Sur une page qui n'est pas blanche - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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Sur une page qui n’est pas blanche

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Un nouveau Président, une alternance politique encore à consolider par une majorité parlementaire, c’est certes une étape franchie, une aventure qui commence avec ses inconnues et sa part d’imprévisibilité. Mais il n’est pas vrai que François Hollande se trouve devant une page d’histoire à écrire, qui serait totalement blanche. Cette expression employée par Valéry Giscard d’Estaing au début de son septennat est trompeuse. D’autant que la situation du pays a profondément changé dans une Europe et un monde en total bouleversement. Ce qui frappe aujourd’hui, c’est la surcharge de données déjà inscrites sur la page, et au milieu desquelles le président Hollande aura le plus grand mal à tracer ses propres lignes.

La comparaison courante avec l’avènement de François Mitterrand ne tient pas, car en 1981, il semblait que beaucoup de choses étaient possibles pour transformer le pays et la logique économique, la droite étant sonnée par un raz de marée parlementaire, qui la rendait provisoirement impuissante. En 2012, la situation est tellement critique que l’on n’entrevoit nul état de grâce pour le nouvel hôte de l’Élysée. Celui-ci était par ailleurs, dès le soir de son élection, aux prises avec des contradictions dans son propre parti et à l’intérieur de la gauche en général, qui seront difficilement arbitrables. Quoi de commun, par exemple, entre la foule de Tulle rassemblée sur la place de la cathédrale et la foule massée à la Bastille ? À l’évidence, il s’agissait de deux segments sociologiques très différents et significatifs des contrastes d’un électorat. Mais c’est encore sur le terrain économique que la difficulté de choisir une voie originale apparaîtra.

Quels changements pourront-ils être impulsés si les contraintes imposent des restrictions drastiques ? Le social-delorisme ne s’oppose au libéralisme de droite que par quelques inflexions qui ne changent pas fondamentalement un style de gouvernement et une stratégie globale. Mais alors que deviendront les réclamations instantes d’un Arnaud Montebourg et d’un Jean-Luc Mélenchon en faveur d’un tournant radical à l’encontre du libéralisme mondial ? On saura très vite la direction qu’aura choisie François Hollande avec la constitution de son premier gouvernement. Comment ne pas redouter, cependant, que la difficulté pour tracer une voie originale, dans le cadre d’une crise impitoyable, ne produise une surenchère du point de vue sociétal pour masquer son impuissance ? En jouant la carte d’une société soi disant plus ouverte on ne ferait qu’aggraver ses pathologies et ses propensions nihilistes.