Un président qui incarne l'unité - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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Un président qui incarne l’unité

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Ainsi nos voisins allemands vont avoir eux aussi un nouveau Président de la République. Passons sur les péripéties qui ont amené la démission du titulaire du poste Christian Wulff, pour nous intéresser un instant à son successeur, Joachim Gauck, que La Croix définit d’abord comme « un homme de cœur ». Il est déjà significatif que l’intéressé fasse l’objet d’un consensus national. La chancelière Angela Merkel s’est finalement ralliée, malgré ses réticences, à cause justement de cette unanimité morale à laquelle participent aussi son opposition, les médias et l’opinion en général. L’homme est emblématique de l’odyssée d’un pays qui est sorti, après quelles horreurs, quelles épreuves, de l’étau des totalitarismes. Né pendant la guerre, Joachim Gauck vit son père déporté dans un camp de concentration soviétique, alors qu’il avait onze ans. Citoyen de la RDA, l’autre Allemagne qui était sous le joug communiste, il aura donc vécu cinquante ans durant sous la férule des régimes les plus brutaux. Devenu pasteur luthérien, il sera à Rostock une des figures de proue de la révolte qui précédera la chute du mur de Berlin. On conçoit donc qu’il est pour l’Allemagne d’aujourd’hui un véritable symbole, en qui tout un peuple peut se reconnaître.

Si l’on compare cette élection, qui sera rapide et sans problèmes, aux affrontements qui caractérisent notre compétition présidentielle à nous, on mesure la distance. Mais le Président allemand et le Président français n’ont ni le même rôle, ni les mêmes pouvoirs. Vincent Auriol et René Coty, qui résidèrent à l’Élysée sous la Quatrième République, s’apparenteraient plutôt au style de la présidence allemande. À Berlin, c’est la chancelière qui gouverne, le président à d’abord une mission de représentation de l’unité nationale. À Paris, Nicolas Sarkozy a infléchi l’équilibre institutionnel du côté d’un présidentialisme à l’américaine. D’où l’effacement du premier ministre. Dans cette configuration, il est beaucoup plus difficile d’assumer l’indépendance au-dessus des partis que le général de Gaulle voulait pourtant fermement établir. Je ne veux plaider ici ni pour un système ni pour un autre. Je constate tout de même que Nicolas Sarkozy et François Hollande, dans leur duel impitoyable, auront du mal à incarner l’unité morale qu’assumera en Allemagne le président Joachim Gauck.

Chronique lue sur Radio Notre-Dame le 22 février 2012.