi en situation de plus en plus difficile, avec la perspective d’emprunts à rembourser interminablement.

Les médias français nous informent assez régulièrement des événements, avec des affrontements qui ont monté en puissance ces derniers jours. Car les autorités locales ont décidé de réprimer le mouvement de grève, en utilisant parfois une force assez brutale et en instituant une loi spéciale destinée à empêcher les manifestations de rue. La colère a encore amplifié la protestation. On aurait tort de considérer ce qui se passe outre-atlantique comme un phénomène isolé, car nous sommes peut-être en présence du premier mouvement de révolte cohérent et vraiment organisé contre l’ordre économique néo-libéral. On a parlé des Indignés en Espagne et aux États-Unis, mais jusqu’ici ils n’ont pas abouti à la cohérence du mouvement québécois.

Si je me permets d’en parler c’est que je suis en relation avec un ami québécois, dont les enfants sont à la pointe des manifestations. Je puis garantir que ces jeunes gens n’ont rien de gauchiste et n’obéissent à aucune stratégie trotskiste ou léniniste. Mais ils sont peut-être en train d’inventer un autre langage, très différent du langage soixante-huitard, et qui correspond mieux aux nécessités du monde actuel et à la conjoncture de la mondialisation. C’est pourquoi il importe de garder un œil sur le Québec : il s’y passe des choses qui éclairent notre présent et notre avenir.

Chronique lue sur Radio Notre-Dame le 24 mai 2012.

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http://www.courrierinternational.com/article/2012/05/24/la-maniere-forte-n-est-pas-la-solution