« Platonov mais… » 1 est l’œuvre d’un jeune metteur en scène qui a déjà plusieurs réussites à son actif et qui bénéficie pour cette pièce d’une commentaire par le directeur du théâtre de l’Aquarium comme on en voit rarement. On comprend pourquoi…
La pièce s’achève. On n’a pas vu le temps passer. On compte, machinalement, le nombre de comédiens qui saluent. Surprise. On recompte. Ils ne sont bien que sept alors qu’on avait l’impression qu’ils étaient une douzaine, tant chacun avait de présence sur le plateau ! « Platonov mais… » est le genre de pièce dont on se méfie à priori, « encore des fantasmes de metteur en scène sous couvert d’adaptation et de réécriture », se dit-on. Et on a trois fois tort ! De la réécriture, certes, il y en a, des répliques qui sont chantées-mimées à la contraction du face à face de Platonov avec les trois femmes qui l’aiment en une seule et même scène. Des coupes claires aussi, d’ailleurs, à commencer par le fait que n’est présente sur scène que la génération des enfants, les parents se retrouvant portraiturés, encadrés et accrochés au mur.
Il n’empêche : l’esprit de Tchekov est totalement présent ! On retrouve l’atmosphère de fin de règne et d’oisiveté qui caractérise tant de ses œuvres, la description clinique de personnages englués dans leurs contradictions et sans volonté réelle de s’en sortir.
Le choix de mise en scène qui consiste à faire parfois chanter – sur fond de guitare électrique, clavier et batterie – des dialogues tandis que les comédiens les miment a pour résultat d’entretenir un rythme soutenu. Le style du texte est direct, le jeu en parfaite adéquation avec cette donnée, les personnages tous parfaitement incarnés. Et cette pièce est excellente tant pour actualiser le contexte décrit par l’auteur – ne vivons pas, nous aussi, une période de transition ? – que pour faire connaître Tchekov aux plus jeunes. Attention, le délai des représentations est court…
- « Platonov mais… », d’après « Platonov » de Tchekov. Adaptation, conception et mise en scène d’Alexis Armengol. Avec Stéphane Gasc, Céline Langlois ou Valérie Moinet, Alexandre le Nours, Édith Mérieau, Christophe Rodomisto, Laurent Seron-Keller, Camille Trophème. Et plus particulièrement aux instruments de musique et à la voix : Stéphane Bayoux, Christophe Rodomisto, Camille Trophème.
Du 23 mars au 15 avril du mardi au samedi à 20 h 30, dimanche à 16 heures au théâtre de l’Aquarium, Cartoucherie, tél. : 01 43 74 99 61.