Les fondamentaux de la République - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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Les fondamentaux de la République

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Un Président succède à l’autre, c’est la règle des institutions qui permettent l’alternance. Celle-ci est supposée être paisible : les hommes passent, l’État demeure. Nous restons sous le régime de la Ve République et la Constitution ne changera pas. Le consensus en faveur de la permanence et de la continuité semble assez général, en dépit de la volonté de quelques-uns d’accéder à une VIe République. Est-ce à dire que tous les hommes appelés aux hautes fonctions et les partis contribuant à l’expression du suffrage populaire participeraient unanimement à un socle de valeurs communes, indépendantes de leurs nuances particulières ? La réponse à pareille question n’est nullement évidente, car s’il y a bien un accord pratique sur les rouages et les règles de fonctionnement, il n’est pas avéré qu’il y ait pleine communauté de vues sur tous les principes.

Certes, la République qui se veut laïque suppose aussi cette oscillation sur les valeurs qu’un penseur comme Claude Lefort a théorisée, avec sa notion du lieu vide. Livré à la perpétuelle discussion des opinions, le régime libéral ne se reconnaît dans aucune orthodoxie. Expérimentalement, la République française a connu cette instabilité idéologique en laissant se dérouler des expériences diverses. Elle a été tour à tour conservatrice, opportuniste, libérale, radicale, démocratique, sociale, socialiste, révolutionnaire quand elle n’était pas bourgeoise. Pourtant, autour du parti radical et du rationalisme philosophique, le républicanisme s’est défini à l’aune d’une prétention intellectuelle dont l’école était l’instrument privilégié. C’est l’historien Claude Nicolet qui définissait la IIIe République comme une pédagocratie, fondée sur le projet de diffuser les Lumières de la Raison.
Cet éclairage n’est peut-être pas si anachronique qu’il paraît pour juger des dispositions du président qui s’en va et du président qui vient. Par son discours du Latran, Nicolas Sarkozy se distinguait explicitement de la tradition rationaliste. François Hollande pourrait bien y revenir, en réaffirmant certains fondamentaux de la vieille laïcité. C’est pourquoi nous serons attentifs aux déclarations du début de quinquennat, pour mieux identifier les symboles et les valeurs du nouveau pouvoir.