Dernière ligne droite - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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Dernière ligne droite

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Donc, plus que huit jours ! Huit jours avant le premier tour des présidentielles. Et jamais peut-être, en dépit de la menace d’un taux d’abstention supérieur, la mobilisation militante n’a été aussi spectaculaire. Nous l’avons vu hier avec les deux grands rassemblements de la Concorde et de Vincennes. C’est Jean-Luc Mélenchon qui a donné l’exemple à la Bastille, à Toulouse et à Marseille. Chacun entend incarner un élan populaire significatif des profondeurs du pays, et rien n’est plus naturel dès lors qu’il s’agit de rassembler le maximum de suffrages. Les périodes électorales sont ainsi faites qu’elles associent ce genre d’enthousiasme où le sentiment prédomine aux discussions les plus pointues qui concernent les questions les plus difficiles pour l’avenir du pays.

Certains font part de leur perplexité à propos de ces dernières. Il ne sont pas sûrs que les défis les plus redoutables aient été envisagés avec la sagacité qui conviendrait. On va même jusqu’à reprocher aux concurrents de bercer les électeurs avec de bonnes paroles, en éludant soigneusement les analyses économiques sur la situation réelle du pays au milieu des déséquilibres mondiaux. La vérité aux impitoyables rigueurs n’apparaitrait qu’au lendemain des élections, lorsque le président et ses collaborateurs prendront les décisions qui s’imposent et risquent d’être cruelles après la parenthèse un peu euphorique des meetings et des rassemblements.

Mais n’est-ce pas la loi du genre ? Churchill pouvait promettre du sang et des larmes au peuple britannique dans la période tragique où Hitler avait gagné les premières batailles de la guerre. Il ne s’agissait pas alors de gagner des élections. Il fallait gouverner en mobilisant tout un pays, sans d’ailleurs aucune considération de parti et de clientèle. Les hommes qui sont aujourd’hui en compétition sont bien conscients que la conquête du pouvoir suprême leur impose de se placer au-delà des clivages partisans, même s’il leur faut des partisans pour gagner. C’était sensible aussi bien dans les propos de Nicolas Sarkozy à la Concorde que dans ceux de François Hollande à Vincennes. Au-delà de la campagne, il y a la perspective immédiate d’une tâche écrasante à assumer. D’ores et déjà, le futur président est appelé à se dépasser lui-même, en dépassant les opinions partisanes. Du moins je l’espère. Ceci étant dit, j’aurai beaucoup à dire sur les grandes questions de société et ma radicale insatisfaction de la façon dont elles sont abordées.

Chronique lue sur Radio Notre-Dame le 16 avril 2012.