La Res publica - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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La Res publica

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L’image de Nicolas Sarkozy et de François Hollande réunis face à la flamme du soldat inconnu, à l’Arc de triomphe, restera probablement dans les mémoires et dans l’iconographie historique. Les deux adversaires d’hier participant -faut-il dire fraternellement?- à la commémoration de la victoire alliée de 1945, c’était un symbole fort de solidarité et d’unité nationale. On parle à ce propos « d’attitude républicaine », et il faut prendre le mot dans sa plus haute acception, qui, justement, n’est pas partisane. Le respect de la Res publica, c’est l’attention réservée au bien commun, à l’intérêt général, celui qui se confond avec la permanence de l’État en charge de l’ensemble de la nation dans une continuité temporelle.

Cela ne veut pas dire évidemment que les querelles sont oubliées, que les divergences d’opinion ont disparu. Tout au plus, la courtoisie à fait place aux échanges virulents qui, il y a quelques jours encore, opposaient les champions de deux camps bien distincts. Cela est probablement dans la logique des institutions voulues par le général de Gaulle, qui a toujours désiré mettre le chef de l’État au dessus de la mêlée et de la division des partis. Pourtant, paradoxalement, on n’imagine guère de Gaulle et Mitterrand côte à côte, comme l’étaient hier leur deux successeurs. Il y a diverses raisons à cela, la première étant que l’homme du 18 juin considérait que sa légitimité personnelle, qu’il tirait de l’histoire, le situait dans une sorte de superbe solitude. Mais il y avait aussi ce fait d’une spécificité française, issue de la Révolution, qui rendait irréductibles les traditions politiques.

Giscard d’Estaing qui voulait une France « décrispée » avait eu beaucoup de mal à accepter la victoire de son adversaire, et il avait signifié à travers la métaphore de la chaise vide qu’il y avait bien rupture et que François Mitterrand n’était pas le bienvenu. Une étape avait été franchie en 1995 avec les deux présidents Mitterrand et Chirac déjà réunis pour le 8 mai. Une autre étape vient de se dérouler avec ce duo du vaincu et du vainqueur qui nous rapproche peut-être des mœurs américaines dépourvues de nos animosités. Sans doute est-ce une bonne chose. Encore faudrait-il préciser plus exactement en quoi consiste le socle de nos solidarités, qui ne se sépare pas d’un certain héritage de civilisation que le nom même de France signifie.

Chronique lue sur Radio Notre-Dame le 9 mai 2012.