Un autre type de scandale sacerdotal - France Catholique
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La justice de Dieu
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Un autre type de scandale sacerdotal

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Des injustices brûlantes nous restent sur la conscience, et continuent de le faire jusqu’à ce que nous les corrigions. J’ai dîné l’autre soir avec un prêtre merveilleux. Il commença le dîner par faire réciter aux enfants qui étaient avec nous, en partie en chanson, le bénédicité. Ils ont adoré le faire : la mélodie, la solennité et le plaisir. Le dîner était bien avancé, presque achevé en fait, lorsque j’ai appris que ce bon père — si savant sur bien des aspects de la foi, si génial, et tellement évidemment de bon cœur et croyant — avait été faussement accusé de harcèlement sexuel huit ans auparavant. Il fut forcé de quitter son ministère (une simple accusation suffit de nos jours — ce qui est un scandale en soi). Son accusateur est ensuite mort d’une overdose de cocaïne, non sans avoir, auparavant, disculpé le prêtre en avouant l’avoir faussement accusé. Mais malgré tout cela, l’évêque de son diocèse n’a pas bougé — pas osé bouger ? — pour réinstaller cet homme bon à sa juste place dans la prêtrise, ou même pour présenter ses excuses publiquement pour ce traitement injuste. La presse, responsable d’un atmosphère de lynchage high-tech, n’a pas daigné revoir cette affaire (tout comme des centaines, sinon des milliers d’autres) afin de réparer cette horrible injustice. Bien peu des accusations grossières qui ont émergé depuis le début de la crise des abus sexuel par des prêtres ont fait l’objet de procédures régulières, d’une enquête menée dans les règles et d’un jugement public. En Amérique, les citoyens jouissent de la présomption d’innocence jusqu’à ce qu’ils aient été jugés coupables. Cet homme bon n’a jamais été entendu. Il est toujours puni — jusqu’au plus profond de son être et dans la raison même de son existence — à cause d’une fausse accusation et pour cela seul. De plus, il s’agit d’une accusation qui a été retirée par l’accusateur lui-même, et pour laquelle la famille a demandé pardon : « Billy [le prénom a été changé] n’aurait jamais porté une telle accusation s’il avait été sobre. » Etre traité comme une non-personne, un non-citoyen est une injustice qui crie vers le ciel pour la justice. Mais en plus des prédateurs réellement diaboliques qui ont été identifiés et éliminés, c’est aujourd’hui le sort d’un nombre considérable d’innocents prêtres catholiques dans ce pays. Je ne comprends pas pourquoi l’Eglise catholique ne s’est pas battue pour des procédures civiles qui donnent à ces hommes, qui doivent jouir de la présomption d’innocence, de justes procès. Je ne comprends pas pourquoi les cours américaines ne font pas ce travail. Je ne comprends pas pourquoi la presse américaine ne se bat pas frénétiquement à ce sujet. Je ne comprends pas pourquoi l’ACLU (American Civil Liberties Union : Union américaine pour les libertés civiles) ne mène pas la charge – pourtant ils ont la réputation de défendre les victimes impopulaires, les victimes publiquement traînées dans la boue. Nous savons tous, bien sûr, que beaucoup de prêtres accusés ont été jugés coupables. Il ne fait pas de doute qu’il en reste encore qui doivent recevoir une juste punition. Les années 1965-1985, à peu près, furent celle d’une décadence cléricale de sinistre mémoire (si l’on inclut la mémoire historique, qui remonte au début de la république américaine). Ces années sont une honte pour moi et pour de nombreux millions de catholiques. Mais je sais aussi que des milliers d’accusés n’ont pas été traités selon les règles. Ils ont simplement été jetés comme des non-personnes. Ils peuvent difficilement comprendre l’injustice soudaine dont ils ont depuis souffert dans l’Eglise qu’ils aiment et dans le pays qu’ils aiment. Depuis leur naissance, ils se pensaient à l’abri de ce genre d’injustice, qui existe, croit-on, seulement hors des Etats-Unis. Ils ont été monstrueusement trahis. Je supplie ceux qui ont atteint les mêmes conclusions de me suivre : je dois agir pour changer cette injustice présente, pour redresser un tel tors, pour l’effacer et restaurer à leur statut d’êtres humains, de citoyens et d’hommes de foi ceux qui, après une procédure dans les règles, sont jugés non-coupables. Ils aimaient cette foi en partie parce qu’elle a pour tradition la défense des personnes individuelles de la naissance à la mort naturelle. Ils aimaient ce pays pour la protection offerte aux droits individuels. Ils ne peuvent comprendre comment ils ont pu être dépouillés de tels droits essentiels – soudainement, sans que cela ne soulève la moindre protestation de la part de l’Eglise, de l’Etat, et des défenseurs publics des droits humains fondamentaux. Examine cela, Amérique. Examine cela, Eglise catholique. Regardez les faits. Punissez ceux dont la culpabilité est prouvée. Mais rendez aux innocents leur honneur. Ils ont tellement souffert, pendant des années. C’est une merveille que certains d’entre eux gardent le moral et leur espérance. Même si nous autres humains n’accomplissons pas le devoir qui est le notre de les protéger d’accusations fallacieuses, que Dieu les bénisse et leur soit fidèle à jamais.
http://www.thecatholicthing.org/columns/2012/a-different-priestly-scandal.html