Lendemain de victoire - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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Lendemain de victoire

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Au lendemain d’une victoire électorale, surtout lorsque la fête a duré une partie de la nuit, il faut se garder d’avoir « la gueule de bois », car tout commence. Pas une erreur n’est permise, le dispositif de prise du pouvoir doit être mis parfaitement au point. C’est pourquoi les réunions se succèdent et le président élu doit faire face aux premiers coups durs, alors même qu’il dresse la liste de son gouvernement. On sait que le premier de ces coups durs est venu d’Allemagne, avec le refus réitéré de la chancelière de modifier, en quoi que ce soit, le pacte budgétaire européen qui avait été négocié avec Nicolas Sarkozy. Oui, Angela Merkel veut bien envisager la relance de la croissance, mais elle pose toujours en préalable les réformes structurelles des économies nationales.

François Hollande a beau objecter qu’il refuse le duopole franco-allemand, que son prédécesseur avait contribué à promouvoir, et qu’il trouve par trop exclusif. Mais sa première visite sera à coup sûr pour Berlin, où il lui faudra disputer âprement avec les Allemands. Ainsi, il n’aura pas eu une journée de répit, déjà affronté aux réalités internationales. Franz-Olivier Giesbert, le directeur du Point citait dimanche le propos, évidemment confidentiel, d’un proche du nouveau Président, avant que le verdict populaire ne soit tombé : « Si nous sommes battus, nous sommes mal. Si nous gagnons, nous sommes morts. » C’est l’expression évidemment paradoxale de l’extraordinaire difficulté à gouverner dans les circonstances actuelles.

Même la fête de dimanche soir, dans ses aspects les plus détendus, révélait une part de la charge qui repose sur les épaules du président. Il y avait entre la foule de Tulle et celle de la Bastille le contraste qui distingue des segments de la population française : la France provinciale profonde n’est pas la France de la région parisienne. Les multiples drapeaux nationaux présents aux alentours de la colonne de la célèbre place ont fait polémique. N’était-ce pas le signe de la difficulté d’intégration des jeunes générations de l’immigration, avec les dangers du multiculturalisme ? Ce sera, n’en doutons pas, un sujet récurrent des prochaines législatives. Nous ne sommes pas encore sortis de la phase de transition avant que le pouvoir soit pleinement en place. Nicolas Sarkozy désormais empêché, la campagne va se poursuivre sans lui, mais dans la continuité de l’affrontement que nous avons vécu.

Chronique lue sur Radio Notre-Dame le 8 mai 2012.