Le Socrate de Paul Johnson - France Catholique
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Funérailles catholiques : un temps de conversion
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Le Socrate de Paul Johnson

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Dans la préface de Par delà bien et mal, Nietzsche s’interroge : le « malfaisant » Socrate n’aurait-il pas « mérité la ciguë », n’aurait-il pas « corrompu la plus belle production de l’Antiquité, Platon » ?

Le perspicace nouveau livre de Paul Johnson, Socrate, est consacré à la thèse opposée. Dans la mesure où Platon a reconnu et relaté la sagesse de Socrate, il (Platon) a bien fait. Mais quand il a appelé « socratique » sa propre philosophie, il a trahi son maître.

Nietzsche et Johnson tombent cependant d’accord que le « dogmatisme » de Platon est mal placé. Ce « dogmatisme » est l’affirmation de Platon que la vérité n’existe pas. Proposition que Nietzsche qualifie « d’erreur ». Socrate savait seulement qu’il ne savait rien, et pensait que cette ignorance lui permettait de montrer aux autres qu’ils ne savaient pas ce qu »ils croyaient savoir.

Dans ce court livre facile à lire, Paul Jonhson éclaire un sujet sur lequel il écrit si bien, le sens profond de Socrate. Johnson traitant de Socrate, sait qu’il touche aux fondements de notre civilisation. C’est la proposition de base : il n’est jamais juste de faire mal.

Le Socrate de Johnson est un homme du peuple, un homme qui aime Athènes, sa cité, son épouse Xantippe et ses nombreux amis. Il pensait que les gens étaient fondamentalement bons, et, que s’ils n’agissaient pas en ce sens, c’était faute d’éducation. Johnson ne trouve pratiquement qu’un tort à Socrate, sa défaillance à traiter de l’esclavage. Encore se demande-t-il si un dialogue sur ce sujet ne se serait pas perdu. Socrate ne voyait guère de différences entre les hommes et les femmes, excepté au niveau de la force physique. Il n’était pas homosexuel et a précisé que se livrer aux pratiques homosexuelles n’est pas une bonne chose pour l’homme.

Socrate menait une vie sobre et disciplinée, mais pleine de discussion, de bonne volonté, et par cela même de risque. Notre première tâche, pensait-il, est de vivre vertueusement. Il était impliqué dans plusieurs des événements majeurs de son époque, incluant son service dans la guerre du Péloponnèse. Il a rencontré et débattu avec la plupart des principaux orateurs, politiciens, artisans et penseurs de son époque, aussi bien qu’avec leurs rejetons anxieux.

A côté de Xantippe, seules deux femmes apparaissent dans la vie de Socrate : Diotima et Aspasia. Mais Johnson trouve que leur influence sur Socrate est d’un ordre supérieur. Diotima lui a enseigné ce qu’est l’amour, Aspasia ce qu’est la politique. Toutes deux étaient cultivées, probablement charmantes, mais les relations de Socrate avec elles ne semblent pas avoir été de nature érotique. D’aucuns pensent que Socrate a eu une première épouse avant Xantippe. Il a épousé la seconde à un âge avancé. Elle lui a donné trois fils.

Socrate tenait l’âme pour immortelle. Il est mort après avoir été condamné par un tribunal athénien dûment constitué. l’accusation était double : ne pas croire aux dieux de la cité et corrompre la jeunesse. Johnson explique très bien comment ces deux accusations infondées ont pu sembler plausibles dans le contexte politique de la cité à cette époque, et ce que Socrate avait à l’esprit dans sa compréhension des dieux et son enseignement à la jeunesse.

J’ai aimé ce livre, mais j’aurais été plus enthousiaste si Johnson n’avait pas dévié de son parcours pour séparer Socrate et Platon. Ce qui appartient à Socrate et ce qui appartient à Platon a été sujet à controverse dans les lectures universitaires des Dialogues dès leur écriture.

Johnson soutient que Socrate ouvre la voie à l’enseignement de Saint Paul sur le Christ. Nulle similitude entre les morts de Socrate et du Christ n’est notée. Jean-Paul II et Benoït XIV, avec des distinctions propres, indiquent tous deux cette troublante parenté. Johnson ne fait pas mention de la description de Glaucon dans le deuxième livre de La république, ou de ce qui arriverait si un homme de bien apparaissait dans une cité quelconque.

Johnson observe que Platon voulait être poète. Il en était réellement un. La République apporte la séduction nécessaire pour contrer les faits et gestes des dieux d’Homère. Il est préférable de considérer Platon, non comme subvertissant la philosophie de Socrate, mais comme lui apportant une structure intellectuelle complétant sa cohésion. Johnson remarque que Socrate s’intéresse aux gens, tandis que Platon, un aristocrate, s’intéresse aux idées, comme s’ils vivaient tous deux dans des mondes différents.

Les quatre mythes eschatologiques de Platon complètent le sens des propos de Socrate aux Athéniens. En outre, sans un jugement final, aucune vie humaine n’est complète. Platon se préoccupait à juste titre de savoir si le monde était créé dans l’iniquité. Ce serait le cas si, à la fin, les injustes étaient glorifiés et les justes punis, comme c’est souvent le cas dans ce monde.

Le « malfaisant Socrate » n’a pas corrompu la « plus merveilleuse réalisation de l’Antiquité ». Plus exactement, Platon, par sa formulation, a rendu possible d’expliquer à la fois l’immortalité de l’âme et sa perpétuation jusqu’à sa restauration lors de la résurrection, rejoignant les préoccupations des gens auxquels s’adressait Socrate.

Nulle part dans le monde antique foi et raison ne se sont trouvées si proches que dans le parachèvement par Platon des conversations de Socrate. Platon était le fidèle disciple de Socrate. Tous deux montrent plus loin qu’eux-mêmes.


James V. Shall, S. J., enseignant à l’université de Georgetown, est l’un des auteurs catholiques américains les plus prolifiques. Son dernier livre s’intitule The Mind That Is Catholic.

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Source : http://www.thecatholicthing.org/columns/2012/paul-johnsons-socrates.html

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note (résumée) de l’éditeur, Robert Royal : Merci à tous les donateurs qui ont généreusement répondu à l’appel de fonds printanier lancé depuis hier.

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