Le gang "Bio-éthique": comment tenter de passer les bornes - France Catholique
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Le gang « Bio-éthique »: comment tenter de passer les bornes

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Feu notre ami Henry Hyde, à la fois aimable et compétent, voulait bien nous suivre par amitié, mais ne saisissait pas l’avantage que nous tirerions en promulguant une loi aussi modeste: une loi protégeant l’enfant survivant à un avortement. Il s’agissait de la loi qu’on appellerait « Acte de protection des enfants nés survivants » (2002) [NDT: la pratique de l’avortement tardif aux États-Unis consiste à tuer l’enfant à naître puis à l’extraire, évitant ainsi hypocritement l’acte infanticide. Il y a des survivants!]. Henry et d’autres « pro-vie » furent étonnés à l’ouverture des débats quand la Ligue pour le droit à l’avortement vint exprimer son opposition à la protection de l’enfant survivant à un avortement tardif.

Pour dire la triste vérité, l’opposition comprenait mieux que nombre de nos amis la portée de notre proposition de loi, nos adversaires en saisissaient le principe sous-jacent. Ils comprenaient que s’ils nous cédaient sur cette simple limitation, nous pourrions soulever le genre de questions sapant leurs positions: Quelle différence y avait-il entre cet enfant et ce qu’il était cinq minutes avant — cinq heures avant, cinq semaines, cinq mois avant sa naissance?

Le grand obstacle pour les partisans de l’avortement était leur incapacité à expliquer pourquoi ils pourraient apporter leur soutien à une telle loi. Car aucun des arguments en faveur de l’avortement ne pourrait être débattu ni nié devant un fait incontestable: un enfant était né.

Suivant un conseil de modération, les féministes radicales se réfugièrent dans une opposition verbale et ne mirent pas les Démocrates dans la position embarrassante de voter contre cette loi destinée à protéger un enfant né et vivant. Mais à nouveau la question est posée, est-il ou non gênant pour le parti de la Gauche de soutenir ouvertement la mise à mort d’enfants nés vivants.

Apparemment, la rédaction d’un périodique papier + net d’une certaine réputation, le « Journal of Medical Ethics » (Revue d’éthique médicale) a trouvé que c’était un argument tout-à-fait défendable à exprimer publiquement par deux professeurs. Alberto Giubilini, de l’Université de Milan, et Francesca Minerva, de l’Université de Melbourne ont brandi leur étendard dans un article intitulé « Avortement post-natal, pour quelle raison laisser vivre le bébé ? »

Pour quel motif bizarre la controverse jaillirait-elle à propos de cet article, puisque l’argumentation était directement issue de la logique familière en faveur de l’avortement: si un enfant dans le sein de sa mère est atteint de trisomie 21 ou autre « anomalie », condition « justifiant un avortement », où est la différence avec un enfant qui vient de naître? Cet enfant n’aura pas plus une « vie digne d’être vécue ».

Par ailleurs, l’enfant pourrait porter atteinte à la santé — la santé mentale — des parents, pour qui c’est une charge trop lourde à supporter en famille. Et comme le reconnaissent aussitôt les auteurs, le même raisonnement concerne les bébés en parfaite santé s’ils risquent de menacer la santé mentale de la mère.

Eh bien, pourquoi ne pas mettre, par l’adoption, le bébé entre les mains de personnes ardemment désireuses de prendre soin d’un tel enfant? Réponse: il est plus facile à une femme de tuer un embryon ou un survivant de l’avortement que de se priver de ce qui est son bien propre. En d’autres termes, le droit d’avorter est un droit à « avortement effectif » ou à la mise à mort d’un enfant. Voilà la limite que l’Acte de protection des enfants nés survivants veut rendre infranchissable.

Mais avec la perspective de l’Obamacare l’horizon s’élargit: Le critère de choix si l’enfant à venir est une « charge insurmontable » peut ne plus appartenir qu’à la mère. Cette décision peut être prise par l’autorité de la société en tant que telle quand l’État apporte une aide financière pour [la naissance et les soins à l’enfant]. L’État restreignant les crédits médicaux peut décider de ne pas allouer d’aide post-natale pour certains enfants, même si les parents désirent cet enfant. Mais pourquoi appeler ces mises à mort « avortement post-natal ». Pourquoi pas homicides? Les auteurs répliquent qu’on ne tue pas de vraies personnes, pas conscientes de leur avenir, sans projets propres. Les jeunes enfants non plus, d’ailleurs, et si le critère est « avoir un but conscient dans la vie », bien des jeunes en Fac. relèveraient de « l’avortement post-natal ».

Peut-être la preuve que le sens moral n’a pas entièrement disparu, cet article a soulevé une tempête de protestations, et même suscité des menaces de mort contre les auteurs. La rédaction a considéré que ces menaces étaient excessives, pourquoi donc?: Parce que la mort planerait sur la tête d’humains innocents? Parce que quelqu’un a vraiment menacé, dans deux cas, de faire ce que les auteurs veulent autoriser et justifier pour un nombre immense d’êtres innocents ?

L’homme qui déposa au Sénat le projet d’ Acte de protection des enfants nés survivants était Rick Santorum. Par stratégie, il n’a pas beaucoup parlé de cet Acte au cours de sa campagne présidentielle. L’accent a été mis sur l’Obamacare, en tant que politique bouleversant nos existences — et renforçant la main-mise du parti de l’avortement. Si Santorum est désigné candidat du parti Républicain, il sera le concurrent du seul Démocrate du pays à s’être opposé à l’Acte de protection des enfants nés survivants. Et si la réaction du public au cours des deux dernières semaines est un test, c’est qu’il y a une nécessité publique à satisfaire — et un avantage politique à prendre — en développant à nouveau l’argumentation.

Photo : Le député Henry Hyde (1924 – 2007)
(député Républicain de l’Illinois)

Source : http://www.thecatholicthing.org/columns/2012/the-bioethics-gang-testing-the-limits-again.html