L’expérience a beau se renouveler tous les ans, elle ne devient jamais une habitude. J’ai envie de dire que la Semaine sainte et Pâques, c’est à chaque fois la nouveauté absolue. Tout d’abord, parce que c’est la vision totale, vertigineuse, de l’achèvement de la Révélation, de l’avènement du Salut. Nous nous remémorons de la façon la plus concrète les évènements, depuis l’entrée triomphale à Jerusalem, l’arrestation, le procès, la parution devant Pilate, la crucifixion, pour terminer par l’aube lumineuse du matin de Pâques. Tout nous a été rapporté minutieusement par les évangiles, afin que nous revivions chaque jour l’accomplissement de ce que Balthasar appelait « la dramatique divine ». Les récits sont d’une vérité telle qu’ils nous habitent littéralement, ainsi que nous habitent les scènes les plus marquantes et les plus pathétiques de notre propre existence. Et en même temps elles sont en relation totale, parce que c’est la vie de Jésus qui seul donne un sens à ce qu’on appelle nos destinées.
Tout est concret et tout est vertigineux à la fois, parce que c’est Dieu qui a voulu entrer dans notre histoire, selon la logique de l’Alliance du Premier Testament qui aboutit dans le Second à ce prodige de l’Incarnation. Je ne développerai pas plus ici les profondeurs théologiques qui nous ont été ouvertes durant cette semaine, en préférant conclure sur la joie toujours contagieuse qui conduit des hommes et des femmes de tous âges et de toutes conditions à accéder au baptême dans la nuit de Pâques. S’il fallait un signe de la puissance de persuasion et de transformation qui est celle du message vivant de Jésus, il est bien là ! Dans ma propre paroisse, j’en ai été témoin avec quatre baptêmes. Deux jeunes filles ont reçu, rayonnantes, l’eau et l’action sacramentelle, accompagnées par une maman et son petit garçon. C’était magnifique, d’autant que c’était la conclusion de très belles histoires. C’est en voulant initier son enfant à la foi, que cette maman avait été conduite à choisir pour elle-même le baptême, en même temps que son fils. Quelle parabole significative !