Richard Descoings : Mystère d'une vie - France Catholique
Edit Template
La justice de Dieu
Edit Template

Richard Descoings : Mystère d’une vie

Après les hommages, une polémique sur la personnalité du directeur de Sciences Po, brutalement disparu, est née d’intellectuels revendiquant leur homosexualité.
Copier le lien

Stupeur à l’annonce de la mort du directeur de l’Institut d’études politiques (IEP) de Paris dont le corps a été retrouvé sans vie dans une chambre d’hôtel de New York, le mardi 3 avril. Âgé de 53 ans, Richard Descoings devait représenter la France lors d’une rencontre d’universitaires. Les circonstances de sa mort ne sont pas encore élucidées.

Même si la France s’essaie à la retenue, l’affaire Strauss-Kahn est dans tous les esprits et les Américains ne se privent pas de faire le parallèle. Les rumeurs vont bon train sur la vie privée de ce surdoué, surnommé Richie (pour « riches-idées ») dans les locaux de la rue Saint-Guillaume. L’Hexagone réagit sur le mode de l’hommage pudique. Richard Descoings est présenté comme un directeur « charismatique », « adulé » par ses élèves. En seize ans de mandat, il aurait « dépoussiéré » Sciences Po.
Auteur d’un rapport sur la réforme des lycées pour l’actuel gouvernement, cet énarque passé par le Conseil d’État avait également été sollicité par des proches de François Hollande pour tra­vail­ler sur la lutte contre les discriminations. Sa renommée date de la création à Sciences Po d’une filière réservée aux lycéens des zones d’éducation prioritaires. Cette « discrimination positive », dont il a levé le tabou, vise à renforcer la promotion d’étudiants issus de milieux défavorisés. Dans le même temps, l’école s’internationalise : 40% de ses quelque 10 000 élèves sont de nationalité étrangère. L’IEP s’est également décentralisé dans six campus de province… Contrepartie de ces évolutions, l’école qui avait été presque gratuite devient coûteuse, jusqu’à 13 500 euros pour une année de master. Un quart des étudiants sont boursiers.

Ces derniers temps, Ri­chard Descoings avait tou­tefois perdu une part de son aura. La polémique sur ses émoluments (24 000 euros par mois + des primes) a sapé son image de bienfaiteur des défavorisés, et peut-être son moral. En décembre 2011 un faux tweet émanant du compte piraté de Richard Descoings avait annoncé sa démission, vite démentie. Il s’était défendu en estimant que le scandale était plutôt à rechercher dans la faiblesse de la rémunération des présidents d’universités. Mais, peu avant sa mort, une cinquantaine d’étudiants de l’IEP avaient encore manifesté contre le train de vie de leur directeur.

Sur le fond, deux nouvelles réformes ont fait grincer des dents : l’irruption à l’IEP des « études de genre », obligatoires en première année depuis la rentrée 2011, et la suppression annoncée de l’épreuve de culture générale au concours d’entrée, matière présentée comme trop élitiste.
Alors que les tabloïds américains insinuent que ses ordinateur et téléphone portables — qui ont été jetés par la fenêtre de sa chambre d’hôtel — auraient pu servir à « commander » les prestations de prostitués masculins, c’est au sein du milieu « gay » qu’a éclaté, en France, une polémique sur la vie privée de cette personnalité dont on avait, tour à tour, révélé l’homosexualité et… le mariage, en 2004, avec une directrice adjointe de l’IEP. Mariage que certains ont vite taxé de « blanc ». Chacun aura d’ailleurs noté sur le faire-part officiel de décès, à côté du nom de son épouse, celui de son « meilleur ami », Guillaume Pepy, président de la SNCF. C’est ce « flou » qui irrite l’activiste homosexuel Patrick Thèvenin, auteur du Petit Livre Rose (Nova éditions). Dans une tribune pour le site Rue 89, il stigmatise un homme qu’il accuse d’avoir révélé aux puissants son homosexualité, et de l’avoir cachée au peuple, pour préserver sa chance… de carrière ministérielle ! Jusqu’à se marier avec une collaboratrice. Réponse outrée, sur le même site, d’Arthur Dreyfus, qui se présente lui aussi comme « gay » : « Si j’éprouve un mépris sans limite pour les homophobes secrètement homosexuels, le patron de Sciences Po n’a, que je sache, jamais tenu le moindre propos douteux à ce sujet, et n’a que modérément caché ses tendances. » Et Arthur Dreyfus, lui-même ancien élève de Sciences Po de défendre sa conception du mariage : « N’a-t-on pas le droit de se marier pour d’autres raisons que de coucher ensemble chaque ­soir ? Et si l’amitié, la présence, le dialogue, ou même un avantage fiscal, présidait au choix (légal) d’une union entre deux personnes, quelle délirante arrogance nous permettrait de juger ce choix ? »

L’on découvre au pas­sage que, pour un mariage républicain désexualisé, s’ouvrent d’étranges perspectives.

— –

http://tempsreel.nouvelobs.com/l-enquete-de-l-obs/20130301.OBS0542/richard-descoings-le-fantome-de-sciences-po.html

http://www.lepoint.fr/actualites-politique/2006-03-09/le-hussard-de-sciences-po/917/0/115267