Non, il ne suffit pas que les candidats à l’Élysée discutent des dossiers qui relèvent de l’intérêt général et réclament dans leur examen une particulière acribie, à cause de leur redoutable complexité. Il faut qu’en plus interfère ce que certains appellent joliment des boules puantes, c’est à dire des accusation susceptibles de désarçonner une réputation et faire vaciller une honorabilité. On me dira que c’est la loi du genre, et que dès lors que la presse est libre dans une démocratie, tous les arguments sont recevables, même quand ils viennent troubler le climat déjà tendu d’une confrontation. Après tout, c’est un scandale qui nous a valu, il y a un an, l’élimination du candidat socialiste le plus probable, celui qui battait tous les records dans les sondages en fait de popularité. C’est par sa faute que l’intéressé est tombé, et nul ne peut reprocher aux médias d’avoir fait leur travail.
Je suis personnellement au regret d’évoquer encore cette affaire, car je m’étais juré de ne plus prononcer le nom de DSK, estimant que j’avais dit en son temps ce qu’il me convenait de dire et qu’il n’y avait rien à ajouter. Je précise que j’ai horreur du lynchage, surtout lorsqu’il s’agit d’un homme déjà moralement abattu. Mais voilà qu’il revient dans la campagne, en même temps que Mediapart lance une grave accusation à l’encontre de Nicolas Sarkozy, qui aurait reçu cinquante millions d’euros de feu le colonel Kadhafi. Il y aura donc procès, dont la conclusion n’est pas pour demain à moins que la procédure s’accélère.
Je ne suis pas persuadé que nous avions vraiment besoin de cela, même si, encore une fois, c’est inévitable. J’espère que l’échange public des boules puantes nous sera épargné demain soir. Nous n’avons pas besoin de gens qui s’injurient ou essaient de se disqualifier mutuellement. Nous avons besoin d’hommes en mesure d’assurer les responsabilités de l’État, en se montrant avertis des grands défis de tous ordres qu’ils auront à relever. De ce point de vue, je suis un peu frustré, du moins sur certains sujets. Je pense à la proposition du programme de François Hollande qui déstabiliserait la notion même de famille. Cela vaut quand même un examen de fond !
Chronique lue sur Radio Notre-Dame le 1er mai 2012.
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