David Hume : anti-chrétien - France Catholique
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David Hume : anti-chrétien

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Tout au long de l’année passée, de nombreux livres et articles ont paru pour commémorer le tricentenaire de la naissance du philosophe écossais David Hume (1711-1776). Ecrivant dans National Review, Lawrence Klepp dit de Hume qu’il « inspire et contrarie toujours les philosophes professionnels, surtout ceux de tradition analytique anglo-américaine.»

Dans The New Republic, Amartya Sen déclare : « l’influence de Hume sur la nature et la portée de la pensée moderne a été monumentale. De l’épistémologie à la raison pratique, de l’esthétique à la religion… le monde intellectuel a été transformé par la puissance des lumières de son esprit. »

Hume, un empiriste, a vraiment eu un impact sur la pensée épistémologique, particulièrement dans le domaine de la philosophie morale -mais pas pour le meilleur. Comme l’écrivait la regrettée Shirley Robin Letwin dans The Pursuit of Certainty (La poursuite de la certitude), « il a entrepris de détruire la vision traditionnelle du christianisme, voyant l’homme comme écartelé entre la raison divine et le désir brutal, et dirigé ses attaques contre la métaphysique qui a défendu cette vision depuis l’époque de Platon.»

Dans son ouvrage Enquête sur l’entendement humain, Hume tente d’être un empiriste encore plus authentique que ses prédécesseurs John Locke (1632 – 1704) et George Berkeley (1685 – 1753) en rejetant toutes les causes et fondements et en concluant que le savoir spéculatif et la métaphysique sont vains.

Pour Hume, tout savoir valable est acquis par les perceptions sensorielles, qui varient en degré. Par suite, toutes les idées sont seulement des images des impressions des sens. Nous ressentons certaines impressions animées et vives venant de choses particulières. Une pensée est une sorte d’impression, moins vive. Comme empiriste cohérent, Hume nie toute différence notable entre les sensations et les idées.

Si les idées sont seulement des images des impressions des sens, alors si quelqu’un a une idée qui ne se réfère pas à une impression des sens, cette idée doit être fausse. Et parce qu’il n’y a pas d’impression des sens correspondant au fondement, aux causes, à l’universalité ou à la nécessité, Hume en conclut qu’ils n’existent pas. Ainsi, d’un seul coup de balai, sont évacués substances, corps, organismes, humains : en un mot, il ne reste rien.

Cause et effet, contiguïté et succession n’existent pas dans l’univers de Hume. « Tous nos raisonnements sur les causes et les effets, affirme-t-il, ne découlent de rien d’autre que de coutumes. » Les habitudes, les attentes,les séquences temporelles font croire aux gens qu’une action suit une autre. Ils confondent à tort la force d’une idée avec une force physique.
La philosophie empirique ne peut admettre la causalité (« tout événement a une cause » – Aristote) parce que, métaphysiquement, causes et effets sont simultanés. Par expérience, nous n’observons pas le lien de cause à effet entre deux boules de billards. Nous devinons (de façon non empirique) que la puissance de la boule A a été transmise à la boule B.

Pour Hume, la cause existe indépendamment de l’effet car elle ne peut être observée. Et, ayant séparé la cause, il procède à l’analyse de cette notion et ne lui trouve aucun effet.

Si Hume a raison, plusieurs disciplines perçues à travers l’intellect, et qui ne peuvent être justifiées par des bases purement empiriques deviennent dénuées de sens :

1. La science, qui vise à l’universel et est la connaissance des choses par leurs causes. (Il n’y a pas de science de l’individu. Le chimiste va étudier dans une molécule de zinc prise isolément uniquement les propriétés qui sont communes à toutes les molécules de zinc.)

2. Les mathématiques, qui dépendent des notions d’infini et de nécessité. (Aucune fonction trigonométrique n’est empirique, par exemple la loi des cosinus : c2 = a2+b2 – 2ab cos C)

3. L’histoire (par exemple, César a traversé le Rubicon), n’est pas admise de façon empirique, mais par croyance.

Sans causalité, il n’y a pas de référence philosophique à Dieu, la cause première. Hume voulait créer un ordre préservé de l’ingérence divine, alors il a refusé tout lien avec Dieu. Il a rompu le lien entre l’ordre surnaturel et l’ordre naturel. Il a finalement réduit la foi au fidéisme – uniquement la dépendance à une croyance.La foi en Dieu résulte de sentiments et de coutumes.

Empiriquement, il ne peut y avoir aucune justification aux lois naturelles : non seulement aux lois physiques de la science mais également aux lois morales naturelles. Les lois ne peuvent être que purement civiles.

Il ne peut y avoir de jugement de valeur, pas de « droits inaliénables », pas de droits naturels. Il ne peut rien y avoir au-delà des émotions animales – sensations, appétits, plaisir, souffrance. En rejetant l’autorité de la raison humaine, il ne peut subsister que des sentiments ou des opinions.

En se cantonnant à l’empirisme, Hume ne peut être certain de rien. Tant qu’il ne perçoit pas une chose, il ne peut être sûr qu’elle existe réellement. Et la seule chose qui le sauve d’un septicisme absolu est une foi découlant d’une bizarre émotion intérieure.

Le philosophe catholique moderne de renom Etienne Gilson conclut que « l’influence de Hume a été profondément destructrice » car « son septicisme, l’ultime conclusion d’un mouvement initié par Descartes, s’achève dans une sorte de nihilisme désespéré. »

En éliminant toutes les fondements religieux de la civilisation occidentale, Hume ouvrait la porte à un sécularisme radical, en particulier l’utilitarisme de Jeremy Bentham (1748 – 1832) et John Stuart Mill (1806 – 1873), qui professe que le plaisir et la souffrance sont les seuls moteurs qui gouvernent l’humanité.

Nous continuons de vivre dans un monde troublé qu’ils ont participé à créer.

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George J. Marlin est rédacteur de The Quotable Fulton Sheen et l’auteur de The American Catholic Voter. Son plus récent livre est : Narcissist Nation : Reflections of a Blue-State Conservative.


Illustration : David Hume, empiriste et ennemi de la pensée chrétienne.

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Source : http://www.thecatholicthing.org/columns/2012/david-hume-anti-christian.html