La réponse que Mgr. Fellay a adressée à la Congrégation pour la doctrine de la foi à propos de l’adhésion de la Fraternité Saint Pie X au Concile et au magistère de l’Église, a été appréciée favorablement par le porte-parole du Saint-Siège. Le père Lombardi a, en effet, considéré comme un signe encourageant le contenu de ce texte qui n’a pas, cependant, été rendu public. Il faudra que la Congrégation se réunisse et formule son propre jugement, pour qu’on puisse évaluer les progrès accomplis dans le dialogue. Il semble que des différences importantes, de nature positive, soient perceptibles par rapport à la position antérieure qui était décevante. La reconnaissance pleine et entière de l’autorité du magistère constitue la pierre d’achoppement d’un rapprochement que Benoît XVI a tout fait pour favoriser.
La Fraternité demande quelques précisions sur les termes employés dans le document qui avait été proposé à sa signature. La question est de savoir si ces dernières sont susceptibles d’apporter la pleine clarification qui permettrait une réconciliation sans équivoques. On observe par ailleurs une certaine prudence de la part de porte-parole comme l’abbé Lorans, comme s’il s’agissait pour eux de prévenir les objections de ceux qui craignent un alignement doctrinal et donc une abdication par rapport au combat mené jusqu’alors. Les préventions sont fortes chez certains prêtres très écoutés par le public traditionaliste. Certaines prédications à Saint Nicolas sont significatives d’un raidissement contre la volonté de Mgr. Fellay de parvenir désormais au but.
En tout état de cause, même si les conversations aboutissaient à une solution de réintégration, il ne fait pas de doute qu’une réelle tension doctrinale subsisterait. Le problème est de savoir si celle-ci pourrait se déployer dans un espace légitime, celui où des dubia peuvent être émis, notamment sur les terrains nouveaux explorés par l’Église depuis Vatican II. C’est le sentiment de Benoît XVI : l’adhésion au Credo fonde l’appartenance à l’Église et il peut y avoir de légitimes interrogations sur des orientations de type œcuménique ou sur le dialogue inter-religieux. Entre ceux qui font confiance au pape et ceux qui ont peur d’un compromis de dupes, la ligne de conduite de la Fraternité est forcément périlleuse.
