La vérité de l'amour sur le dernier versant de la vie - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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La vérité de l’amour sur le dernier versant de la vie

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Merci au festival de Cannes qui nous permet de nous évader au moins quelques instants de l’actualité politique. Je précise toutefois que je ne suis pas présentement sur la Croisette et que je n’ai vu aucun des films proposés à la sagacité du jury. Mais je suis l’actualité culturelle et il m’arrive de lire avec intérêt les chroniques de mes collègues de la rubrique cinéma. Et je les ai lues notamment à propos du film tout simplement intitulé « Amour » (au singulier !) du cinéaste autrichien Michael Haneke. J’ai été retenu, il me faut l’avouer, par la présence de deux acteurs français, absolument mythiques : Jean-Louis Trintignant et Emmanuelle Riva. De cette dernière, François Mauriac avait écrit un jour, me semble-t-il, qu’avec son interprétation de Thérèse Desqueyroux, elle lui avait, en quelque sorte, volé le personnage. Mais les voilà, tous les deux, ces grands acteurs devenus octogénaires, eux que ma génération a connus dans l’éclat de leur jeunesse et de leur maturité, appelés à jouer un couple sur le dernier versant de la vie, avec ses misères physiques, ses risques de déchéances. Mais aussi, d’après ce que je comprends, dans l’accomplissement d’un amour conjugal qui ne se trahit pas, alors que leur solidarité est plus nécessaire que jamais.

Croisement des lectures. Je lisais cette chronique de Cannes alors que je venais de terminer le petit livre de George Steiner, publié aux éditions Pierre Guillaume de Roux, sous le titre Fragments (un peu roussis). Il s’agit de réflexions d’automne d’un écrivain que j’estime énormément, par les satisfactions intellectuelles qu’il m’a données. Mais c’est un Steiner, qui, lorsqu’il traite ce même sujet de la fin de vie, se montre extrêmement pessimiste et s’affirme partisan des solutions extrêmes, que je récuse pour ma part avec une solide tradition humaniste. Pourtant, il y a d’autres pages dans ce livre, notamment sur l’amitié mais comme en rupture avec celles-là à cause de l’obsession de la décrépitude et de la dépossession de soi. Je n’admets pas cette rupture, car lorsque les choses deviennent ultimes, c’est alors que l’amour connaît ses instants les plus rares et sans doute sa vérité absolue. J’en veux pour preuve une expérience qui rejoint celle de tant d’amis qui ont cru voir tout à la fin la beauté d’un amour sans retour.

Chronique lue sur Radio Notre-Dame le 22 mai 2012.